Les robots domestiques commencent à envahir notre sphère privée : ils passent l'aspirateur et tondent la pelouse tout seuls, ils nettoient le lait qui a débordé ou les canalisations difficiles d'accès, ils tiennent compagnie aux enfants et aux personnes âgées, ils surveillent et déclenchent des alarmes.

Mais, avec cette évolution, des questions d'ordre juridique, jusque-là inconnues, se font jour. Qui sera responsable des bêtises faites par un robot? Vers qui faudra-t-il se tourner si l'un de vos robots domestiques vous écrase les pieds, fait tomber votre chat par la fenêtre ou donne une gifle à votre bébé?

 

Il y a encore quelques années, les robots étaient surtout utilisés en milieu industriel, médical et militaire : construction de voitures dans les usines, livraison de matériel dans les hôpitaux, détection de bombes sur les champs de bataille, par exemple.

Désormais, ils étendent leur influence à la sphère privée. Et, dans un proche avenir, la présence des robots dans les foyers des pays développés va encore s'accentuer sous l'effet de deux phénomènes: la baisse des prix et la mise au point de nouvelles technologies permettant de créer des machines affectées à des tâches de plus en plus spécialisées.

D'ici 2015, les ventes de robots privés devraient quadrupler aux États-Unis pour atteindre 5 milliards US, selon la firme ABI Research, spécialisée dans l'analyse des tendances technologiques.

Bien sûr, nul ne s'attend à ce qu'une bande de Terminators attaque les hommes ou qu'un ordinateur sur le modèle de 2001 : l'odyssée de l'espace prenne le contrôle. Pour autant, même des robots peu sophistiqués et inoffensifs pourront avoir des implications légales, sociales ou éthiques.

Implications

«Comme nous comptons de plus en plus sur des systèmes automatisés, nous devons réfléchir aux implications. Cela fait partie de notre mission de scientifiques responsables», souligne Eric Horvitz, chercheur chez Microsoft.

Ces nouveaux robots domestiques, en devenant de plus en plus spécialisés, pourraient poser des questions de plus en plus complexes de responsabilité liée aux produits. Si un robot se détraque et commet un dégât ou un dommage, il n'est pas certain que le fabricant d'origine puisse être tenu responsable, prévient Ryan Calo, membre du Center for Internet and Society de l'Université de Stanford.

«Les robots ne sont pas seulement des objets que les fabricants construisent, avec lesquels vous repartez et dont vous vous servez à des fins précises. Les robots peuvent souvent recevoir des consignes, être programmés ou contenir des logiciels développés par autrui», souligne-t-il.

Il n'existe pas, aux États-Unis, de lois régissant spécifiquement les robots. Mais, «si un robot devient de plus en plus autonome et peut prendre lui-même des décisions, que se passera-t-il s'il n'exécute pas exactement les volontés de son propriétaire?» s'interroge George Bekey, chercheur en robotique et professeur émérite à l'University of Southern California.

Il faut également réfléchir aux interactions homme-robot. «Il est nécessaire d'intégrer de l'éthique dans les systèmes», estime Ronald Arkin, chef du laboratoire de robots mobiles et professeur à la Georgia Tech et auteur d'un livre intitulé Régir les comportements mortels chez les robots autonomes. «Il ne s'agit pas seulement de fabriquer un système qui assiste quelqu'un. Il s'agit de fabriquer un système qui interagit avec quelqu'un d'une façon qui respecte sa dignité.»