Les Jeux olympiques débutent dans quelques jours et la grande région d'Ottawa-Gatineau y sera bien représentée. Dans une série de reportages, LeDroit vous fait découvrir quelques-uns de ces athlètes, entraîneurs, bénévoles et employés de soutien qui sont membres de la délégation canadienne. Aujourd'hui, Martin Comtois rencontre l'entraîneur-chef de l'équipe nationale de natation, Pierre Lafontaine, de Chelsea.

Les Jeux olympiques débutent dans quelques jours et la grande région d'Ottawa-Gatineau y sera bien représentée. Dans une série de reportages, LeDroit vous fait découvrir quelques-uns de ces athlètes, entraîneurs, bénévoles et employés de soutien qui sont membres de la délégation canadienne. Aujourd'hui, Martin Comtois rencontre l'entraîneur-chef de l'équipe nationale de natation, Pierre Lafontaine, de Chelsea.

Natation Canada l'a rapatrié au pays en 2005 afin de redonner du lustre à l'équipe nationale, fraîchement humiliée l'année précédente à Athènes.

Les nageurs canadiens venaient de connaître leur pire sortie internationale. Ils avaient été tenus à l'écart du podium pour la première fois en 40 ans aux Jeux olympiques. Seulement trois athlètes avaient atteint les finales.

Pire, il faut remonter à 1992 pour trouver un médaillé d'or dans l'eau, Mark Tewksbury.

"Je suis ici pour redonner à la natation canadienne sa place sur la scène internationale. C'est la raison pourquoi je suis revenu", avoue sans détour Pierre Lafontaine.

"Le Canada va se retrouver à nouveau parmi les étoiles", ajoute-t-il du même souffle.

Pékin représente un gros test pour Lafontaine.

Son embauche à titre de directeur général de Natation Canada et entraîneur-chef de l'équipe nationale avait défrayé les manchettes il y a trois ans. Il avait décidé de quitter l'Australie où il était bien payé, où le sport olympique est mieux appuyé par les gouvernements et la population.

"J'ai décidé de revenir au pays car je sentais que c'était à mon tour de faire ma part pour le Canada", raconte le résidant de Chelsea.

Lafontaine, âgé de 51 ans, avait été entraîneur à Montréal et Calgary avant de traverser la frontière durant les années 1990. Il a passé trois ans à Atlanta puis cinq ans en Arizona avant de mettre le cap vers l'Australie où il a côtoyé l'ancien olympien canadien Alex Baumann. C'est celui-ci qui a recommandé à Natation Canada de le recruter après le désastre en Grèce.

Environnement gagnant

Depuis, la vague Lafontaine déferle sur les nageurs au pays. Ils sont plus rapides, plus confiants, plus souriants.

Brent Hayden, de Vancouver, est le champion du monde en titre au 100 m libre.

L'atmosphère a changé. On ne dénigre plus les nageurs d'ici.

"Il y a quatre ans, nous avons atteint le fond du baril, souligne le nageur Mike Brown, originaire de Perth, près d'Ottawa. Aujourd'hui, tout le monde regarde avec optimiste vers l'avenir. Il y a tellement de bons jeunes nageurs et l'attitude a changé dans l'eau."

Un nom revient sur les lèvres des membres de l'équipe nationale. Celui de Lafontaine. Selon eux, il a créé un environnement gagnant. Son leadership se fait sentir partout. Son charisme et sa passion également.

Aux sélections olympiques canadiennes de natations tenues en avril dernier, le père de famille était un homme-orchestre. Un moment, il a un micro à la main et encourage la foule à faire la vague afin d'appuyer les nageurs. Plus tard, il s'improvise concierge.

Rien d'un dirigeant typique d'une grosse fédération sportive. Il préfère la chemise sportive, shorts ou pantalons aux beaux habits rayés.

Et à travers tout, il ne cesse de vendre les athlètes aux médias en plus de rencontrer d'éventuels partenaires financiers. Il a multiplié les ententes à gauche et à droite. Les nageurs qui gagneront une médaille à Pékin toucheront des primes. "Mon travail est de créer un environnement qui va permettre aux jeunes de connaître du succès."

L'objectif, les finales

Et le succès aux Jeux ? Lafontaine ne va pas le mesurer en terme de médailles.

"Notre but, ce n'est pas juste des médailles. Nous voulons développer de la profondeur. Je veux voir plusieurs de nos nageurs atteindre les finales. Je veux voir tous nos relais en finales.

"Nous allons avoir une équipe qui sera solide sur les blocs de départ. Nous aurons des nageurs qui vont sentir qu'ils ont leur place là-bas."

Le but avoué est de voir le Canada dans une forme dominante en 2012 à Londres. "Nous avons encore du chemin à faire pour reprendre notre place, mais nous avançons", admet-il.

Mais le plus beau compliment provient de ses rivaux. Des pays auraient tenté de déraciner Lafontaine. L'an dernier, la fédération britannique aurait exprimé le désir de l'embaucher à titre de directeur technique de son équipe olympique selon le quotidien londonien The Times.

Le principal intéressé répète depuis son arrivée qu'il veut être de l'aventure canadienne jusqu'en 2012, minimum. "La journée où je serai satisfait, je vais lâcher", dit-il.

Pas de déménagement en vue

De toute façon, pour Pierre Lafontaine, il n'est pas question de déménager.

"J'ai reçu quelques offres d'emplois ici et là. Mais ma femme (Alisa), qui est Américaine, adore cela ici. Elle m'a déjà dit qu'elle ne partira pas. La cour de notre maison donne sur le parc de la Gatineau. Elle s'est même essayée à faire couler du sirop de la douzaine d'érables qui se trouve sur notre terrain."

Ce dernier en sera à sa cinquième présence aux Jeux olympiques. Il a conduit huit nageurs américains au podium en 2000 à Sydney et quatre Australiens en 2004 à Athènes.

Quel conseil va-t-il refiler aux nageurs canadiens en Chine ?

"Qu'ils ne s'en fassent pas avec les choses qu'ils ne contrôlent pas. Et des choses que tu ne contrôles pas, il va y en avoir", dit-il.

mcomtois@ledroit.com