Les adversaires des bagarres au hockey trouveront un précieux allié chez le gouverneur général du Canada, lui-même ancien hockeyeur, qui espère lancer un débat national sur le danger des commotions cérébrales dans le sport.

David Johnston organise aujourd'hui à Ottawa une conférence sur ce sujet, avec des invités tels que les anciens hockeyeurs Eric Lindros et Ken Dryden, l'athlète en trampoline Rosie MacLennan et l'ancien footballeur Étienne Boulay.

M. Johnston veut utiliser sa tribune pour réfléchir non seulement sur le traitement médical des commotions, mais aussi sur des changements de règlements qui pourraient rendre les sports plus sécuritaires.

«Nous voulons créer un momentum au pays pour rendre le sport le plus sécuritaire possible. Nous voulons aussi favoriser la recherche et changer les règles du jeu pour réduire les risques.»

Nommé 28e gouverneur général du Canada en 2010, M. Johnston réfléchit depuis cinq ans à la manière de mettre en branle un mouvement national sur ce sujet bien d'actualité.

«J'avais commencé à parler de ça avec mon ami Ken Dryden, ancien gardien du Canadien, il y a quatre ou cinq ans. Nous avons contacté des gens très intéressés par cette question. Et l'année dernière, la ministre fédérale du Sport [Carla Qualtrough] s'est montrée intéressée aussi», explique M. Johnston.

Lui-même a été victime de commotions cérébrales dans sa jeunesse. Il avait 15 ans quand il en a subi deux au football et une au hockey. Un médecin lui a ordonné de porter un casque pour jouer au hockey; ce qu'aucun de ses camarades ne faisait dans son équipe de Sault-Sainte-Marie, en Ontario.

«Je ne voulais pas le mettre parce que j'avais peur que les autres rient de moi, raconte M. Johnston. Mais le médecin m'a dit: soit tu portes un casque, soit tu arrêtes le hockey. Alors, j'ai mis un casque.»

Un problème de santé publique

À cette époque, dans les rangs mineurs, il jouait aux côtés de Phil et Tony Esposito et Lou Nanne. Il est ensuite devenu capitaine de l'équipe de hockey de l'Université Harvard. Dans une entrevue au journal Le Droit, il a admis avoir rêvé à la LNH. Mais dans une ligue à six équipes, c'était impensable...

Les choses ont beaucoup changé depuis. Il y a maintenant 30 équipes dans la LNH - bientôt 31 -, et la sensibilisation aux commotions cérébrales est répandue.

Depuis le début des années 2000, la recherche sur l'encéphalopathie traumatique chronique a fait des percées. Les scientifiques savent maintenant qu'il y a un lien entre les commotions cérébrales et la démence.

Au début, le football était considéré comme le sport à risque. Mais le suicide de plusieurs anciens hommes forts au hockey a braqué les projecteurs sur le sport national. Une récente recherche de l'Université de Toronto démontre que même un adulte ayant subi une seule commotion légère court trois fois plus de risques de s'enlever la vie.

«Je veux que mes petits-enfants fassent du sport en sécurité. C'est impossible de réduire à zéro les risques de commotion cérébrale. Mais il y a des choses que nous pouvons faire pour assurer un risque minimal.»

L'objectif de la conférence d'aujourd'hui, qui a lieu à Rideau Hall, est donc de réfléchir aux manières de prévenir les commotions et de les guérir. M. Johnston croit que les dirigeants des grandes ligues doivent penser à toutes les avenues, même à changer leurs règlements pour améliorer la sécurité.

«Il devrait y avoir un changement des règles pour minimiser la violence au hockey. Personnellement, je crois qu'il n'y a pas de place pour les bagarres au hockey, ni pour les coups à la tête. Les deux devraient être interdits», dit-il.

Deux représentants de la LNH doivent d'ailleurs assister à l'événement, précise-t-il.

Réfléchir aux dangers des commotions cérébrales ne signifie pas délaisser le sport pour autant. À 75 ans, M. Johnston patine encore régulièrement, pratique le ski de fond, le ski alpin et nage dans le lac qui se trouve devant sa maison de campagne.

C'est justement parce qu'il aime le sport qu'il juge cette question importante. «C'est primordial que les jeunes puissent faire du sport dans un environnement le plus sécuritaire possible», dit-il.