La Française Marion Bartoli flottait sur un nuage à pareille date, ou presque, l'été dernier.

À la surprise générale, elle atteignait la finale du tournoi de Wimbledon et son acteur fétiche, Pierce Brosnan, qui assistait au tournoi dans une loge du All England Club, lui avait envoyé une gerbe de fleurs et un mot de félicitations après sa victoire aux dépens de Justine Henin en demi-finale.

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La sympathique athlète de 23 ans avait raconté avec beaucoup de candeurs aux médias qu'elle avait arrêté sa motion de service lorsqu'elle avait aperçu Brosnan dans les estrades, au moment où Henin était en train de l'écraser. «J'ai jeté un autre regard dans sa direction pour m'assurer que c'était bien lui. C'est comme si mon ange arrivait pour me sauver. Comme James Bond, qui arrive dans une situation désespérée et qui accomplit quelque chose d'extraordinaire»

Malheureusement pour Bartoli, James Bond n'est pas réapparu depuis. Son année 2007 s'est terminée avec une blessure au genou et une défaite cinglante de 6-0 et 6-0 contre Henin et les succès tardent toujours pour la jeune femme qui a été éprouvée par de nombreuses blessures depuis.

Déjà, le spectre de Nathalie Tauziat, MaliVai Washington et Chris Lewis - qui ont tous atteint la finale à Londres avant de s'effacer- commence à surgir.

Après une (autre) sortie hâtive à Roland-Garros il y a quelques semaines, elle déclare en avoir marre et menace de se retirer pour un bon moment. Mais elle persiste et atteint le troisième tour à Eastbourne, puis Wimbledon, où elle s'écrase cependant contre une adversaire modeste.

Lueur d'espoir à l'horizon, elle atteint la finale à Stanford il y a deux semaines avant de s'incliner devant la Québécoise Aleksandra Wozniak 6-3 et 7-5.

Un virus dans les vestiaires

Dixième tête de série cette semaine à la Coupe Rogers, Bartoli a peiné hier midi à son premier match du tournoi, sur le court central, contre la Britannique Melanie South, 136e au monde.

Mais, portée par les encouragements de la foule, qui a toujours un penchant pour les athlètes français, elle a surmonté une deuxième manche pénible pour l'emporter 6-3, 6-7 (5) et 6-0. «En fait, j'ai été malade. Quand le match est arrivé, ce matin, je ne me sentais pas bien, a-t-elle déclaré après son match. Il y a un virus ici qui traîne et beaucoup de joueuses ne se sentent pas bien. Pendant le premier set, je me suis accrochée pour ne pas trop le montrer. Mais vraiment, au deuxième set, je commençais à me sentir très, très mal. Un médecin est venu m'examiner, ma tension était très basse et j'avais envie de vomir. Mes bras et mes jambes tremblaient. Ils m'ont donné des médicaments et ça a commencé, je suis sortie aux toilettes et ça a commencé à faire effet un petit peu au troisième set, donc j'ai beaucoup mieux joué au troisième.»

Le fait d'affronter une joueuse provenant des qualifications du week-end n'est jamais une sinécure non plus, à moins de dominer son sport comme Federer, Nadal ou Ivanovic le font. «Forcément, elle a gagné deux matchs ici, donc elle est habituée aux conditions, aux balles. Les balles sont différentes de Stanford. Ici, c'est des Wilson alors qu'à Stanford, c'était des Penn. La surface n'est pas du tout la même. À Stanford, c'était beaucoup plus rapide. Il y avait donc beaucoup d'acclimatation mais bon, c'est mon métier. Je suis top quinze mondial et je dois m'adapter à ces conditions-là.»

Bartoli affrontera demain au second tour la gagnante du match entre Alisa Kleybanova et Ahsha Rolle, une qualifiée. Ses ambitions à Montréal? La jeune femme, très en verve et généreuse en entrevue, hésite pour la première fois de l'entretien. «Mes ambitions? Il faut forcément que j'en aie? Si je suis en santé, je vais essayer de gagner le plus de matchs possible. C'est tout ce qui m'importe, peu importe la manière, la forme et le jour.»

On peut la comprendre d'éviter de s'imposer de la pression additionnelle, compte tenu de son parcours depuis un an. Malgré tout, elle ne considère pas son succès à Wimbledon trop lourd à porter.

«C'est un avantage évident d'avoir atteint la finale à Wimbledon. C'est le tournoi le plus important au monde pour un joueur de tennis. Donc arriver à faire ce que j'ai fait pendant cette quinzaine-là, ça a été un grand moment pour moi, un grand moment humain à vivre. C'est vrai forcément que j'aimerais le reproduire, donc ça met plus de pression parce qu'on veut le refaire, mais de l'avoir vécu au moins une fois dans sa vie, ça vaut tous les sacrifices au monde et les heures passées à s'entraîner.»