Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence.

Mathias Brunet

Jacques Demers a toujours été reconnu pour sa bonhomie. Mais ne poussez pas des personnes trop gentilles à bout. L’ancien coach du Canadien, des Red Wings de Detroit, des Blues de St. Louis et des Nordiques de Québec a explosé de façon mémorable à quelques occasions au cours de sa carrière. En 1993, il a balancé l’équipement de l’attaquant Paul DiPietro dans le bain-tourbillon du CH après que celui-ci se fut plaint de son temps d’utilisation. Les joueurs se rappellent encore l’anecdote en riant. Le dernier entraîneur gagnant de la Coupe Stanley à Montréal a aussi déjà lancé ses lunettes sur la glace en direction d’un arbitre à la suite d’un match houleux. Mais sa crise la plus mémorable demeure son altercation avec son vis-à-vis Herb Brooks derrière le banc des joueurs, en 1988. Brooks, un brin condescendant, avait traité Demers de livreur de pintes de lait (notre coach de carrière avait en fait travaillé sur des camions de livraison de boissons gazeuses avant de se lancer dans le monde du hockey). Notre homme a perdu la carte et tenté d’escalader la baie vitrée qui séparait les deux bancs des joueurs des Red Wings et des North Stars du Minnesota. Les joueurs des deux équipes, qui en étaient venus au coup quelques instants auparavant sur la glace, ont cessé de se taper dessus pour se précipiter vers leurs bancs respectifs ! Merci pour l’authenticité et les souvenirs, Monsieur Demers !

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Frédérick Duchesneau

PHOTO TIRÉE DE TWITTER

Phillip Wellman, gérant du club-école de niveau AA des Braves d’Atlanta

Je ne vois pas ce qu’il y a de plus divertissant comme colères que celles des gérants au baseball. Comme si, sans avertissement, on voulait équilibrer la zénitude de ce sport par un contrepoids aussi exagéré qu’absurde. La WWE qui débarque au stade. Dans cette catégorie, Phillip Wellman a fait très fort, en 2007. Gérant du club-école de niveau AA des Braves d’Atlanta, établi au Mississippi, il y est allé d’une scène épique qu’ESPN avait décrite comme un mélange des meilleures performances d’Earl Weaver, de Billy Martin et de Lou Piniella. Quand même. Regardez l’extrait en entier, malgré l’inévitable et croissant malaise qui risque de vous accompagner tout au long de ces 136 interminables secondes (version abrégée). On souligne au passage l’excellent choix musical de l’annonceur maison pour l’occasion : Let’s Stay Together d’Al Green. Bien joué. Wellman avait été suspendu trois matchs par ses grands patrons pour ce coup de sang. Il a plus tard reconnu ne pas avoir eu l’air brillant et espéré que ce ne soit pas ce qu’on retiendra principalement de sa carrière de gérant. La réponse de Mauvaise conduite : désolé.

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Richard Labbé

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le regretté Pat Burns en décembre 1991

Il n’y a aucune discussion possible dans ce débat, vraiment. Le regretté Pat Burns a passé sa carrière de coach à enfiler les perles, dans la victoire comme dans la défaite, mais il n’a jamais été aussi poétique que lors de ce matin-là, après que Shayne Corson, une fois de plus, eut choisi de rentrer un peu trop tard. J’ai seulement connu Pat plus tard, dans ses années avec les Bruins de Boston, alors je n’étais pas présent au Forum quand, exaspéré, il a lancé sa célèbre phrase au sujet de Corson. Mais je revois encore cet extrait aujourd’hui sur YouTube, peut-être pour la millième fois, et ça demeure juste parfait. Merci, Pat.

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Guillaume Lefrançois

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Therrien alors qu'il était entraîneur des Penguins de Pittsburgh, en septembre 2007

« Ça laisse des traces de brake dans ses culottes chaque fois que ça rencontre Semenko dans un coin. » Je m’excuse à tous les entraîneurs de métier qui ont bûché pendant des années pour se retrouver dans cette chronique, mais Yvan Ponton remporte la palme avec son discours enflammé au National de Québec dans la série Lance et compte. Il est en très chaude lutte avec RBO, qui en a fait une imitation légendaire dans Snappe pis bourdonne. Dans la « vraie » vie, maintenant ? La sortie de Michel Therrien à ses débuts avec les Penguins, après une défaite contre les Oilers, mériterait un Goncourt si un tel prix existait pour les points de presse des entraîneurs. Mais dans ceux que j’ai couverts en personne, il y a un classique oublié, l’équivalent d’une bonne chanson sur la face B d’une cassette, soit la sortie de Glen Gulutzan après une défaite des Flames au Centre Bell en janvier 2017. Le fait saillant : « On étire une présence, ce sont nos joueurs de quatrième trio qui sont là, et ils décident de tenter une dernière attaque, parce qu’ils ont marqué tellement de buts. » Ayoye !

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Alexandre Pratt

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Bobby Knight, ancien entraîneur-chef de l’équipe de basketball de l’Université Indiana, en compagnie de sa mère, Hazel, en mars 1976

Bobby Knight, ancien entraîneur-chef de l’équipe de basketball de l’Université Indiana, avait la maturité d’un enfant de 4 ans laissé libre dans un Toys“R”Us après avoir mangé deux boîtes de céréales remplies de Skittles. Et l’agressivité d’une hyène à jeun depuis une semaine. Un mélange explosif. Il a étranglé un joueur. Il a cassé son tableau d’instructions sur la tête d’un autre. Il a aussi attaqué un policier aux Jeux panaméricains, ce qui lui a valu six mois de prison in absentia. Complètement débile. Sa colère la plus célèbre ? En 1985, insatisfait d’une décision d’un arbitre, Knight a lancé une chaise sur le terrain. Sa défense ? « Une vieille dame de l’autre côté du terrain, qui me rappelait ma grand-mère, m’a dit : “Si vous ne vous servez pas plus que ça de votre chaise, est-ce que je pourrais l’avoir pour m’asseoir ?” » Alors il la lui a lancée... La grosse classe.

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Jean-François Tremblay

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Patrice Brisebois en juin 2016

Je ne sais pas si j’ai le droit d’aller là… mais je vais y aller quand même. On a tous vu quantité d’entraîneurs perdre les pédales au fil des années. Mais a-t-on déjà vu une prise de bec plus divertissante que celle entre Bob Hartley et Patrice Brisebois ? Rappel : en 2010, TVA refaisait un saut dans le sport avec cette série de hockey amateur opposant une équipe de Montréal à une équipe de Québec. Plusieurs entraîneurs de renom y participaient, dont Brisebois, Hartley ou Guy Carbonneau. La rivalité a atteint un autre niveau quand Brisebois a choisi d’attendre un joueur adverse dans le couloir pour lui dire sa façon de penser après une mêlée. Hartley n’a pas aimé, les caméras étaient là.

Hartley : Ta bague de la Coupe Stanley, elle m’énarve pas. Parle pas aux joueurs, farme ta yeule.
Brisebois : Premièrement, je t’ai pas parlé. Toi, tu vas farmer ta yeule. T’es qui, toé ? Qu’est-ce que t’as fait dans la vie ?
Hartley : Qu’est-ce t’as fait de plus, toé ?
Brisebois : Arrête, t’as de la misère à te trouver une job.
Hartley : T’as peut-être joué, mais t’as chié dans les coins.

Onze ans plus tard, encore du génie.

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