Le 24 juin, les Québécois célèbrent essentiellement en chantant, en dansant, en voyant des amis, en buvant un peu. En Italie, la ville de Florence aussi souligne le jour de la Saint-Jean-Baptiste, son saint patron. En regardant 54 gars se cogner dessus.

Foyer de la Renaissance italienne, Florence est également celui du calcio storico, aussi appelé calcio florentin. Le jeu d’équipe le plus violent du monde.

Le roi de France Henri III, lors d’une démonstration organisée en son honneur en 1574, l’a décrit ainsi : « Trop petit pour être une guerre et trop cruel pour être un jeu. »

C’est d’ailleurs avec cette citation que débute l’épisode de la série Home Game – parue sur Netflix plus tôt cette année – consacré au calcio.

Deux joueurs qui le pratiquent enchaînent en qualifiant leur discipline de « rugby sans règles » et de « carnage ». Rien de moins. Le second ressemblant par ailleurs étrangement à Peter MacLeod. En très tatoué et beaucoup plus costaud.

Mais le calcio florentin, qu’est-ce donc ? Il y a en effet une base de rugby, comme le souligne l’un des protagonistes. Ajoutez-y de la boxe, du soccer et de la lutte. Brassez. Vous obtenez le calcio florentin. Et beaucoup de sang.

Essentiellement, deux équipes de 27 joueurs chacune, sur un terrain de sable rectangulaire, tentent d’aller porter un ballon rond dans le filet adverse. Et tous les coups sont permis, ou presque. Boxer un opposant pour le mettre « hors d’état de nuire », absolument. Mais pas de placage par l’arrière. Et jamais deux hommes pour s’en prendre à un seul (voir les règles en bref pour plus de détails).

Quatre équipes, un tournoi

Ce jeu est une tradition vieille de 2000 ans. En 59 av. J. -C., les légionnaires romains le pratiquaient pour garder la forme. Sa version actuelle est celle qui a été jouée pour la première fois le 17 février 1530, en pleine guerre, pour se moquer de l’armée impériale.

De nos jours, les Florentins attendent impatiemment le tournoi, disputé seulement une fois par an, en raison de la violence du jeu. La finale est toujours disputée le 24 juin, les demi-finales, une dizaine de jours plus tôt.

Il y a quatre équipes : les Rouges, les Blancs, les Verts et les Bleus. Un joueur représente son quartier et ne peut jamais changer d’équipe.

« On joue très rarement la finale avec les mêmes joueurs que la demi-finale, car ils n’ont pas le temps de récupérer », indique Raffaele D’Eligio, représentant des Blancs.

Il faut dire qu’on y voit de tout : fractures du tibia et du péroné, mâchoires déboîtées, nez cassés. Un joueur aurait même déjà fini le match avec un œil dans sa main…

Riccardo Lo Bue, membre des Rouges, raconte pour sa part – cigarette à la bouche – avoir subi sept opérations chirurgicales en 20 ans.

Avant la finale, les deux équipes finalistes défilent dans les rues. C’est la fête.

Les joueurs ne sont pas payés. Ils jouent par amour pour leur quartier, pour leur sport. Et pour faire partie de l’histoire de leur ville. Car Florence est certes principalement associée à la culture, à l’art. Mais Florence, c’est également le calcio florentin.

Les règles en bref

– Dans chaque équipe, on compte des gardiens, des défenseurs, des milieux de terrain et des attaquants. Ces derniers ouvrent la voie… par tous les moyens. Les autres profitent des ouvertures pour aller marquer ou protègent leur territoire.

– Si un joueur est plaqué au sol, il n’a pas le droit de se relever avant qu’un but soit marqué.

– Les filets, à chaque extrémité, occupent toute la largeur de la surface.

– Un but = 1 point. Un tir hors cible donne ½ point à l’adversaire.

– Le match dure 50 minutes.