Vice-champion mondial junior en 2019, le kayakiste québécois Laurent Lavigne s’est fait battre par un Hongrois qui a subi un test positif à l’EPO plus tôt cette année.

Laurent Lavigne se souvient d’avoir été « bouleversé » après avoir gagné une médaille d’argent aux Championnats du monde juniors de canoë-kayak disputés en Roumanie, le 4 août 2019.

Ce podium à l’épreuve de K1 500 mètres était le premier à ce niveau pour un kayakiste masculin canadien depuis le bronze du futur champion olympique et député Adam Van Koeverden, en 1999.

Le seul kayakiste qui a battu Lavigne ce jour-là est le Hongrois Andras Redl. Moins d’un an plus tard, Redl a échoué à un contrôle antidopage mené hors compétition par son agence nationale, en juillet.

La substance en cause : l’érythropoïétine (EPO), hormone bien connue dans les sports d’endurance depuis une trentaine d’années pour sa faculté à améliorer l’oxygénation du sang. Sa version synthétique est interdite par le code mondial antidopage.

Redl, qui avait aussi gagné l’or au 1000 m, est suspendu quatre ans, a annoncé la Fédération internationale de canoë (ICF) mardi. Comme le contrôle a été effectué après les Mondiaux juniors de 2019, ses résultats tiendront. Le jeune athlète de 19 ans a 21 jours pour faire appel de cette sanction au Tribunal arbitral du sport (TAS).

Lavigne avait déjà eu vent d’un possible test positif de Redl plus tôt cette année. La confirmation de l’ICF, relayée par quelques coéquipiers mardi matin, ne l’a pas beaucoup remué. Tout au plus a-t-il eu un « flash » de la cérémonie sur le podium avec Redl en Roumanie.

« Il reste que [le test positif] est arrivé quand même un an après », a d’abord souligné Lavigne, joint en Colombie-Britannique.

« C’est dur d’avoir une opinion sur ça. Je pense qu’en Hongrie, les gens ont moins d’éducation sur les drogues pour la performance sportive. Ça me fait quelque chose de voir un jeune [dans une situation] comme ça. Mais je suis un peu neutre dans tout ça. »

Faute de preuves, le kayakiste de Trois-Rivières n’a pas le sentiment de s’être fait voler une médaille d’or.

« Je me dis qu’il a sûrement été testé pendant les Mondiaux juniors », a signalé Lavigne, qui n’avait lui-même pas subi de contrôle.

Oui, ça crée un doute, il le faisait peut-être avant [cette année], mais je ne peux pas le dire avec certitude.

Laurent Lavigne

Il soulève l’hypothèse que son ex-adversaire a peut-être été tenté d’emprunter un raccourci pour son passage chez les seniors. « Le niveau est beaucoup plus élevé. Peut-être qu’il a commencé après cette compétition-là. On ne sait pas. »

Le président du comité antidopage et médical de l’ICF, le DDon McKenzie, a rappelé que le cas de Redl est un « avertissement ».

« Les jeunes athlètes qui pourraient envisager de prendre des substances améliorant la performance pour se donner possiblement plus de force et de vitesse doivent comprendre les conséquences graves liées à de telles actions », a prévenu le DMcKenzie, qui a été pendant longtemps le médecin en chef de l’équipe canadienne, dans un communiqué.

« Non seulement seront-ils attrapés et, par conséquent, leur carrière sportive sera ruinée, mais il y a également des conséquences graves sur la santé, en particulier pour les jeunes athlètes. »

« La nouvelle d’un résultat positif d’un athlète adolescent hongrois souligne l’importance de notre programme d’éducation antidopage, a-t-il conclu. Il ne peut y avoir d’excuses pour aucun athlète, entraîneur ou personnel médical impliqué dans le dopage. »

Sur le lac Shawnigan

Lavigne terminait mardi un stage d’un mois sur le lac Shawnigan, dans l’île de Vancouver. Faute de pouvoir s’entraîner en Floride à cause de la COVID-19, l’équipe canadienne de canoë-kayak y a établi ses quartiers.

Le Trifluvien y reviendra après les Fêtes en prévision d’essais nationaux qui se tiendront potentiellement en mars à Burnaby, en Colombie-Britannique. Il tentera alors d’assurer sa sélection pour les championnats panaméricains, prévus au Brésil en avril 2021. Cette compétition servira de dernière occasion de qualifier des bateaux pour les Jeux olympiques de Tokyo.

À 19 ans, Lavigne vise surtout les prochains Championnats du monde U23, un « objectif réaliste », mais ne ferme pas la porte à une qualification olympique sur les épreuves de 1000 m, ce qui serait « un super bel accomplissement ».

Suspendu jusqu’au 22 juillet 2024, Redl doit faire une croix sur les Jeux olympiques de Paris, qui s’ouvriront quatre jours plus tard.