La première défense obligatoire de Joachim Alcine lui aura été fatale. Hier, au stade Uniprix du parc Jarry, le Québécois a vu sa ceinture de champion du monde partir en fumée. Daniel Santos, qui ne dominait pourtant pas le combat, a sonné le Lavallois d'un crochet de la gauche au sixième round. Alcine ne s'est pas relevé.

Daniel Santos (32-3-1, 23 K.-O.), l'ancien champion du monde WBO qui avait perdu sa ceinture en 2005, a donc retrouvé un titre. Il est le nouveau champion des super mi-moyens (154 livres) de la WBA.

«Il m'a surpris. Il m'a eu avec un bon coup et il mérite le titre, a dit Joachim Alcine (30-1, 19 K.-O.), qui affichait une mine déconfite après sa défaite. L'arbitre a vu que je n'étais pas en état de continuer et il a mis un terme au combat. Il a fait le travail qu'il fallait. Il avait raison.»

«Ce sont des choses qui arrivent, a-t-il continué. Ça ne veut pas dire que je vais arrêter la boxe. C'est une expérience pour moi, et je vais retourner au gymnase m'entraîner.»

La première moitié du duel de 12 rounds a toutefois été partagée. Au premier assaut, Joachim Alcine semblait craindre ce que tous répétaient: Daniel Santos est d'un danger mortel en début de combat. C'est donc surtout Santos qui a balancé les premières salves. Le favori de la foule s'est contenté d'observer son adversaire, de lancer des regards à ses hommes de coin et de contre-attaquer.

Puis, Alcine a augmenté le rythme au deuxième assaut. Il a atteint Santos d'une droite solide au troisième round et l'accrochait sans cesse dès que ça bardait. Il a toutefois éprouvé des difficultés à se sortir des cordes au quatrième. Au cinquième round, le Lavallois a dominé. Puis, au sixième, Santos et Alcine se débattaient au centre du ring quand un crochet de la gauche a percé la garde du Lavallois. Alcine est tombé comme une feuille morte. Vers le compte de 7, il s'est relevé, pour aussitôt s'affaler de nouveau. L'arbitre l'a déclaré K.-O. à 2:10 du sixième assaut.

Fou de joie, Daniel Santos a été déclaré vainqueur et a enfilé la ceinture que «Ti-Joa» avait gagnée il y a un an au Connecticut.

«Je ne sais pas comment ça s'est produit, a expliqué le vainqueur après le combat. Je sais que j'ai de la puissance dans mes poings. C'est notre façon de faire, on y va mollo dans les premiers rounds et après, on met la gomme. Au début, tous les boxeurs sont résistants. Les rounds de championnat, ce sont les rounds 6 à 12.»

«Si (Joachim) veut une revanche, sortez l'argent, et je viendrai, a affirmé Santos. Je suis tanné de me battre dans des combats à 3$, je veux de gros combats. Je suis prêt à affronter n'importe qui à 154 livres qui a du fric.»

Yvon Michel, président du groupe GYM, qui a perdu hier son unique champion du monde, n'a pas voulu s'avancer sur le futur de Joachim Alcine. «L'entraînement de Joachim a peu à voir avec l'issue du combat, a dit Michel. Un K.-O., c'est juste un coup. C'est brutal, c'est cruel, mais ça ne pardonne pas.»

Une annulation, une surprise

La sous-carte du duel Alcine-Santos n'avait, sur papier, rien d'exceptionnel. L'annulation in extremis hier du principal combat de soutien n'a rien arrangé. Mais ce sont deux boxeurs étrangers, un Américain et un Argentin, qui ont sauvé les meubles en se livrant une belle bagarre.

GYM a en effet annoncé hier en début de journée que le Mexicain Alejandro Juarez, que devait affronter Phil Lo Greco, a été «testé» positif à l'hépatite C et ne pouvait donc pas combattre. Il s'agit d'une mauvaise nouvelle pour Lo Greco (15-0, 8 K.-O.), qui devait trouver chez Alejandro Juarez (15-1, 10 K.-O.) le plus dur adversaire de sa jeune carrière.

Malgré d'autres duels plus relevés, le combat de soutien principal est devenu, bizarrement, celui opposant deux novices. Tony Luis (2-0, 1 K.-O.) a livré une boxe toute en vitesse pour défaire Jean Charlemagne (1-6-2, 1 K.-O.) aux points après quatre rounds.

Lexpéditif David Lemieux (9-0, 9 K.-O.) a ensuite malmené le faire-valoir mexicain Oswaldo Gonzalez (1-8-1, 1 K.-O.): victoire du Montrélais par K.-O. technique au deuxième round.

Inespérés, Alex Bunema (30-5-2, 15 K.-O.) et l'Argentin Walter Dario Matthysse (26-4, 25 K.-O.) ont offert une belle performance chez les super mi-moyens. L'Argentin a été ébranlé au quatrième assaut et la foule ne donnait plus cher de sa peau. Mais avec une mâchoire d'acier et une volonté de fer, Matthysse a tenu deux autres rounds. Il a été mis K.-O au sixième assaut après une performance inespérée.

Le Montréalais Benyamine Besmi (10-0, 5 K.-O.) a quant à lui défait Baltazar Perez (3-3, 1 K.-O.), qui a jeté l'éponge au cinquième round.

En lever de rideau, le poids lourd Bermane Stiverne (15-1, 15 K.O.) a passé le K.-O. en un round à l'Américain Brad Gregory (10-1, 8 K.-O.).