Depuis des années, la joueuse de tennis de table chinoise s'exporte bien: pour les Jeux de Pékin, elles sont plus d'une quinzaine à jouer pour des pays étrangers, à l'image de la Française Xian Yifang.

La plupart des continents sont représentés. L'une a choisi le Congo, certaines l'Australie, d'autres le Luxembourg ou la République dominicaine.

À l'âge de 19 ans, Xian, elle, a fait le choix de la France sur les conseils d'une amie qui évoluait déjà là-bas.

Membre de l'équipe de Chine junior, originaire du Hebei, province voisine de Pékin, elle n'avait plus espoir d'aller plus haut dans son pays d'origine.

«Comme je voulais continuer le tennis de table, je suis venue en France. En Chine, vous avez tellement d'excellentes joueuses, c'est difficile d'avoir l'opportunité de jouer en équipe de Chine. Aussi je suis contente de représenter la France», dit cette grande femme à l'allure tranquille, qui fêtera ses 31 ans mercredi le lendemain de son premier match.

Après des débuts difficiles en raison de la barrière de la langue, elle s'est intégrée et a fini par acquérir la nationalité française en 2005.

Elle a cependant gardé des liens étroits avec sa patrie d'origine. Elle vient régulièrement s'entraîner à Shijiazhuang, dans le centre des sports du Hebei, où elle s'est formée à partir de l'âge de 12 ans.

C'est là, où avant ses premiers jeux Olympiques, elle est venue se ressourcer. Un élément important pour son entraîneur, Rozenn Jacquet, coach de l'équipe de France féminine.

«On ne sait jamais»

«Pour ce projet de Pékin, c'était important pour elle au niveau affectif d'évoluer dans son contexte de formation, là où ses parents résident», juge-t-elle.

«C'est une fierté pour elle et un grand honneur de pouvoir évoluer devant eux», ajoute l'entraîneur.

Faute de billets, ses parents la regarderont cependant à la télévision, chez eux.

«J'espère pouvoir figurer parmi les huit premières, cela dépendra de ma chance. Pour une médaille, ce sera difficile», dit Xian, qui évolue entre la 61e et 65e place mondiale, et qui a battu en 2007 la Singapourienne Li Jia-Wei, l'une des six premières au monde.

Pour Rozenn Jacquet, défier les Chinoises, reines de la discipline, reste cependant plus facile pendant les JO.

«En championnat du monde, vous avez sept à huit joueuses de l'équipe de Chine. Les Jeux, c'est plus ouvert, vous n'en avez que trois. Et sur les trois peut-être une va chuter en route, on ne sait jamais», dit-elle.

L'une des médailles d'or possible du tournoi individuel féminin est une de ses amies, la Chinoise Wang Nan.

«On était ensemble en équipe junior de Chine. Quand je suis partie à l'étranger on est resté en contact. Elle était contente pour moi lorsqu'elle a appris que je m'étais qualifiée pour les jeux», dit Xian.

«J'espère seulement ne pas la rencontrer. Mais si c'est pour la finale, c'est OK», plaisante-t-elle.

Au premier tour mardi, Xian rencontrera une Polonaise, Xu Jie, née en 1982 à Tianjin, à l'est de Pékin.