À mon école secondaire, le tournoi de handball des finissants, c’était sérieux. Séance de repêchage à l’auditorium. Banderoles. Statistiques. Foules de 200 personnes. La totale.

Les grandes vedettes ?

Ni les marqueurs ni les passeurs. Mais les gardiens. Parce qu’il faut être un brin casse-cou, et deux brins masochiste, pour accepter de protéger un but de handball.

Des garnottes de 100 km/h décochées à trois mètres de votre visage. De votre torse. De votre ventre. De votre « bas du corps ». Débile. Le pire, c’est que les rares volontaires adorent ça. « Une balle dans la tête, ça me met dans le match ! », a déjà confié le meilleur gardien au monde, Thierry Omeyer.

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Pour être gardien au handball, il faut être un peu masochiste…

Pas surprenant que ce soit si difficile de trouver des gardiens de handball pour les équipes des écoles secondaires. Cela dit, ce n’est pas la seule position où il y a une pénurie de joueurs. Les autres sports font aussi face à des défis de recrutement.

Lesquels ?

Confidences d’entraîneurs.

Gardien au water-polo

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Gardienne au water-polo, un métier dangereux !

C’est comme être gardien au handball. Mais en pire. « D’abord, quand tu es jeune et pas trop habitué, tu gèles », explique Olivier Bertrand, directeur général de Water-Polo Québec.

Puis, à l’adolescence, d’autres types de problèmes apparaissent. « Tes chances de manger un ballon dans le front sont élevées. On voit plusieurs commotions cérébrales. Les gardiens ne font pas tous long feu. À l’âge adulte, c’est difficile d’en trouver. »

Une autre position difficile à combler : avant-centre. Un poste très technique. « C’est comme de la lutte gréco-romaine, mais dans l’eau. Ça ne plaît pas à tout le monde, mettons [rires] ! »

Défenseur au hockey

Vous avez bien lu. Surtout chez les enfants. Pour une raison bien simple : les jeunes préfèrent marquer des buts qu’en prévenir. C’est plus satisfaisant. Je vous rappelle cette chanson d’Émile Bilodeau, citée dans une chronique précédente :

« Quand j’bloque des shots, les belles filles dans les estrades trouvent ça hot/Pis pour me faire accroire, je m’en vais les voir pis je leur dis/ « Ouais, c’est moi le 83, le gars qui a bloqué les pucks, pis qui a mis 2 gars sur le cul » Y font : « Ouais, ouais c’était hot, mais nous autres on aimerait ça parler au gars de ton équipe qui a scoré les 2 buts… »

Un entraîneur de la Ligue de hockey d’excellence du Québec, qui compte 20 ans d’expérience, m’a raconté ceci : « Il y a 10 ans, on avait toujours deux ou trois défenseurs solides par équipe AAA. Aujourd’hui, c’est rendu qu’on a de la misère à en trouver un par région. »

Bloqueur au football

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Le bloqueur québécois Laurent Duvernay-Tardif, des Chiefs de Kansas City

« Tes seules statistiques, ce sont les sacs accordés et les verges gagnées… par tes coéquipiers », indique Pierre-Alexandre Grenier, professeur d’éducation physique et instructeur de la ligne offensive à l’école secondaire Armand-Corbeil. Présenté comme ça, en effet, ce n’est pas super sexy. « Et au secondaire, les gars veulent être les vedettes. Être ceux qui font les points. »

Les succès de Laurent Duvernay-Tardif dans la NFL sont en train de changer la perception des bloqueurs. Tant mieux. Sauf que le recrutement reste ardu.

« Pour motiver les joueurs de ligne, il faut créer une ambiance de groupe intéressante. On leur donne des petites choses de plus. Par exemple, on fabrique un t-shirt juste pour eux. Et si on fait un tournoi de flag football au sein du groupe, ce seront eux les capitaines qui choisiront les équipes. »

Centres au volleyball

« C’est une position où la taille est prédominante », explique André Gendron, entraîneur au cégep André-Laurendeau.

« Dans l’Ouest canadien, c’est rare de voir des centres de petite taille. Mais au Québec, des joueurs plus petits évoluent à cette position, à défaut d’en trouver de plus grands. C’est également une position un peu ingrate. Les centres n’obtiennent pas beaucoup de passes en attaque. Donc beaucoup de déplacements pour peu de reconnaissance au niveau statistique. »

Nageurs au 200 m, quatre nages

Drôle de cas. « Pas mal tous les jeunes sont obligés d’essayer le 200 mètres, quatre nages, car c’est un bon baromètre pour évaluer leur potentiel », explique l’ancienne nageuse olympique Audrey Lacroix.

Sauf qu’au niveau national, les volontaires se font rares. « C’est difficile de développer un athlète dans cette discipline-là. D’abord, il faut maîtriser les quatre styles de nage. Ensuite, ça se situe entre l’endurance et le sprint. Et le sprint, dans la vie, tu l’as ou tu ne l’as pas. Tu ne peux pas faire grand-chose pour le développer. »

Maintenant, imaginez le recrutement pour le 400 mètres, quatre nages. Audrey Lacroix rit. « Ouain. Ce n’est pas évident. C’est rare qu’on ait assez de participants dans une compétition pour remplir tous nos corridors pendant cette épreuve. »

Relayeurs au 4 x 400 m

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Des coureuses se préparent à prendre le relais aux Jeux olympiques d’Athènes.

Et mon préféré : le relais 4 x 400 mètres en athlétisme. Généralement la dernière épreuve d’une journée de compétition. « Rendu là, tout le monde est fatigué, brûlé », raconte Félix-Antoine Lapointe, entraîneur-chef des équipes du Québec.

Alors que font les coureurs ? Ils cherchent une excuse originale pour être exemptés. « Dans le milieu, c’est un gros running gag. Tout d’un coup, les petites blessures apparaissent. Untel a besoin d’aller aux toilettes. Un autre va se cacher dans le vestiaire. Ils sont introuvables [rires] ! »