Tyler Brossard est jeune, mais il est déjà une sorte de pionnier, à sa façon. À 18 ans seulement, il est l’un des rares Canadiens à avoir obtenu une bourse d’études universitaires complète pour aller pratiquer son sport au sud de la frontière. Son sport étant le volleyball de plage, ce fait d’armes est d’autant plus rarissime.

C’est un peu après la plus récente période des Fêtes que l’athlète de Saint-Basile-le-Grand a enfin reçu la réponse qu’il espérait de la part de l’Université Westcliff, située dans le sud de la Californie.

Dix-huit mois auparavant, il était entré en contact pour la première fois avec les responsables du programme. Brossard ne voulait pas rater sa chance. Le volleyball de plage n’ayant pas une popularité à tout casser, il y a très peu d’élus pour le nombre d’appelés chez les jeunes étudiants qui rêvent de percer dans ce domaine. La discipline est davantage développée du côté féminin, dans la National Collegiate Athletic Association (NCAA), notamment.

Chez les hommes, la National Association of Intercollegiate Athletics (NAIA), qui est une ligue semblable à la NCAA, a commencé à offrir des programmes de volleyball de plage masculin il y a très peu de temps. Six universités font partie du circuit jusqu’à maintenant.

Ainsi, au début du processus de sélection, le Québécois a écrit à chacune des écoles pour tenter de comprendre leur vision et leur philosophie, mais surtout pour se faire remarquer par les entraîneurs. Parmi elles, une université en Floride, une en Virginie et trois en Californie l’intéressaient vraiment. En fin de compte, il a décidé de se concentrer sur l’entraîneur qui l’intéressait le plus. Il a donc tout misé sur Westcliff.

Au départ, l’université était prête à lui offrir une bourse d’études qui allait couvrir 70 % de ses frais d’étudiant-athlète. Finalement, il a réussi à obtenir une bourse complète. « Je l’ai vraiment achalé pendant un an et demi et je pense que j’ai réussi, puisque je suis un gars qui veut vraiment », raconte Brossard.

Il fera ses premiers pas sur le campus en tant que nouvel étudiant en janvier 2023.

L’exil floridien

Tyler Brossard est arrivé dans le monde du sport par la porte empruntée par beaucoup de gamins, celle du hockey. Toutefois, lorsqu’il a senti que ça devenait trop sérieux et que sa motivation principale, le plaisir, était altérée, il s’est tourné vers le volleyball.

PHOTO FOURNIE PAR OLIVIER BROSSARD

Tyler Brossard

Cet intérêt pour cette discipline a émané dès l’enfance, lorsqu’il voyait son père jouer avec des amis dans la cour arrière. C’est au primaire qu’il s’est initié au minivolleyball, parce que l’accès au volleyball de plage est restreint au Québec. Il a poursuivi son cheminement au secondaire, en intégrant un programme sport-études de volleyball intérieur de la première à la troisième secondaire. C’est par la suite que, encouragé par sa famille, il est déménagé seul en Floride, dans la région de Port Sainte-Lucie, où il se trouve encore aujourd’hui. Il y est allé pour entrer dans une académie de volleyball de plage dans le but de se perfectionner. Il parle d’un « véritable rêve ». C’est ce qui a marqué le début de sa carrière sur le sable.

L’été suivant, ses parents et sa sœur sont allés le rejoindre dans le Sunshine State.

Depuis ce temps, Brossard est l’un des plus beaux espoirs au pays. Il fait notamment partie de l’Équipe Québec et a remporté diverses compétitions d’envergure, dont le championnat espoir U17 avec son coéquipier et ami Noah Rochefort.

Changer les mentalités

En dépit de son talent indéniable, Tyler Brossard a été poussé, d’une certaine manière, vers les États-Unis. Dans le monde du volley, Brossard est considéré comme un petit joueur, à 5 pi 11 po.

Selon lui, les entraîneurs et les dirigeants québécois et canadiens accordent beaucoup trop d’importance à la taille. En réalité, il est à l’avantage de l’un des deux joueurs d’être le plus grand possible. Celui qui s’occupe de défendre en fond de terrain peut être plus petit, pourvu qu’il soit suffisamment agile et explosif pour bien protéger son territoire.

Le meilleur exemple, et le plus flagrant, est probablement le duo composé de Sarah Pavan et de Melissa Humana-Paredes, la paire canadienne la plus prolifique des dernières années. Au filet, Pavan mesure 6 pi 5 po. À l’arrière, Humana-Paredes fait 5 pi 9 po. Ça n’a pas empêché le duo de remporter l’or aux Championnats du monde de 2019.

Au Canada, on accorde beaucoup d’importance à la taille, c’est presque le tiers des critères d’évaluation des équipes élites. Pour moi, ça n’avait pas de sens.

Tyler Brossard

Pour illustrer à quel point la mentalité est différente aux États-Unis, il a ajouté que lorsqu’il a contacté son futur entraîneur à Westcliff pour la première fois, jamais il ne lui a demandé quelle était sa taille.

« Je ne suis pas le plus talentueux, je ne suis pas le plus grand ni le plus fort, mais je veux vraiment me rendre au sommet et je veux prouver aux entraîneurs qui m’ont dit que j’étais trop petit que c’était possible. Je travaille fort pour y parvenir. »

Tyler Brossard rêve aux Jeux olympiques et il y croit fermement. Le jeune de 18 ans souhaite écrire une histoire différente de celle qui lui a été prédite. À sa manière, il espère pouvoir inspirer d’autres jeunes garçons à percer dans le volleyball de plage.