« Je me suis donné une mission, être la Jeanne d’Arc des femmes périménopausées ! », s’exclame Mirella Di Blasio, autrice de La périménopause sans filtre, 40 symptômes à apprivoiser, que nous avons rencontrée dans son bureau du boulevard Saint-Laurent.

« Et ne levez pas les yeux au ciel, messieurs, car ce livre s’adresse aussi à vous, dit-elle. Il vous sera utile pour mieux comprendre vos conjointes, collègues, amies, sœurs. »

Le ton est donné. On ne plaisante pas avec Jeanne d’Arc ! C’est en lisant un article sur la ménopause paru dans le New York Times Magazine intitulé « La souffrance silencieuse » que Mirella Di Blasio s’est dit : « Ça suffit, il est temps d’aider les femmes à traverser cette période difficile de leur vie. Il faut lutter contre la stigmatisation et la discrimination envers les femmes ménopausées, et c’est pour ça que j’ai écrit ce livre. » Elle cite la journaliste Susan Dominus, qui terminait son article ainsi : « Si les hommes vivaient les symptômes de la ménopause comme nous les femmes, on se serait penché sur des pistes de solution il y a belle lurette ! »

Mirella Di Blasio est une femme pleine d’énergie qui a fondé en 2003 son entreprise Lulu évènements, une agence évènementielle corporative. Au moment de la périménopause, qui est le passage progressif vers la ménopause (dans la quarantaine), une tempête de symptômes l’a frappée de plein fouet. Elle ne se reconnaissait plus, morte de fatigue, elle avait des douleurs articulaires, des pertes de mémoire, des bouffées de chaleur, des maux de tête, la peau sèche, un état dépressif, de l’insomnie, de l’anxiété, une faible estime d’elle-même. Elle avait envie de quitter son conjoint, de fuir ses responsabilités, d’envoyer promener ses clients et de se cacher le temps que ça passe.

« C’est une phase ingrate de la vie et parfois certaines femmes n’acceptent pas de vieillir. Elles ne veulent pas qu’on les voie autrement qu’en femmes fortes, en contrôle, elles ont peur de montrer leurs vulnérabilités, alors qu’elles se sentent mal physiquement et mentalement, c’est terrible », lance-t-elle.

Dans son livre, elle parle des 40 symptômes reliés à la périménopause et évoque son expérience avec humour et autodérision. Il y a aussi des témoignages de femmes, car l’autrice estime qu’il faut en parler sans tabou. « Trop de femmes ont encore honte », dit-elle.

Même entre elles parfois, elles n’osent pas avouer qu’elles ont des symptômes. Ce serait bien de créer une sororité autour de ça, si on peut s’accepter l’une et l’autre et se soutenir.

Mirella Di Blasio

Pour compléter le tout, la journaliste Sophie Allard a recueilli les conseils de 12 professionnelles de la santé et du mieux-être. Gynécologue, sexologue, dermatologue, physiothérapeute, diététiste-nutritionniste, naturopathe et professeure de yoga proposent des pistes de solution pour mieux traverser cette étape de la vie. « Chaque femme peut trouver ce qui lui convient. Il y a des pistes à explorer », explique Mirella Di Blasio.

Changer les mentalités

Mais comment faire pour que les mentalités changent ? L’éducation reste la clé. « Il faut dire aux gens à quel point il est important de parler de la ménopause, sensibiliser aux symptômes que les femmes peuvent avoir et qui peuvent être douloureux. C’est vrai qu’on en parle plus, il y a eu le documentaire de Véronique Cloutier, il y a Michelle Obama, Naomi Watts, Oprah Winfrey, mais il faut que dans les milieux de travail, il y ait plus de soutien. Au Canada, le quart de la main-d’œuvre est constitué de femmes âgées de 40 ans et plus. Les femmes souffrent en silence, ne lèvent pas la main pour obtenir des postes à responsabilité, parce qu’elles se sentent à côté de leurs pompes, estime l’autrice. Ça nous rend anxieuses, on doute de soi, on se sent vieilles, on culpabilise, car on n’est pas à son meilleur. On se sent coupables. »

Selon l’autrice, il y a eu du progrès, mais pas assez. « On est en 2023, on devrait être plus en avance que ça. On devrait avoir plus de ressources, plus de soutien, non ? Plusieurs femmes disent avoir le sentiment d’être seules à vivre difficilement la périménopause, alors parlons-en ouvertement, car si on n’est pas capables de montrer notre vrai visage entre nous, de peur d’avoir l’air vieilles, on n’avancera pas », conclut Mirella Di Blasio.

Quatre symptômes à mieux comprendre, selon Mirella Di Blasio

Les troubles du sommeil

« Se réveiller à 2 h, 3 h, 4 h du matin sans qu’on arrive à se rendormir, ça arrive… car la nuit, c’est le moment où les petits problèmes de l’existence prennent des proportions hors normes. La prise de mélatonine est une piste à explorer, éviter la caféine de quatre à six heures avant d’aller au lit, prendre des repas plus légers le soir en évitant la consommation d’alcool. »

La faible estime de soi

« Les femmes sont dures envers elles-mêmes et entre elles. On a le jugement facile. Prise de poids, fatigue extrême, perte de mémoire, un terreau fertile pour multiplier les dialogues intérieurs néfastes. J’étais l’ombre de moi-même, j’avais perdu ma vitalité, mais c’est en entendant une dame me dire ‟c’est un privilège de vieillir” que je me suis dit qu’elle avait raison. Cette phrase m’habite depuis. Ne vous repliez pas sur vous-même et ne vous examinez pas sous toutes les coutures. »

La peau et les cheveux secs

« J’avais des démangeaisons tellement ma peau était sèche, tout comme mes cheveux et mes yeux étaient secs. Il est bien de privilégier les savons naturels sans parfum tout comme une crème anti-démangeaisons recommandée par votre pharmacien. »

La colère

« Ma colère était incontrôlable, comme une bouffée de chaleur, elle sortait d’un seul coup sans prévenir, à la puissance 1000. Il est sain d’éprouver de la colère, sachez que vous êtes normale et soyez indulgente envers vous-même. La méditation m’a permis d’apprivoiser ma colère, tout comme faire du sport, ça défoule, ou encore le fait de faire de longues marches. »

La périménopause sans filtre, 40 symptômes à apprivoiser

La périménopause sans filtre, 40 symptômes à apprivoiser

Édito

215 pages