Elles ont toutes deux participé aux Jeux olympiques avant de faire carrière comme conférencières et de s’impliquer dans différentes causes. Elles se présentent maintenant en politique, l’une avec le NPD, l’autre avec le Parti libéral. Et affronteront dans leur circonscription respective des adversaires d’expérience. Entretien avec deux sportives qui veulent maintenant redonner au suivant.

Peu après avoir décidé de se lancer en politique pour le Parti libéral, l’ex-hockeyeuse Nancy Drolet a appelé Guylaine Dumont pour lui annoncer la nouvelle. Quelques jours plus tard, c’était au tour de l’ex-volleyeuse d’annoncer à son tour qu’elle faisait le saut en politique pour le Nouveau Parti démocratique. Si les deux candidates, qui se connaissent bien, ont choisi des partis différents pour s’investir en politique, les grandes lignes de leurs parcours respectifs se ressemblent.

« Après nos carrières d’athlète, on a chevauché des projets semblables », reconnaît Nancy Drolet.

Après avoir participé aux Jeux olympiques (Guylaine Dumont en volleyball de plage en 2004 et Nancy Drolet en hockey sur glace féminin en 1998, où elle a remporté l’argent), les deux athlètes ont toutes deux mené une carrière de conférencière et se sont investies dans plusieurs organismes. Elles ont été formées comme ambassadrices de l’air pur par Al Gore et David Suzuki en 2007 et en 2008. Et elles ont toutes deux jugé cette année que le moment était venu de s’investir en politique.

Une enfance difficile

La vie de Guylaine Dumont a été forgée par une enfance difficile, marquée par la violence et la mort brutale de sa sœur. Des conditions qui l’ont amenée à se réfugier dans le sport.

Âgée d’à peine 17 ans, elle joue dans les ligues professionnelles européennes de volleyball. De 1989 à 2005, elle remporte neuf championnats canadiens en volleyball de plage et trois en volleyball. Elle termine cinquième aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004.

PHOTO FOURNIE PAR GUYLAINE DUMONT

Guylaine Dumont

À sa retraite du sport, elle s’implique socialement à fond. Que ce soit pour siéger à des conseils d’administration, des comités, Dumont dit oui à presque tout. Elle cofonde l’organisme Sport’Aide en 2014, un organisme qui promeut un environnement sportif sain et sûr pour les jeunes athlètes. Ayant elle-même connu un entraîneur abusif, la cause lui tient particulièrement à cœur. Cet été, elle a été analyste à la télévision pour les Jeux de Tokyo.

Mariée à l’entraîneur de patinage de vitesse longue piste Gregor Jelonek, Dumont a deux filles, de 20 ans et de 15 ans. Avec le nouvel anneau de glace couvert inauguré depuis peu à Québec, la candidate prévoit que son mari voyagera désormais un peu moins. Si bien que quand l’offre de se présenter dans la circonscription de Lévis–Lotbinière pour le NPD lui a été offerte, elle a accepté.

C’est la troisième fois que le NPD m’approchait. J’hésitais pour toutes sortes de raisons. J’avais le sentiment de ne pas me sentir assez compétente. Mais cette fois-ci, en ce moment dans ma vie, je sentais que c’était une manière pour moi de contribuer à un autre niveau.

Guylaine Dumont

Dans Lévis–Lotbinière, Dumont affronte notamment le député conservateur Jacques Gourde, en poste depuis 2006. Même si l’adversaire est de taille, Dumont explique qu’elle n’a jamais songé à tenter sa chance ailleurs. Celle qui habite à Saint-Antoine-de-Tilly depuis 20 ans et est native de Saint-Étienne-de-Lauzon se décrit comme « une petite fille de la Rive-Sud ». « Je suis une fille de la place. [...] Les gens, ce que j’entends, pas juste les jeunes, ils veulent du changement. Ils ont des valeurs qui résonnent avec les miennes », dit celle qui, comme son parti, est contre le projet de troisième lien.

Dumont croit que les deux ponts reliant la Rive-Sud à Québec doivent recevoir plus d’amour. Et qu’il faut surtout s’attaquer à la crise climatique, en adoptant une stratégie parfois utile en sport quand on affronte un adversaire coriace : « Il faut penser différemment. »

Des CHSLD à la politique

Mère d’un garçon de 18 ans, Nancy Drolet a elle aussi vu cette année le bon moment pour faire le saut en politique, mais du côté de la circonscription de Rosemont–La Petite-Patrie. Celle qui a participé à six championnats du monde de hockey de 1992 à 2004 a consacré son après-carrière de sportive à donner des conférences dans des écoles et des entreprises. Elle a aussi notamment eu une école de hockey à Drummondville, sa ville natale, pendant cinq ans et a participé aux préparatifs des Jeux olympiques de Vancouver en hockey féminin.

« Que ce soit les gens d’affaires, les jeunes, les personnes âgées : je les ai côtoyés toute ma vie. La réflexion s’était entamée : comment je pourrais avoir un impact réel sur l’ensemble des choses que j’ai touchées après ma carrière de sportive ? Je m’étais fait approcher à différents moments. Mais le timing dans ma vie n’était pas nécessairement là », explique la candidate.

PHOTO FOURNIE PAR LE PARTI LIBÉRAL DU CANADA

Nancy Drolet

Drolet affirme que la pandémie l’aura amenée à envisager une nouvelle carrière. Quand la COVID-19 a frappé, le désir d’aider de Nancy Drolet a été si fort qu’elle s’est inscrite au site Je contribue et est devenue aide de service en CHSLD. Nancy Drolet a travaillé dans un CHSLD de Montréal, puis de Repentigny, ville qu’elle habite. « J’ai fait des lits. J’ai donné à manger. J’ai aidé autant les infirmières que les préposés aux bénéficiaires. [...] J’ai vu que les besoins sont grands », dit celle qui est massothérapeute-orthothérapeute de formation et a eu sa première clinique à 18 ans.

J’ai ce besoin-là de servir depuis que je suis toute jeune. De 7 à 14 ans, j’étais à la boucherie familiale à Drummondville. Servir, pour moi, ça fait partie de qui je suis.

Nancy Drolet

Dans Rosemont–La Petite-Patrie, Nancy Drolet affronte entre autres le député sortant Alexandre Boulerice, lieutenant du NPD au Québec, qui est en poste depuis 2011. L’ex-hockeyeuse dit être très attachée à sa circonscription qui « lui ressemble ». Elle a joué beaucoup au hockey à l’aréna Étienne-Desmarteaux. Sa belle-famille y a longtemps habité. « C’est ma circonscription de cœur [...] Je veux donner un choix aux gens », dit Mme Drolet.

En faisant le saut en politique, Nancy Drolet espère notamment être en poste pour aider la population à se relever de la pandémie. « Je veux faire partie de cette solution-là. Je veux faire la différence »,
dit-elle.