Comment éviter qu’un désaccord avec un voisin mène à une explosion de colère ? Qu’un incident avec un autre automobiliste provoque un débordement de violence ? Dans son nouveau livre Cessez le feu ! – Comment désamorcer les violences au quotidien, la travailleuse sociale Isabelle Côté explique comment on peut mettre un frein à des situations qui pourraient déraper et entraîner de sérieuses conséquences. Voici trois exemples tirés de cas réels et ses conseils pour y faire face.

Lors d’un match de soccer que vous évoquez dans le livre, le grand-père d’un jeune joueur frappe un arbitre de 17 ans. Comment éviter d’en arriver là ?

« Ça, c’est une escalade rapide. Je l’ai vu dans les arénas, je l’ai vu dans plein d’autres situations, souligne Isabelle Côté. La personne vit une frustration. Dans sa tête, elle est en train de faire un discours : “Cet arbitre ou cette personne-là me veut du mal, elle est menteuse, tricheuse.” Et là, elle commence à crinquer son esprit au lieu de se calmer, elle remarque juste cette personne-là et ses défauts parce que la colère entraîne une vision tunnel – tu ne vois plus rien de bon. Puis elle se dit : “Je vais intervenir, il faut que ça s’arrête.” Elle se lève, elle va vers l’arbitre, et là, elle est dans une colère bleue – ce n’est plus une colère rouge –, elle crie, elle devient intimidante et l’autre personne lui pousse un peu l’épaule. Il ne faut pas toucher quelqu’un qui est en colère, c’est sûr qu’il va réagir ! Prends une distance d’à peu près un mètre, montre tes mains et la personne va voir que tu ne lui en veux pas, que tu ne veux pas l’attaquer. Tout de suite, ça va faire un meilleur effet. On a le pouvoir de diminuer les gestes de violence dans notre société. Premièrement, en étant conscient de son état pour éviter d’être un agresseur sous le coup de la colère ; deuxièmement, en empêchant les autres, par tous les moyens, de devenir violents envers soi. Si tu essaies une communication alternative et que ça ne fait pas, tu t’éloignes parce que sinon tu vas créer des problèmes à toi et à l’autre… Il faut être assez fort pour surmonter l’envie de lui sacrer une claque sur la gueule ! »

Vous coupez quelqu’un en voiture et cette personne se met en furie. Que faire ?

« Ça m’est déjà arrivé d’être dans la lune puis de couper le chemin à quelqu’un et la personne était en maudit, confie Isabelle Côté. J’ai fait une face “je m’excuse” ; c’est tout ce que je peux faire. Peu importe que la personne m’envoie le doigt, qu’elle me montre le poing, elle a droit à une réaction. J’ai fait une gaffe, je l’assume, c’est correct ; mais si elle m’envoie le doigt et que je fais pareil, là, on s’en va vers une escalade. Il faut être fort et accepter les embûches, accepter nos erreurs et la réaction de l’autre. J’essaie de comprendre et je n’insiste pas. Mais si elle court après vous, vous colle et cherche à avoir un accident, pour votre sécurité et celle des autres, arrêtez-vous sur le bord du chemin, verrouillez vos portes et montrez-lui que vous appelez le 911. L’individu va peut-être prendre conscience qu’il est en train de faire un fou de lui et partir, ou bien quelqu’un va l’arrêter avant qu’il soit capable d’entrer dans votre voiture. Il y en a qui ont la mèche plus courte que d’autres, on ne sait pas pourquoi. Pensez toujours à votre protection : on ne sort pas de la voiture si on n’est pas sûr que la personne est en contrôle de son corps. »

Tous les soirs, c’est le party chez votre voisin, le volume de la musique est au plafond jusqu’à une heure avancée. Comment gère-t-on la situation ?

Côté voisinage, il y a des règlements municipaux, note Isabelle Côté. « Les inspecteurs municipaux peuvent vous donner de bons conseils. Et dites-le à l’inspecteur que vous ne voulez pas de problèmes avec votre voisin, que vous voulez vous informer de vos droits et voir ce que vous pouvez faire de façon délicate. Mais allez jaser aussi avec les autres voisins pour voir si vous êtes seul à vous plaindre. » Et si vous tentez une communication avec le voisin en question, préparez-vous, insiste-t-elle. « Allez-y avec une bonne attitude, une journée où vous êtes de bonne humeur – pas quand vous êtes à bout ! Vous ne savez pas comment il va réagir, il peut vous envoyer promener puis faire pire – il y en a même qui ont eu des menaces. Choisissez votre moment pour lui parler et prenez le temps de vérifier s’il a de la visite, dites-lui que vous reviendrez. Normalement, quelqu’un de bon sens va comprendre que c’est important d’avoir une bonne entente de voisinage. Avec une bonne approche, en général, je peux vous dire qu’on règle ça à au moins 80-90 % des cas. »

Cessez le feu ! – Comment désamorcer les violences au quotidien

Cessez le feu ! – Comment désamorcer les violences au quotidien

Trécarré

136 pages