Nous avons tous notre endroit préféré dans la maison. Des gens nous font découvrir leur pièce de prédilection.

Chaque matin, alors que la maisonnée est encore endormie, Manon Lavoie va boire son café dans la petite alcôve toute vitrée de son atelier, au second étage de sa maison de Mont-Saint-Hilaire. Assise à sa petite table de travail, elle prend le temps de rédiger quelques réflexions dans son journal personnel en regardant la nature s’éveiller peu à peu autour d’elle.

« C’est comme si j’étais dans une cabane dans les arbres. L’été, je suis entourée de verdure. Quand il fait encore noir et que je n’allume qu’une petite lampe, c’est un endroit féerique pour regarder le soleil se lever », raconte cette mère de trois grands enfants. « Ces moments-là, c’est pour moi une parenthèse de temps suspendu dans un monde qui tourne trop vite. »

L’atelier de Manon Lavoie semble en effet doté d’un pouvoir magique, celui de plonger ses occupants dans un monde imaginaire, dès qu’on en pousse la porte.

Avec ses tables jonchées de matériel artistique, ses murs tapissés de dessins et de collages, ses bibliothèques emplies à ras bord de livres et surmontées de plantes vertes, cette pièce inondée de soleil semble donner accès à un univers onirique. On s’y sent aussitôt chez soi, comme si on retrouvait un lieu rêvé.

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Dans l’atelier de Manon Lavoie, des collages au mur

« C’est le reflet de ce que je suis et de mon travail », affirme cette coach en créativité et en psychologie positive.

Cet atelier est mon cocon, mais il est ouvert aux autres. Il rassemble des choses qui font partie de ce que je suis. Il ne contient rien de précieux ni de beau pour juste faire beau. Tout ici me sert à quelque chose.

Manon Lavoie

Elle ajoute, l’air à la fois pensif et amusé en regardant les œuvres en technique mixte qui ornent ses murs : « Je me sens ado avec mes collages sur mes murs. C’est comme si j’étais dans ma chambre quand j’allais au secondaire. »

Créer pour le plaisir

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Une ambiance de classe d’arts plastiques règne dans l’atelier.

Une ambiance de classe d’art plastique règne dans cet atelier au plafond cathédrale. Des feuilles peinturlurées de couleurs vives, ou simplement crayonnées, s’empilent sur la table de travail et sur les tablettes, parmi les pinceaux et les tubes de peinture. Chacun de ces bouts de papier contient une valeur créative aux yeux de Manon Lavoie.

« Il n’y a pas de mauvais dessin », affirme cette dernière. « On peut en prendre un petit bout pour l’intégrer, avec d’autres petits bouts, dans quelque chose de plus grand qui deviendra beau. C’est comme la vie. »

Manon Lavoie base son travail sur la théorie du flux (flow en anglais) du psychologue hongro-américain Mihály Csíkszentmihályi, ainsi que sur le programme de réduction du stress basée sur la présence attentive (aussi dit « pleine conscience ») du médecin américain Jon Kabat-Zinn. Elle offre des formations en ligne et des séminaires en retraite fermée.

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L’atelier de l’artiste Manon Lavoie, sa pièce chouchou

J’enseigne aux femmes à libérer leur créativité pour aller à la rencontre d’elles-mêmes. Elles créent pour le simple plaisir de créer, pas pour faire beau.

Manon Lavoie

Un immense (et magnifique) collage, qui couvre un mur complet de son atelier, illustre à la perfection l’approche qu’elle préconise. On y trouve des images de magazines de toutes sortes, des symboles et des mots imprimés, le tout agencé de manière esthétique, mais dans un ordre qui semble aléatoire.

« C’est ce qu’on appelle un tableau de visioning. Il permet de laisser venir à soi les images porteuses de sens à travers son corps », explique Mme Lavoie, qui voit avant tout l’acte créatif comme une voie vers la résilience et le bien-être.

La couture comme exutoire

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Manon Lavoie s’est retrouvée dans le geste créateur.

Une ancienne table de machine à coudre occupe une place de choix parmi les meubles hétéroclites de l’atelier. « Elle symbolise mon retour à moi. Le début de tout », confie l’ancienne spécialiste en marketing et en communication pour une grande entreprise.

C’est en effet par cette machine à coudre, qui appartenait à sa grand-mère, que Manon Lavoie a pris conscience de la nécessité d’un changement de vie.

« J’étais enceinte de mon premier enfant à l’époque. Je ne savais pas comment me servir de cette machine, mais je ressentais un goût féroce d’apprendre. Un jour, je me suis dit “c’est là que ça se passe”. J’ai enfilé une aiguille et je me suis mise à coudre des carrés de beaux tissus. Sans aucune raison, sans vouloir faire quelque chose d’utile », raconte-t-elle, en se remémorant le formidable sentiment libérateur du moment.

« C’était un exutoire. J’étais complètement concentrée sur l’aiguille et sur les tissus qui avançaient. J’ai appris plus tard que j’avais atteint le flow », poursuit celle qui s’est mise ensuite à coudre sans retenue pochettes, fanions, sacs et courtepointes « juste pour honorer [sa] créativité ».

Près de 20 ans plus tard, par la magie de l’internet, Manon Lavoie fait entrer des centaines de femmes de tous les âges dans son atelier plein de soleil. Elle leur montre, de jour en jour, à abandonner l’idée de performance pour n’être qu’elles-mêmes. « Je les reçois dans mon cocon », conclut Manon Lavoie.

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