Les jours allongent, le soleil est plus ardent, on se met à rêver au printemps. À l’intérieur, nos plantes amorcent leur renaissance. Mais pour notre petit monde végétal domestique, et pour ceux qui s’en occupent, c’est souvent le début d’un cauchemar : l’apparition des « bibittes » hivernales. Quelques conseils pour ne pas sombrer dans le désespoir.

Un problème souvent incontournable

Cochenilles farineuses, mouches blanches, acariens, cochenilles à carapace, kermès, tétranyques, aleurodes, pucerons, tout un vocabulaire pour désigner une faune minuscule, souvent microscopique, mais vorace à souhait. Une armée qui semble se coordonner pour attaquer nos plantes à ce temps-ci de l’année.

PHOTO ROBERT WEBSTER, WIKIMEDIA COMMONS

Les cochenilles farineuses peuvent devenir rapidement un cauchemar pour les plantes d’intérieur si elles ne sont pas contrôlées. On en compte plus de 1000 espèces.

« En réalité, le problème commence l’automne quand nous entrons nos plantes à l’intérieur », explique l’agronome-conseil Claude Gélinas, expert en matière de prédateurs et de maladies des plantes.

Même en procédant à des lavages ou à d’autres traitements préventifs lors de leur entrée à la maison, il est presque inévitable qu’un certain nombre de bestioles, sous une forme ou une autre, réussisse à échapper à l’élimination.

Claude Gélinas, agronome-conseil

Les plantes achetées dans le temps des Fêtes ou reçues en cadeau peuvent aussi devenir un facteur de contamination. Si les producteurs font des pieds et des mains pour éliminer les indésirables, rentabilité oblige, ces précautions sont beaucoup moins appliquées chez les détaillants, notamment les grandes surfaces. Et il suffit d’un seul spécimen pour affecter une foule de plantes en santé.

Bien à l’abri du regard, tout ce petit monde indésirable entre en dormance durant l’hiver. Il sortira de sa discrétion quand les jours allongent, un réveil favorisé par les températures élevées et l’atmosphère sèche de nos appartements. C’est le début des ennuis.

Une armée de vampires

Les ravageurs de végétaux d’intérieur sont légion et la plupart d’entre eux sont des vampires assoiffés. C’est le cas des innombrables espèces de cochenilles, des araignées rouges (acariens) ou encore des mouches blanches (aleurodes). Ils se nourrissent de la sève des plantes qui dépérissent plus ou moins rapidement selon le degré d’infestation. Quand les cochenilles sont en cause, les feuilles deviennent collantes en raison du miellat qu’elles produisent. Très dégoûtant ! Et le ballet des mouches blanches n’est guère apprécié non plus. Quant aux minuscules acariens, ils révèlent habituellement leur identité grâce à leurs fils qui rappellent une toile d’araignée.

PHOTO GUIDO BEHNE, WIKIMEDIA COMMONS

Leur ballet intérieur est déplaisant, mais, en plus, les mouches blanches vivent aux dépens de la sève de nos plantes.

Les soins intensifs

« Quand une plante est trop attaquée, vaut mieux s’en débarrasser pour éviter une généralisation du problème », indique Claude Gélinas, une option radicale conseillée aussi par le Jardin botanique de Montréal.

PHOTO PIERRE MCCANN, ARCHIVES LA PRESSE

Ce petit point brun à la base d’une orchidée est une cochenille à carapace. Faute d’avoir été éliminées rapidement, ces bestioles se multiplient très rapidement et deviennent de plus en plus difficiles à éradiquer.

Pour éviter cette solution crève-cœur, il faut agir dès les premiers signes d’invasion. D’abord isoler la victime, puis en guise de premier traitement, lui donner une douche avec un bon jet d’eau pour déloger une foule d’indésirables. Ensuite, éliminer chaque bestiole résistante à la main, à l’aide d’un coton-tige. Une opération suivie d’un arrosage avec un savon insecticide qu’il faudra probablement refaire de temps à autre. Claude Gélinas conseille en outre un activateur de sol, genre Earth Alive, qui permettra justement à la plante affaiblie de tirer le maximum d’éléments nutritifs du sol grâce à l’apport de micro-organismes.

Une recette utile

En production commerciale, c’est une lutte biologique de tous les instants qui a cours. Les producteurs utilisent des prédateurs spécifiques à raison de centaines de milliers, sinon de millions de façon régulière. Difficiles d’utilisation à la maison. Il y a quelques années, avant qu’il n’applique la lutte biologique intégrale, le Jardin botanique disait contrôler la grande majorité de ses problèmes d’insectes en serre grâce à ces deux solutions :

  • 20 ml de savon insecticide et 20 ml d’alcool mélangés à un litre d’eau.
  • 10 ml d’huile de dormance mélangée à un litre d’eau. Arroser une fois par semaine durant quatre à cinq semaines en alternant chaque solution.
Consultez le site de l’agronome Claude Gélinas