Marie-Alex Bélanger n’a pas joué devant les siens depuis les championnats canadiens U Sports de Québec en mars 2018.

La volleyeuse avait alors disputé son dernier match après cinq saisons avec les Carabins de l’Université de Montréal. Quelques mois plus tard, elle a reçu le prix BLG à titre de meilleure athlète universitaire du Canada, tous sports confondus.

Un an après ce sacre, Bélanger est de retour comme membre de l’équipe nationale senior, avec qui elle amorce une quatrième saison. Elle disputera aujourd’hui un match contre le Mexique dans le cadre de la Coupe Challenge féminine de la NORCECA, présentée depuis hier, et jusqu’à demain, à Châteauguay.

« Ma famille adorait me suivre pendant toutes mes années avec les Carabins », a-t-elle souligné après une séance d’entraînement hier midi au tout nouveau Sportplex Beau-Château. « Là, elle aura la chance de venir me voir dans des couleurs différentes. »

Après son stage universitaire et sa participation aux derniers Championnats du monde au Japon, Bélanger a disputé une première saison professionnelle en France. « L’expérience a été vraiment particulière », a-t-elle admis d’emblée.

La native de Saint-Alphonse-Rodriguez a été un peu déçue du calibre de jeu avec Chamalières, club de la Ligue A.

« Je m'attendais à quelque chose de plus fort. C'était une première saison professionnelle, j'ai appris beaucoup de choses, mais je ne crois pas que mon volleyball s'est amélioré cette année. » - Marie-Alex Bélanger

Après avoir vécu l’encadrement de haut niveau avec les Carabins et son entraîneur Olivier Trudel, qui est resté un mentor, Bélanger a été surprise de découvrir une autre mentalité en France. « Au Canada, j’ai été habituée à arriver non pas juste à l’heure, mais avant les séances d’exercice. Et s’il le faut, tu fais de l’extra. »

L’esprit de famille qu’elle vivait chez les Bleues lui a aussi manqué. « On était plus que des coéquipières. On était des amies, des sœurs. La relation est vraiment différente [en France]. Tu t’en vas jouer comme professionnelle, et c’est des collègues de travail, rien de plus. »

Malgré tout, l’athlète de 26 ans ne regrette pas cette première expérience professionnelle, qu’elle compte poursuivre sans doute ailleurs « jusqu’à ce que [s]on corps [lui] dise d’arrêter ».

À son retour, elle n’a passé que six jours à Montréal avant de s’envoler pour Vancouver pour le camp de sélection de l’équipe canadienne. Après plus de 12 mois ininterrompus de volleyball à fond de train, elle est arrivée sur les genoux.

« J’étais comme un peu dans un creux de vague. C’est pour ça que je suis vraiment contente d’être ici. » — Marie-Alex Bélanger

« Le dernier mois a été vraiment difficile pour moi, côté performance, a-t-elle expliqué. Je commence à reprendre un peu mes couleurs. Ça a été difficile d’enchaîner toutes ces saisons-là. Là, on dirait que mon corps et ma tête l’ont un peu senti. Là, je reprends du mieux. »

Nouvelle énergie

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Sous les ordres du nouvel entraîneur-chef de l’équipe canadienne Tom Black, Marie-Alex Bélanger disputera aujourd’hui, à Châteauguay, un match contre le Mexique dans le cadre de la Coupe Challenge féminine de la NORCECA.

L’arrivée d’un nouvel entraîneur-chef, Tom Black, a favorisé ce regain d’énergie. Ancien adjoint avec l’équipe américaine et actuel pilote à l’Université de la Géorgie, le Californien d’origine pensait en avoir fini avec le volleyball international quand il a été sollicité pour soumettre sa candidature pour le poste vacant au Canada.

« Dès que j’ai reçu le courriel, mon sang s’est mis à bouillir et j’ai commencé à développer un plan », a raconté Black, en poste depuis… cinq semaines.

Son mandat est clair : ramener l’équipe féminine canadienne au tournoi olympique pour la première fois depuis Atlanta, en 1996. Évidemment, les ressources sont moins imposantes qu’aux États-Unis.

« C’est un peu comme la différence entre être riche et être pauvre, a-t-il reconnu sans ambages. En ce moment, il y a du financement. Mais si on veut y accéder, ça passera par le produit qu’on met sur le court. On doit se convaincre qu’on a beaucoup de contrôle sur les choses qui vont nous donner des ressources. On doit coacher et jouer le mieux possible. À partir de là, les gens seront attirés et voudront contribuer. »

Seule Québécoise de l’équipe à Châteauguay (Kim Robitaille est restée au centre national de Vancouver), Bélanger agira à titre de spécialiste au service, un nouveau rôle pour elle.

« Tom arrive avec plein d’idées, beaucoup de soutien, s’est-elle réjouie. Il veut construire le programme. Il n’est pas juste là pour amener 12 filles aux Olympiques et s’en aller après. Il a une vision à plus long terme. »

« C’est vraiment le fun, on se sent vraiment plus encadrées, on se sent soutenues. C’est le jour et la nuit par rapport à ce qu’on avait avant. » — Marie-Alex Bélanger

Tournoi à trois équipes, la Coupe Challenge de la NORCECA se terminera demain avec un duel entre le Canada (18au monde) et Porto Rico (13e). Le pays qui finira premier atteindra la finale donnant accès à la Ligue des Nations, l’événement annuel le plus relevé de la Fédération internationale de volleyball, réservé aux 16 meilleurs.

« C’est un événement pivot pour nous, c’est certain », a souligné Black, qui lorgne les nombreux matchs de la Ligue des Nations pour accélérer la progression de son groupe.

D’ici là, l’équipe canadienne tentera de se qualifier directement pour les Jeux de Tokyo de 2020 lors d’un tournoi intercontinental à quatre nations en août, en Russie. Sinon, elle devra passer par un tournoi continental de la dernière chance en janvier 2020.

Place à l’Académie Volleyball Québec

La Coupe Challenge de la NORCECA est le premier événement international de volleyball féminin à se tenir au Québec depuis une tournée Canada-Japon en 1997. Pourquoi Châteauguay ? La ville a récemment ouvert le Sportplex Beau-Château, grand complexe sportif où sera inaugurée l’automne prochain l’Académie Volleyball Québec, premier centre d’entraînement permanent du genre dans la province. Les élèves athlètes étudieront à l’école secondaire Louis-Philippe-Paré, située juste à côté. « On veut donner à nos meilleurs athlètes identifiés espoir et relève la chance d’être encadrés 11 mois par année », a expliqué le directeur général de Volleyball Québec, Martin Gérin-Lajoie.