Dès l'âge de deux ans, Jennifer Abel a été attirée par l'eau. Les sports aquatiques n'ont pas tardé à devenir une passion pour elle. Il ne faut donc pas s'étonner si la Lavalloise de 16 ans est devenue l'une des plus jeunes plongeuses canadiennes de l'histoire à se qualifier pour les Jeux olympiques.

«Mon père trouvait important qu'on sache nager et c'est la raison pour laquelle il a inscrit mon grand frère, Andy, à un cours de natation à l'âge de quatre ans et demi. Comme j'étais très proche de lui, la piscine m'a aussitôt attiré», rappelle Abel, qui a commencé à croire en ses chances de se qualifier pour les Jeux de Pékin lorsqu'elle a qualifié une deuxième place pour le Canada au tremplin de trois mètres à la Coupe du monde de la FINA en février.

C'est l'entraîneure Isabelle Cloutier, une ancienne plongeuse, qui a pris conscience de son énorme potentiel et qui l'a prise sous son aile au début. Et quand Cloutier s'est jointe au Club aquatique de Montréal (CAMO), Abel l'a suivie et elle a profité d'une structure qui a développé plusieurs plongeurs renommés, dont Alexandre Despatie.

Née d'un père haïtien et d'une mère québécoise, Abel a toujours été précoce dans son cheminement athlétique. A neuf ans, elle prenait déjà part aux championnats nationaux juniors et, à 12 ans, elle a commencé à compétitionner avec les seniors pour prendre de l'expérience.

«Mon plus grand défi les premières années a consisté à gérer mon énergie et mes émotions», dit-elle.

Selon l'entraîneur-chef au club CAMO, Michel Larouche, Abel est promis à un bel avenir sur la scène internationale. Et l'expérience qu'elle va acquérir de sa participation aux Jeux de Pékin sera un atout extraordinaire en vue des Jeux de Londres en 2012, quand elle aura développé son plein potentiel.

«Elle a connu une progression fulgurante cette année et ce n'est qu'un début. Elle réussit des choses que peu de filles peuvent faire au tremplin de trois mètres», raconte fièrement Larouche, ajoutant que Abel deviendra l'une des premières plongeuses à réaliser un double saut périlleux et demi avant avec deux vrilles, un plongeon exécuté seulement par les hommes présentement.

Une vie à la spartiate

La précocité d'Abel l'oblige toutefois à mener une vie à la spartiate. Pour combiner les études - elle vient de compléter son secondaire IV à l'école Antoine de St-Exupéry à Montréal -, l'entraînement, les voyages et les compétitions, il lui faut beaucoup de discipline.

«Pendant l'année scolaire, je me lève tous les matins de la semaine à 6h, je fréquente l'école de 8h à midi, je file ensuite vers la piscine où deux séances d'entraînement figurent au programme (13h-15h et 16h-18h). Le soir, je me consacre à mes travaux scolaires.»

Heureusement, elle bénéficie du programme Sports-Études, ce qui lui permet de concilier le tout sans hypothéquer son avenir académique.

Pour relaxer, elle aime bien prendre des nouvelles de ses amis au téléphone ou surfer sur Internet.

«L'amitié est importante pour moi, confie Abel, qui recherche surtout l'honnêteté chez ses proches. J'aime être là pour les autres, je ne suis jamais trop occupée pour les écouter.»

Le magasinage figure également dans ses passe-temps favoris.

«Je ne sais pas si c'est une qualité ou un défaut mais, quand j'aime quelque chose, je l'achète. C'est surtout vrai pour les vêtements, notamment les nouvelles collections.»

A 16 ans, elle a encore toute la vie devant elle. Bien des idées de ce qu'elle aimerait faire après le plongeon lui trottent dans la tête mais rien n'est encore fixé.

«Une chose est sûre, j'aimerais travailler avec le public. Peut-être dans les communications, comme styliste, photographe ou même artiste.»