(Londres) Steve Thompson, champion du monde en 2003 avec l’Angleterre, et sept autres joueurs envisagent une procédure judiciaire contre les instances du rugby, pour établir leur responsabilité dans la démence dont ils sont atteints, a annoncé mardi le cabinet d’avocats qui les représente.

« Je n’ai aucun souvenir d’avoir remporté la Coupe du Monde en 2003 ou d’avoir été en Australie pour le tournoi », a expliqué le talonneur qui avait joué tous les matchs du Mondial remporté par le XV de la Rose, dans des propos rapportés par l’agence PA.

Avec d’autres joueurs, dont les anciens internationaux anglais Michael Lipman et gallois Alix Popham, ils accusent la fédération internationale World Rugby et leurs fédérations nationales de « défaut de protection contre les risques encourus après des commotions cérébrales », a expliqué le cabinet d’avocats Rylands.

Des signes précoces de démence et de probable encéphalopathie chronique traumatique — une affection cérébrale due aux chocs qui évolue souvent en maladies neurodégénératives — ont été diagnostiqués chez les huit joueurs qui réclament des millions de livres de dommages et intérêts aux autorités, avant une possible action collective en justice.

« Le premier pas évident à faire, de la part de World Rugby et des fédérations anglaises et galloises, c’est de sortir du déni et de reconnaître qu’il y a un problème », a souligné l’avocat Richard Boardman.

« Sachant ce que je sais maintenant, j’aurais aimé ne jamais devenir professionnel », a expliqué Thompson, 42 ans, qui s’entraînait « tous les jours, parfois deux fois par jour ».

À un poste où les chocs sont fréquents et violents, « il n’était pas rare qu’on me laisse sonné, avec des taches blanches dans mon champ de vision et sans savoir où j’étais pendant quelques secondes », a-t-il poursuivi.

« Parfois, je perdais complètement connaissance. Tout cela était considéré comme faisant partie de l’entraînement ».  

Les commotions sont pourtant un sujet souvent évoqué dans le milieu depuis des décennies, mais « de façon inexplicable, la façon dont le sport aborde cette question depuis sa professionnalisation est moins progressiste », a souligné l’avocat Boardman.

La pause forcée après une commotion a ainsi été réduite en 2011 de trois semaines à six jours, a-t-il avancé en guise d’exemple, alors que « le sport, en se professionnalisant, implique davantage de collision avec des joueurs plus lourds, plus forts et plus rapides ».