Depuis la disparation du tournoi de volleyball de plage de Montréal, en 2007, Marie-Andrée Lessard et Annie Martin ont moins l'occasion de faire parler d'elles. En attendant sa renaissance - la rumeur court... - elles poursuivent leur parcours aux quatre coins de la planète.

En novembre dernier, Marie-Andrée Lessard et Annie Martin ont reçu un courriel en forme de claque au visage. Volleyball Canada les avisait platement qu'elles n'étaient pas retenues pour l'équipe nationale la saison suivante. Du coup, elles perdaient leur brevet d'assistance financière. «Merci de votre contribution au volleyball canadien», concluait le message.

Aujourd'hui, Lessard et Martin rient en racontant cet épisode. Ce ne fut pas toujours le cas. Pendant trois mois, elles ont dû se battre avec leur fédération. Championnes nationales, elles étaient, et de loin, les meilleures sur la scène internationale. Mais, ont-elles compris, Volleyball Canada souhaitait concentrer ses ressources pour les Jeux olympiques de... 2016, à Rio de Janeiro.

À 32 et 28 ans, elles ne faisaient manifestement pas partie des plans. À 5'6 et 5'7, elles forment la plus petite paire sur le circuit international. Lors d'un camp en septembre dernier, le nouvel entraîneur national Lennard Krapp leur avait d'ailleurs signifié qu'il souhaitait les voir évoluer avec des partenaires plus jeunes et plus physiques.

Or, après une bonne dizaine d'années à galérer aux quatre coins de la planète, Lessard et Martin n'étaient pas prêtes à se sacrifier sur l'autel du développement. Pour elles, l'avenir, ce sont les Jeux olympiques de Londres, dans deux ans.

Finalement, en février dernier, elles ont obtenu gain de cause et récupéré leur brevet.

Heureusement, le litige ne s'est pas transformé en conflit avec la fédération. «La vibe n'est pas négative», assure l'entraîneur Vincent Larrivée.

Lessard et Martin ne roulent pas sur l'or, mais, grâce à deux commanditaires - Groupe Biron et le projet immobilier Urbania - les volleyeuses québécoises ont pu planifier leur saison 2010. Elles ont quand même réduit les déplacements pour les voyages et les camps d'entraînement. Leur entraîneur ne les accompagne pas toujours. Leur budget d'environ 50 000 $ représente le quart de celui des meilleurs duos. Certains tandems voyagent avec un spécialiste vidéo et un statisticien. Sans compter le support médical, inexistant pour les Canadiennes à l'étranger.

«On s'arrange»

«Ce n'est pas une situation parfaite, mais on s'arrange avec ce qu'on a, précise Annie Martin, rencontrée hier lors d'un entraînement au parc Jeanne-Mance. Ça ne nous empêchera sûrement pas de performer.»

Lessard et Martin ont été réunies un peu par la force des choses vers la fin de la saison 2008. Après avoir raté la qualification pour les Jeux de Pékin, leurs partenaires respectives ont opté pour la retraite. Lessard et Martin voulaient compléter la saison. En dépit de leur petite taille, elles ont donc décidé de s'unir. À leur deuxième tournoi, elles ont surpris en se classant cinquièmes, un exploit peu banal. Martin ne l'avait réussi qu'à trois reprises jusque-là, chaque fois avec Guylaine Dumont, comme aux Jeux d'Athènes, en 2004.

Expérience et complicité

Lessard et Martin compensent leur déficit de taille par leur grande expérience et leur complicité sur le terrain.

Vingt-troisièmes au classement final l'an dernier, elles espèrent se rapprocher des 16 meilleures cette année. Au grand chelem de Moscou, la semaine dernière, elles ont échoué de peu, s'arrêtant en 16e de finale. Privilégiant un service agressif, les Canadiennes ont poussé les Allemandes à un troisième set. «Elles ont atteint deux finales cette année et on n'a pas été déclassées, souligne Lessard. On a travaillé beaucoup nos blocs et on a un meilleur synchronisme.»

Elles espèrent en profiter davantage à leur prochain rendez-vous, le grand chelem de Stavanger, en Norvège, à la fin du mois.