Si vous êtes à court d’options pour faire le trajet vers l’île de Montréal, Navark offre encore cette année un service de navette fluviale. À la barre d’un des bateaux : Lexane Noël, 19 ans, qui suit les traces de son père… et de plusieurs générations de Noël.

Lors du passage de La Presse plus tôt en juillet à la marina de Longueuil, Lexane était en train d’aider ses assistants à préparer la croisière des feux d’artifice. Nous l’avons rencontrée avec son père Normand à bord d’une des 28 navettes que possède l’entreprise et qui assurent 4 des 6 liaisons entre la Rive-Sud et Montréal.

Navark a été fondée en 1989 par le père de Normand Noël, Paul-Émile Noël. D’aussi loin qu’elle se souvienne, Lexane a toujours été impliquée dans l’entreprise familiale.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Lexane Noël et son père Normand

« Je trouve que c’est vraiment un bel héritage, dit la jeune femme. J’ai grandi dans ce monde-là, forcément, et mes deux parents y ont travaillé. J’ai vu des photos de moi, toute petite, sur la navette. Donc j’ai toujours été là et j’ai toujours été fière de faire partie de cet univers-là. D’autant plus que le bateau, c’est un super bel environnement de travail, je trouve ça génial de pouvoir continuer de faire ça. »

Lexane a déjà travaillé sur d’autres traverses chez Navark l’été dernier, mais il s’agira de sa première saison comme capitaine à faire celle entre Longueuil et l’île Charron, les fins de semaine et les jours fériés.

Une grande charge de travail

À la suite de son passage au Collège de la Garde côtière, Lexane a obtenu son brevet de capitaine, qui lui a permis de commencer à faire des traverses dès l’été dernier. À 19 ans, elle est déjà bien ancrée dans le milieu naval. « J’aime vraiment faire le côté service à la clientèle et je préfère le faire ici qu’ailleurs parce qu’on est sur les bateaux, sur l’eau, et on passe les journées à l’extérieur. C’est vraiment quelque chose que j’adore », lance Lexane.

Son père est-il à l’aise de la laisser piloter seule le bateau, d’une rive à l’autre ? « Absolument ! s’exclame Normand. Elle a déjà assez d’expérience pour mener à bien ses opérations. Je n’ai aucun doute, tout est déjà réglé de ce côté-là. »

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À la suite de son passage au Collège de la Garde côtière, Lexane a obtenu son brevet de capitaine, qui lui a permis de commencer à faire des traverses dès l’été dernier.

En raison de la météo et de la popularité grandissante des services, Normand Noël s’attend à voir une saison particulièrement achalandée cette année : plus de 300 000 personnes pourraient monter à bord de l’une des navettes.

En plus de piloter les bateaux, Lexane s’occupe du côté administratif et évènementiel de l’entreprise. Durant la saison morte, elle se charge principalement de la gestion des opérations des bateaux. « Je m’occupe de secteurs comme la billetterie, la logistique et la coordination, afin de préparer la saison à venir, confie-t-elle. Ça me tient occupée, puisque je suis aux études en même temps ! Mais je suis une vraie passionnée du métier. »

Femme dans un monde d’hommes

Normand explique que son arrière-grand-père pilotait des bateaux et que l’héritage s’est transmis d’une génération à une autre, de père en fils… et c’est maintenant au tour de sa fille de prendre la relève.

Aujourd’hui, le père se dit tout aussi fier de voir sa fille prendre la barre du bateau familial, après une longue lignée d’hommes avant elle. Lexane estime qu’il s’agit de grands souliers qu’elle s’apprête à chausser, et c’est une tâche qu’elle ne prend pas à la légère. Elle a bon espoir d’un jour voir plus de collègues féminines autour d’elle.

« C’est sûr que l’industrie est en évolution, explique-t-elle. Il y a une dizaine d’années, il n’y avait aucune femme, ou presque, dans le domaine maritime. »

Mais on constate qu’il y a de plus en plus de femmes qui postulent pour être matelot ou capitaine. Présentement, c’est environ le tiers des capitaines qui sont des femmes. C’est vraiment le fun d’en faire partie.

Lexane Noël

Après avoir touché aux secteurs administratif et évènementiel de Navark, Lexane veut maintenant profiter des prochains mois pour maîtriser le côté mécanique du bateau. Son objectif pour cet été sera de grimper les échelons de son brevet de capitaine, ce qui lui permettra de piloter des bateaux plus gros.

Cet été, la jeune capitaine de Navark passe la saison sur le terrain (et sur l’eau !) avec son père et poursuit son apprentissage dans l’industrie navale, avant de reprendre ses études en comptabilité et en gestion à l’automne.