(Montréal) Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, a annoncé mardi la création d’un mécanisme indépendant de réception des plaintes concernant les abus dans le sport.

« Il est essentiel que les victimes sentent qu’elles peuvent s’exprimer, attirer l’attention sur les comportements préjudiciables et demander au système qu’il soit redevable », a affirmé M. Guilbeault.

Son secrétaire parlementaire Adam van Koedeven, un ancien kayakiste olympique, a ajouté en conférence de presse virtuelle que le nouveau mécanisme « sécuritaire et indépendant » aura comme mandat de faire respecter le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport, dont la dernière version a été développée en 2019 par de nombreux acteurs de la communauté sportive.

Le Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC) a été choisi pour mettre en place cette ressource d’aide, pour laquelle il recevra un maximum de 2,1 millions au cours des années 2021 et 2022.

La directrice du CRDSC, Marie-Claude Asselin, a indiqué qu’au « nouveau bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport », « les victimes seront dirigées vers des ressources en santé mentale et auront accès à de l’aide juridique ».

« C’est un excellent pas dans la bonne direction », a déclaré l’ancienne skieuse olympique et survivante d’abus sexuel Allison Forsyth, lors de la conférence de presse. L’athlète a raconté n’avoir reçu aucun soutien lorsqu’elle a voulu dénoncer la situation qu’elle vivait : « Je n’avais nulle part où aller, je n’étais pas formée, je n’étais pas éduquée. […] Je suis allée parler directement à mon agresseur et les choses ont empiré, je me suis tournée vers mon institution et j’ai été réduite au silence ».

Elle a souligné l’importance d’avoir accès à une ressource indépendante, ajoutant que de nombreux athlètes n’oseraient pas « dénoncer un cas d’abus à la personne qui va décider s’ils pourront se rendre en compétition ».

Cette opinion est partagée par Sheldon Kennedy, ancien joueur de la Ligue nationale de hockey, lui aussi survivant d’abus sexuel de la part de son entraîneur. « C’est une question de déséquilibre de pouvoir », a-t-il affirmé, « ce sont des situations qui créent beaucoup de peur pour les victimes ».

L’annonce de mardi est pour lui « très importante » et marque un changement de culture au sein de la communauté sportive. Selon lui, « aujourd’hui, le langage que nous utilisons est différent » et « nous en savons plus sur les impacts à long terme chez les victimes » que lorsqu’il a dénoncé son agresseur, il y a de cela plus de deux décennies. Il a cependant ajouté que le problème est loin d’être réglé et que « pour que la culture change, il faut que tout le monde travaille de concert ».