Karine Sergerie parlait très vite parce qu'un entraînement l'attendait. Mais le ton était résolument positif. Après avoir été ralentie par une opération à la hanche, la vice-championne olympique de taekwondo a retrouvé ses marques.

Médaillée d'or aux omniums des États-Unis, de l'Allemagne et des Pays-Bas ainsi qu'aux derniers championnats nationaux, Sergerie reprend l'action ce week-end dans le cadre du tout premier Championnat international de taekwondo Canada Open 2010, présenté au Centre Pierre-Charbonneau, à Montréal.

«Karine est revenue en force», clame Olivier Pineau, directeur exécutif de la Fédération québécoise de taekwondo, organisatrice de la compétition. «C'est clair qu'elle est partie pour les prochains Jeux olympiques. Il n'y a rien qui va l'arrêter.»

Opérée à la hanche à son retour des Jeux de Pékin, Sergerie était arrivée un peu à court de compétitions aux Mondiaux de Copenhague, l'an dernier. La championne mondiale en titre avait été stoppée en quart de finale.

«J'ai arrêté quasiment un an, a-t-elle rappelé, hier, en entrevue téléphonique. Je m'attendais donc à avoir des difficultés. L'entraînement s'est quand même bien passé, mais c'est en arrivant aux compétitions que j'ai vu que certaines choses n'étaient plus pareilles, que ça prendrait un peu de temps à les ravoir. Là, ça va super bien, je ne peux pas me plaindre.»

Se familiariser avec le plastron électronique

Si l'opposition ne s'annonce pas très féroce à Montréal, ce sera l'occasion pour Sergerie de se familiariser davantage avec le plastron électronique de marque Daedo.

Au lendemain d'un tournoi olympique particulièrement controversé à Pékin, la Fédération mondiale de taekwondo (WTF) a adopté le plastron électronique. Un premier plastron, de marque LaJust, n'a pas fait l'unanimité. Celui qui a été conçu par Daedo, et qui est testé un peu partout sur la planète, semble beaucoup mieux reçu. «Disons que c'est plus facile de compter les points», a dit Sergerie, qui l'a testé une première fois aux Pays-Bas. La WTF n'a pas encore arrêté son choix en vue des Jeux olympiques de Londres, en 2012.

Peu importe le choix, Sergerie applaudit le virage informatique et technologique, même s'il rend le travail des arbitres beaucoup plus monotone. «Les arbitres font de leur mieux, mais ça va beaucoup trop vite. J'ai arbitré un tournoi pour enfants dernièrement et je trouvais que ça allait beaucoup trop vite. Là, c'est plus juste. C'est un plastron et un ordinateur qui déterminent les points.»

Le tournoi de Montréal servira de «petit rappel» pour Sergerie en vue de la sélection nationale pour le tournoi qualificatif des Jeux panaméricains, début juillet, à Toronto. Le processus de qualification pour les Jeux olympiques de Londres, en 2012, est déjà commencé.

Chaque événement a donc son importance, mais l'athlète de 25 ans refuse de regarder trop loin.

«Je ne veux plus me stresser avec ça, a expliqué Sergerie. Pour Pékin, je m'en faisais beaucoup trop avec ça et c'est vraiment déplaisant. Je veux avoir du plaisir à m'entraîner. Je veux aimer la compétition. Je ne veux pas juste participer à des compétitions parce que je veux aller aux Jeux olympiques. Je veux le faire parce que j'aime ça. Si j'y vais, j'y vais, c'est parce que j'aurai bien fait mon travail. Sinon, c'est parce que je n'aurai pas été capable de le faire.»

Un environnement idéal

En ce sens, Sergerie dit avoir trouvé l'environnement idéal au club de Sainte-Foy, auquel elle s'est jointe après Pékin. Sous la direction de l'entraîneur Alain Bernier, elle y côtoie plusieurs coéquipiers qui, comme elle, figurent parmi l'élite mondiale, comme Sébastien Michaud, François Coulombe-Fortier, Christopher Iliesco et Annie-Pier Turcotte. Les cinq ont d'ailleurs remporté leur catégorie de poids respective en Allemagne.

«C'est vraiment positif comme entourage, a jugé Sergerie. J'aime les gens avec qui je m'entraîne. Ils sont super motivés, sympathiques, ils travaillent fort. Mon entraîneur est vraiment excellent. Je suis contente de mon choix.»