(Tampa) Le visiteur de passage en coup de vent au centre-ville ne tombera pas amoureux de Tampa, avec ses larges avenues qui se prêtent un peu trop souvent à des courses de voitures, avec ses gratte-ciel et ses trop peu nombreux restaurants au milieu de tout ça.

Comme dans bien des villes, le plaisir est plutôt dans les quartiers périphériques.

Ce soir, c’est direction Ybor City, le quartier sud-américain, d’influence cubaine, de la ville, accessible du centre-ville par un tramway que l’on qualifiera de rustique.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Le tramway de Tampa

C’est le confrère Stephen Whyno, dont vous pouvez lire les papiers traduits de l’Associated Press dans nos pages, qui nous envoie ici : le Columbia Restaurant, une véritable institution de Tampa.

Vous trouvez qu’on exagère en parlant d’une institution ? Fouillez dans les archives du Sénat de la Floride (vous verrez, ça se fait bien par un samedi soir tranquille) et vous retrouvez la résolution 9013. Adoptée en 2005, elle reconnaît l’œuvre de la famille Gonzmart, propriétaire de l’endroit depuis ses tout débuts, en 1905. Un peu comme si l’Assemblée nationale avait adopté, l’an dernier, une résolution pour souligner les 40 ans de Chez Paulo et Suzanne.

Lisez le document (en anglais)

Simplement en arrivant aux abords du restaurant, on comprend l’unicité des lieux. Il a même sa boutique de souvenirs !

Une fois à l’intérieur, c’est à se demander si nous sommes au musée ou dans un restaurant, tant par la disposition des salles que parce qu’il y a littéralement des tableaux dans chaque pièce, ou presque.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Une bonne paella plus tard, Joseph, le serveur, nous offre le tour du propriétaire – on a établi qu’il n’est pas propriétaire, mais vous comprenez l’idée – et il nous fait ça avec le sens de l’exagération propre à tout guide de voyage qui se respecte. « Nous avons 13 pièces dans le restaurant, dit-il.

— Et la capacité ?

– 2800 personnes. »

Les différents sites d’information parlent plutôt de 1700 personnes, mais on ne l’obstine pas. Il est sympathique comme tout.

« Voici le salon rouge. C’est assez évident pourquoi nous l’appelons ainsi. À l’époque de la Prohibition, les gens venaient acheter de l’alcool ici. Vous connaissez Marilyn Monroe ? Vous savez, c’était sa salle à manger préférée. »

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Le salon rouge

On arrive devant un des celliers, celui qui ne contient que des vins d’Espagne. « Nous avons une des plus grandes collections de vins espagnols de Tampa », dit-il fièrement. Un peu niché, mais s’il le dit… À sa défense, le cellier est effectivement impressionnant pour le profane qui tient généralement deux bouteilles à la maison dans le bas du garde-manger.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Le cellier qui ne contient que des vins espagnols. Les vins californiens, chiliens et argentins sont ailleurs.

On arrive à la salle Don Quichotte. « La première salle à manger climatisée de la Floride, affirme-t-il, c’était il y a 75 ans. Avant cela, c’était infernal ! » Après Don Quichotte, la salle Sancho, parce qu’ils ont de la suite dans les idées.

Joseph nous précise ensuite qu’il s’agit du plus vieux restaurant de Floride, et du plus grand restaurant espagnol au monde. Pas le choix de le croire là-dessus ; c’est ce que dit la résolution 9013 !

On finit la visite, non sans passer par les cuisines, qui nous rappellent celles d’une polyvalente.

Joseph offre de nous montrer le chemin jusqu’à notre table. Heureusement, car au moment où vous lirez ces lignes, on serait probablement encore en train de chercher le chemin du retour.