(Montréal) Les jeunes qui fument, qui souffrent d’obésité ou qui ont des problèmes de santé mentale vieillissent en moyenne trois mois plus rapidement chaque année que leurs pairs, ont constaté des chercheurs néo-zélandais.

Cette découverte découle de l’étude Dunedin, qui examine l’état de santé de quelque 900 participants nés entre avril 1972 et mars 1973 dans la ville néo-zélandaise du même nom, entre les âges de 3 et de 45 ans.

Les chercheurs ont constaté qu’à l’âge de 45 ans, les participants qui avaient souffert entre les âges de 11 et 15 ans de deux des trois problèmes à l’adolescence marchaient 11,2 centimètres plus lentement que les autres ; avaient un cerveau plus vieux de 2,5 ans ; et un âge facial plus vieux de près de quatre ans.

« Le fait de fumer quand on est ado, d’avoir des problèmes de santé mentale ou d’avoir de l’obésité est associé à tout plein de problématiques au niveau de la santé globale, incluant le fait d’avoir des traits faciaux plus âgés à un âge plus jeune, d’avoir un cerveau qui montre des signes de dégradation comparativement à d’autres personnes du même âge, puis d’avoir […] des indicateurs de santé globale qui sont moins favorables », a résumé le docteur Nicholas Chadi, du CHU Sainte-Justine.

Inversement, a-t-il ajouté, si on prévient le tabagisme et l’obésité, et si on prend soin des problématiques de santé mentale, on augmente les chances « d’avoir de meilleurs indicateurs de santé au cours de la vie ».

Les chercheurs ont mesuré de multiples facteurs pour en venir à cette constatation, notamment l’indice de masse corporelle, la pression artérielle, la santé des dents et des gencives, et le cholestérol. Ils ont aussi évalué la santé cardiorespiratoire et procédé à une imagerie du cerveau.

Le tabagisme, l’obésité et les problèmes psychologiques peuvent accentuer l’inflammation et le stress oxydatif dans l’organisme, menant à une accélération du vieillissement. Les jeunes qui avaient des troubles de santé mentale comme l’anxiété, la dépression ou le TDAH étaient aussi possiblement moins susceptibles que les autres de bien s’alimenter ou d’être actifs physiquement.

« On ne peut pas dire que les problèmes de santé mentale affectent uniquement le psychologique, a souligné le docteur Chadi. Ça affecte tout autant la santé physique, et ça, c’est confirmé maintenant dans l’étude. »

Ces travaux mettent en relief l’importance de la prévention en illustrant clairement les conséquences néfastes pour la santé de choix faits pendant la première moitié de la vie, a-t-il dit, ce qui pourrait servir de motivation à ceux qui cherchent par exemple à cesser de fumer ou à perdre du poids, en leur montrant ce qui les attend à l’âge mûr si rien ne change.

De plus, l’étude néo-zélandaise ne dit pas encore comment la santé des participants évoluera jusqu’à l’âge de 60, 80 ou 100 ans, a rappelé le docteur Chadi. Est-ce que les effets néfastes s’intensifieront en vieillissant ? Y a-t-il un moment optimal où il serait plus efficace de modifier ces comportements ? Seul le temps le dira.

Toutefois, de multiples études ont démontré au fil des ans qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et décider de se prendre en main, et que même ceux dont le corps est le plus abîmé profiteront d’une amélioration de leurs habitudes de vie.

« On sait clairement que de faire des changements entre l’adolescence […] et 45 ans a un gros impact, mais ça ne veut certainement pas dire que c’est peine perdue et qu’il est trop tard », a conclu le docteur Chadi.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal JAMA Pediatrics.