Après avoir noté le travail estival des six commissaires des ligues professionnelles, j’évalue celui de nos trois équipes professionnelles.

Canadien : B

La poussière est retombée sur la saison du Canadien et, de l’avis général, le bilan est positif. En accédant aux séries éliminatoires, où elle a fait une lutte honorable aux Flyers de Philadelphie, l’équipe a montré du mordant et fait – un peu – oublier les passages à vide du calendrier pré-COVID-19.

Sans être en désaccord avec cette affirmation, j’estime qu’elle maquille l’essentiel : le CH n’a pas remporté une seule série éliminatoire depuis 2015 (l’affrontement préalable contre les Penguins de Pittsburgh était une ronde de qualification).

PHOTO DAN HAMILTON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Carey Price arrête un tir de Scott Laughton, des Flyers de Philadelphie.

C’est décevant dans la mesure où un facteur clé jouait en sa faveur cet été. Les deux leaders du club, Carey Price et Shea Weber, étaient pleinement reposés, un atout immense pour des joueurs dans la trentaine. Si la vie revient à la normale en 2021, ils ne profiteront pas d’une pause avant les séries éliminatoires. Ce sera un désavantage par rapport à cette saison.

Voilà pourquoi cette élimination aux dépens des Flyers, vue comme un pas dans la bonne direction par plusieurs observateurs, m’apparaît aussi comme une occasion ratée.

La direction du Canadien nous a souvent répété : « Avec Carey, tout est possible ». Eh bien, non ! Price a été impérial, mais ce ne fut pas suffisant pour accomplir un bout de chemin en séries.

L’incapacité du CH à marquer des buts aux moments clés lui a fait aussi mal que durant les séries de 2015 (deuxième tour contre le Lightning de Tampa Bay) et de 2017 (premier tour contre les Rangers de New York). C’est un problème récurrent pour le Canadien, qui éprouve encore du mal à s’adapter aux tendances lourdes du hockey actuel.

(Un bref retour sur ces séries de 2017 : le meilleur attaquant du CH avait été Alexander Radulov, qui continue de briller en séries, mais à Dallas. Lui accorder un contrat à l’été 2016 a été un excellent coup de Marc Bergevin ; le laisser partir un an plus tard a constitué une lourde erreur.)

De plus, cet échec contre les Flyers – une équipe qui n’a pas franchi le tour suivant – m’a semblé assez net. Le CH a été blanchi deux matchs d’affilée – un phénomène rare en séries –, en plus d’être condamné à jouer du hockey de rattrapage dans la dernière rencontre. Combler des retards de 2-0 et 3-1 s’est avéré, sans surprise, hors de sa portée.

Cela dit, tout n’est pas sombre, bien évidemment. L’émergence de Nick Suzuki constitue, et de loin, la meilleure chose qui soit arrivée au Canadien depuis longtemps. Son potentiel est celui d’une grande vedette.

Quant à Jesperi Kotkaniemi, je préfère attendre avant de lui coller l’étiquette de futur joueur « dominant ». Sa reprise en main après plusieurs mois difficiles est néanmoins encourageante.

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La saison des joueurs terminée, celle de Marc Bergevin a commencé. Jusqu’à maintenant, il se tire bien d’affaire. Les acquisitions du gardien réserviste Jake Allen et du défenseur Joel Edmundson sont intéressantes.

La pandémie a forcé le DG à changer son plan d’attaque. Avant la pause COVID-19, l’espoir de participer aux séries était nul, et il a liquidé quelques actifs. L’objectif était de réussir un gros coup au repêchage.

En expédiant les Penguins en vacances, le CH a cependant perdu ses chances d’obtenir Alexis Lafrenière. Et il sélectionnera au 16rang, un coup de massue quand on croyait obtenir un des premiers choix. La « réinitialisation » en sera d’autant ralentie, ce qui n’est pas un avantage quand deux piliers de l’équipe prennent de l’âge.

Cela dit, on ne reprochera certes pas au CH d’avoir tout donné lors de la relance des activités. Dans cet environnement sans réelle pression – les attentes des amateurs étaient basses –, l’équipe a offert une bonne performance. Il faudra maintenant afficher la même détermination lors de la prochaine saison.

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Compte tenu de sa performance honorable à Toronto et des deux acquisitions récentes de Bergevin, qui dénotent une combativité bienvenue, le Canadien mérite un B pour sa tenue estivale.

L’Impact : B

PHOTO JOHN RAOUX, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Ruan Gregório Teixeira, du Orlando City SC, se défend
contre Jorge Luis Corrales, de l'Impact, le 25 juillet.

L’Impact a raté une excellente occasion de créer l’effervescence sur notre scène sportive en jouant aussi mollement lors de son match de huitièmes de finale au tournoi « MLS is Back », amorcé en juillet dernier. Une performance aussi peu inspirée contre le Orlando City SC, alors que l’intérêt était élevé, n’a rien fait pour élargir son bassin de fans au-delà des mordus.

Depuis ce temps, l’équipe a joué quelques matchs intéressants et, en allongeant un peu le cou, on décèle l’amorce d’un effet Thierry Henry. Cela dit, les prochaines semaines ne seront pas faciles pour l’Impact, à commencer par ce séjour de trois matchs aux États-Unis, du 20 au 27 septembre.

Compte tenu de l’incertitude en MLS, où la tenue des rencontres est annoncée au compte-gouttes, conserver une cohésion au sein des équipes est une tâche délicate. Dans ce contexte, l’Impact, certes pas une puissance du circuit, se débrouille correctement. Il faudra maintenir le pied au plancher jusqu’à la fin de la saison pour conserver cette note de B, ou peut-être même l’améliorer.

Les Alouettes : A… pour l’effort !

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Vernon Adams fils, quart-arrière des Alouettes

Il y avait tellement d’enthousiasme chez les Alouettes en janvier dernier. De nouveaux propriétaires, un nouveau président, un nouveau DG, un entraîneur populaire et, enfin, un quart-arrière capable de briller... La pandémie a stoppé cette belle lancée.

Pendant que le Canadien et l’Impact reprenaient leurs activités, la saison des Alouettes a été annulée. On imagine la peine du DG Danny Maciocia, qui attend depuis si longtemps la chance d’apposer sa signature sur l’équipe.

Le proverbe dit « faire contre mauvaise fortune, bon cœur », et c’est en plein l’approche des Alouettes depuis ce temps. Leurs représentants répondent aux questions des journalistes, expédient des communiqués et multiplient les efforts pour que le public ne les oublie pas. L’organisation demeure positive dans ses communications publiques, ce qui est tout à son honneur dans ces circonstances difficiles.

Comme les autres équipes de la LCF, les Alouettes ont été les victimes d’un commissaire sans vision claire. Dommage. Mais ils se tiennent toujours debout et méritent un A pour l’effort.