Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence.

Appel à tous

Selon vous, quelle ligue sportive a le meilleur format de séries éliminatoires et pourquoi ?

Écrivez-nous

Miguel Bujold

Le tournoi des éliminatoires dans la NFL, c’est 13 septièmes matchs en un mois. Il n’y a aucune place à l’erreur. Et on peut presque dire la même chose au sujet de la saison. Puisque les équipes ne disputent que 17 matchs et que seulement 14 des 32 formations se classent pour les éliminatoires, chaque partie est importante. Le sentiment d’urgence que l’on retrouve dès septembre et jusqu’au Super Bowl est d’ailleurs l’une des principales raisons qui rendent la NFL si intéressante à suivre.

Jean-François Téotonio

Les séries du Baseball majeur. Elles sont tendues, efficaces, et restreintes dans le temps. Ce qui lui donne un véritable élan tout du long. On parle d’un seul mois, du début à la fin : octobre. Inscrivez mon nom dans la liste de ceux qui regrettent le changement du format des séries à partir de cette saison. J’étais un amoureux du match unique pour départager les meilleurs deuxièmes. J’appréciais le fait que seulement 10 équipes participaient aux séries, malgré le calvaire d’une longue saison de 162 matchs. Maintenant, 12 équipes s’y qualifient. Il y aura des séries de trois matchs entre trois meilleurs deuxièmes et l’équipe championne de sa division avec la moins bonne fiche. Je n’ai pas de doute que le mois d’octobre restera magique dans le Baseball majeur. Mais le format précédent était parfait.

Simon-Olivier Lorange

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le Canadien a éliminé les Penguins de Pittsburgh en ronde de qualification des séries éliminatoires de la LNH en 2020.

J’ai bien aimé la ronde de qualification des séries éliminatoires de 2020 dans la LNH. En raison de la pandémie de COVID-19 qui avait écourté la saison avec une dizaine de matchs à disputer, la Ligue a haussé à 24 le nombre de clubs admis en séries, et les 16 formations les moins bien classées devaient s’entretuer dans un tour préliminaire de format trois de cinq. Le Canadien avait été invité à titre de dernière équipe qualifiée. Je crois que 24 équipes, c’est bien trop, mais l’idée d’une courte série crève-cœur m’a beaucoup plu. Dans un format très étrange, la Ligue américaine a tenu un tour préliminaire du genre cette saison, dans des deux de trois, et je pense que ça a beaucoup de sens. C’est cruel, mais tout le monde a sa chance. Et ça valorise le fait de terminer haut au classement au terme d’une longue saison difficile.

Alexandre Pratt

Les coupes nationales, au soccer. Comme la Coupe d’Angleterre ou la Coupe de France. Un méga-giga tournoi, dans lequel pratiquement tous les clubs de village ont une chance (théorique) d’affronter de grandes équipes, comme Liverpool ou Paris Saint-Germain, à condition de gagner d’abord une dizaine de matchs de suite. C’est arrivé en 2000, en France, lorsque le club amateur de Calais a battu deux équipes de première division, Bordeaux et Strasbourg, avant de perdre en grande finale face à Nantes. Vivement un tournoi de hockey semblable au Canada !

Nicholas Richard

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Les Sea Dogs de Saint John ont remporté la Coupe Memorial en 2011.

Oui, les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey sont probablement les plus justes, les plus difficiles et les plus enlevantes. Néanmoins, je demeure dans le monde du hockey, mais mon choix s’est arrêté sur le tournoi de la Coupe Memorial. D’abord, pour son format. L’idée de réunir les meilleures équipes de chaque section du Canada permet d’avoir un tournoi toujours très relevé et il permet aux amateurs de voir des joueurs prometteurs et des équipes talentueuses qu’on voit moins souvent, dans l’Ouest. Ensuite, le format est parfait. Un tournoi à la ronde, contrairement aux matchs sans lendemain, permet de récompenser l’équipe qui a été la plus performante dans la durée, et non pas un soir donné. L’équipe gagnante peut aussi se vanter d’être la meilleure parmi les meilleures. Puis, le fait qu’on laisse l’équipe de la ville hôte participer au tournoi amène un autre cachet, parce qu’avec les trois meilleures équipes au Canada, on ajoute une équipe qui n’avait peut-être pas sa place dans le tournoi, mais qui peut quand même créer une surprise. Pensez aux Cataractes de Shawinigan en 2012. Qui n’aime pas les équipes Cendrillon ? La Coupe Memorial ne dure qu’un temps, en plus d’être dans une bulle à part, et c’est franchement l’un des plus beaux modèles de séries qui existent.

Richard Labbé

Ce n’est pas le baseball, parce que ça peut finir à 6 h du matin. Le hockey de la LNH aussi a ce même problème, et ça fait au moins 20 ans que je milite pour des tirs de barrage au terme d’une seule période de prolongation, mais personne ne m’écoute. Le football de la NFL avait l’habitude de tout régler à grands coups de 25 cents, mais là, avec la nouvelle formule, est-ce que ce sera mieux ? Ça reste à voir. Ça me laisse avec le basketball de la NBA, qui a la meilleure formule en raison d’un avantage marqué sur tout le reste : il y a des paniers à un point, à deux points et à trois points, ce qui réduit considérablement le risque d’une marque égale. Ce qui est fabuleux, parce qu’une prolongation qui s’étire, ce n’est jamais très bon.

Jean-François Tremblay

Il existe plusieurs bons formats de compétition, mais aucun comme celui du judo aux Jeux olympiques. En fait, le plaisir commence vraiment lorsqu’un combattant perd un combat. Parce que son tournoi n’est pas terminé, oh que non. Il se lance plutôt dans une quête pour retourner parmi les médaillés. Comme s’il était dans Street Fighter 2, on lui oppose des adversaires toujours plus coriaces. Balrog, puis Vega, puis Sagat, toujours dans l’espoir d’aller gagner sa médaille inaccessible. Puis M. Bison l’attend à la toute fin de ce tournoi en parallèle du tournoi. Au bout du compte, il y a deux médaillés de bronze, personne ne sait vraiment pourquoi. Je pourrais certainement le googler, mais pourquoi gâcher le plaisir de suivre la mystérieuse quête du combattant battu.