Trois jours après l’attaque-surprise du Hamas, Israël a continué lundi d’intensifier ses frappes aériennes sur la bande de Gaza. L’avenir du conflit demeure incertain, laissant place à différents scénarios. En voici quelques-uns.

Une invasion terrestre de Gaza par Israël

Les risques d’une invasion terrestre de Gaza par Israël sont très élevés, estime Csaba Nikolenyi, professeur au département de sciences politiques et directeur de l’Institut Azrieli d’études israéliennes à l’Université Concordia. « L’armée [israélienne] se mobilise déjà très rapidement et à grande échelle », dit-il. Selon lui, l’offensive terrestre pourrait toutefois être freinée dans l’éventualité d’une flambée de violence ailleurs dans le pays, comme dans le Nord avec le Hezbollah ou encore en Cisjordanie. « Le Hamas, responsable de la dernière attaque, a appelé à un large soulèvement arabe contre Israël. La capacité à contrôler ce mouvement est un élément qui influencera les décideurs concernant une éventuelle offensive terrestre et le choix du moment pour le faire. »

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a d’ailleurs annoncé lundi un siège complet de la bande de Gaza, sans électricité, sans eau et sans gaz. « S’ils affament ou assoiffent la population civile, ce sera une violation du droit international humanitaire. Je crois que c’est une stratégie disproportionnée », indique le directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires (OCCAH), François Audet.

Une guerre de missiles

Selon le professeur Nikolenyi, le Hamas semble tout de même avoir les ressources nécessaires « pour résister à une campagne longue et intensive » à Gaza. « Le Hamas n’a pas lancé que quelques roquettes et quelques projectiles. Nous parlons d’une organisation qui a la capacité de pénétrer profondément en Israël. On vient d’apprendre qu’ils ont commencé à bombarder Jérusalem. C’est effrayant et c’est nouveau », soutient le spécialiste. Il estime que le Hamas possède des armes beaucoup plus sophistiquées que dans les dernières années. « Une campagne de missiles depuis Gaza est donc bien réelle, et c’est pourquoi le premier ministre israélien a souligné qu’il s’agira d’une guerre prolongée », dit-il.

L’implication de l’Iran

La guerre pourrait toutefois prendre un autre tournant si l’Iran s’implique, indique le professeur Nikolenyi. « Les décideurs israéliens reconnaissent de plus en plus que l’offensive du Hamas a été préparée et soutenue par l’Iran. Donc, si l’Iran s’implique, cela change évidemment le scénario. » Si c’est le cas, il juge probable que le conflit ne reste pas localisé à Gaza. « Il y a de plus en plus de discussions sur la possibilité que cela se développe en quelque chose de plus grand. Nous espérons tous que cela n’arrivera pas », dit-il.

Important soutien des États-Unis

Le soutien des États-Unis à Israël n’est pas à négliger dans la suite du conflit, indique le professeur Nikolenyi. Dimanche, les États-Unis ont ordonné le déplacement du porte-avions USS Gerald Ford, le plus gros navire de guerre du monde, vers la Méditerranée orientale et renforcé le déploiement d’avions de combat américains dans la région. « Les dirigeants américains ont clairement indiqué qu’ils décourageaient les acteurs régionaux opposés à Israël d’exploiter cette situation. Il est donc clair qu’il existe une préoccupation régionale plus large. »

Un embrasement de la Cisjordanie

La Cisjordanie représente une autre source probable de tensions, dit le professeur Nikolenyi. La Cisjordanie est un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Au cours des derniers mois, les services de sécurité israéliens ont été extrêmement préoccupés par la présence croissante de militants du Hamas et du Djihad islamique en Cisjordanie. « Les relations entre Israël et la population palestinienne de Cisjordanie se sont détériorées. Le fait que nous assistions déjà à une situation de plus en plus volatile et violente en Cisjordanie entre Israéliens et Palestiniens, et que le Hamas appelle très ouvertement les Palestiniens à soutenir la cause et à se soulever contre Israël est très préoccupant », indique M. Nikolenyi.

Le Hezbollah s’en mêle à partir du Liban

Il est également possible que le Hezbollah, un allié du Hamas et de l’Iran, s’implique dans le conflit, estime M. Nikolenyi. Le groupe a d’ailleurs annoncé dimanche avoir tiré des obus d’artillerie et des missiles guidés sur des positions israéliennes, en solidarité avec le Hamas palestinien. « Les Israéliens qui vivent dans les villages, dans les villes proches de la frontière libanaise, sont invités à redoubler de vigilance, à rester à l’intérieur autant que possible et à redoubler de prudence et d’attention. En Israël, on a donc le sentiment que la frontière nord pourrait être le théâtre d’un regain de violence », dit-il.