Cela vous dirait un plancher de salon fait de bois immergé durant une centaine d'années ? Depuis trois ans, Mark Sarasen et Élise Turpin redonnent vie au bois de la drave de la vallée de l'Outaouais. Ils remontent à la surface les billes qui ont coulé dans le lac Simon, dans la région de la Petite-Nation, pour en faire des planchers, des moulures ou même des comptoirs.

Conservé sous l'eau, le bois ne possède plus de résine ou de sève, ce qui apparemment le rend plus résistant. Il n'a pas pourri puisqu'il était privé d'oxygène. Les minéraux lui ont donné de belles teintes de vert, de gris ou de mauve par endroits. Ce bois récupéré, avec une valeur historique, se détaille 7,32 $ le pied carré pour une largeur de planche de 3 pouces et demi. D'autres formats sont aussi disponibles.   

«À une certaine époque, 25 000 billots par jour descendaient le long de la rivière de la Petite-Nation, dans la rivière des Outaouais, puis, vers Québec. Il y a des forêts entières en réserve, car 5 à 8 % des billots calaient ! Le bois était trop dense, trop pesant», explique Mark Sarasen.

M. Sarasen et sa conjointe ont mis sur pied la petite entreprise Les Bois D'eau en 2008. Ils transportent et mènent au séchage leur cargaison qui doit respirer sept à huit mois à l'air libre. Puis, les billots passent au séchoir à Thurso. Un associé se charge ensuite de la transformation.

Ils attachent les bouts des billots avec une corde pour les faire remonter à la surface, une quinzaine à la fois.  Ils ne peuvent s'activer que du 1er juillet au 30 septembre afin de respecter les frayères des poissons. C'est pourquoi la production est tout de même limitée.

Du bois récupéré et historique

La grande période de la drave remonte aux années 1850-1900. Tout a commencé pour Marc Sarazen au début des années 2000, lors du visionnement d'un reportage télévisé sur une compagnie du Wisconsin qui faisait la même chose au Lac Supérieur. Il s'est dit:  pourquoi pas moi ? En 2002, il a plongé dans le lac et découvert ces trésors. Il a fait examiner des tranches de billots par des chercheurs de l'Institut québécois d'aménagement de la forêt feuillue (IQAFF).

Ils ont constaté que les billots dataient déjà de 200 ou 300 ans. De la pruche de l'Est et du pin blanc. «On se dit qu'on ramasse du bois qui date de 1600 ! C'est du bois plus résistant et dense que celui d'aujourd'hui. Il a plusieurs anneaux de croissance. Et aussi à l'époque,  les hivers étaient beaucoup plus rigoureux.»

Le travail de récupération entrepris mène aussi à une dépollution des lacs qui retrouvent ainsi un plus grand volume d'eau. «Au printemps, à la crue, quand les billots roulent dans le fond, ils lèvent les sédiments et aussi du phosphore, celui qui alimente les algues bleues.»

La réserve de billots est suffisante pour quelques années et la compagnie Les Bois D'eau souhaite même agrandir ses installations.

www.lesboisdeau.com

Photo fournie par les Bois D'eau

C'est avec un sonar que L'entreprise détecte les billots qui serviront à faire des planchers

Photo fournie par Les BOis D'eau  

Un beau plancher rustique en bois de drave, ça a de la valeur !

Photo fournie par Les Bois D'eau

Un beau plancher rustique en bois de drave, ça a de la valeur !

Photo fournie par Les Bois D'eau

Un beau plancher rustique en bois de drave, ça a de la valeur!