(Washington) Les États-Unis ont annoncé mardi avoir rapatrié 11 Américains dont cinq mineurs des camps où sont détenus des prisonniers djihadistes et leurs proches dans le nord-est de la Syrie, contribuant aussi à l’évacuation d’une dizaine d’autres ressortissants occidentaux.

L’opération, décrite comme « complexe », a été menée dans la nuit de lundi à mardi par plusieurs agences américaines, les autorités du Koweït et les forces kurdes.

Outre les ressortissants américains, elle a également permis le rapatriement de six Canadiens, quatre Néerlandais et un Finlandais, parmi lesquels huit enfants, a précisé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, dans un communiqué.

« Il s’agit du plus important rapatriement à ce jour de citoyens américains du nord-est de la Syrie », a-t-il déclaré.

Au terme de ce rapatriement, il reste « environ 25 » ressortissants américains dans les camps ou centres de détention en Syrie, a précisé un peu plus tard devant la presse le porte-parole du département d’État Matthew Miller.

Les États-Unis ont également accueilli sur leur territoire « un enfant de neuf ans non américain mais qui est le frère ou la sœur d’un des mineurs américains rapatrié ».

Cinq ans après la chute du « califat » autoproclamé par le groupe djihadiste État islamique (EI) en Irak et en Syrie, des dizaines de milliers de femmes et d’enfants proches de djihadistes sont détenus par les forces kurdes syriennes alliées des États-Unis dans le nord-est de la Syrie, notamment dans les camps d’al-Hol et de Roj, où règnent violence et privations de toutes sortes.

Al-Hol est le plus grand camp de détention avec plus de 43 000 personnes originaires de 47 pays, dont beaucoup sont des proches de combattants de l’EI.

Malgré les appels répétés des autorités locales, nombre de pays occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens, se contentant de retours au compte-gouttes par crainte d’éventuels actes terroristes sur leur sol.  

« Insuffisants »

Un responsable local kurde, Faner al-Kaait, a jugé mardi « insuffisants » les efforts de rapatriement menés par les pays étrangers, exhortant la communauté internationale à rechercher des solutions « globales ».

« La seule solution durable […], c’est que les pays rapatrient, réhabilitent, réintègrent et veillent à ce que les responsables d’actes répréhensibles rendent compte de leurs actes », a rappelé le secrétaire d’État américain.

Les États-Unis font depuis longtemps pression sur les gouvernements européens pour qu’ils procèdent à de tels rapatriements.

Les identités des Américains rapatriés n’ont pas été dévoilées. Selon le New York Times, figure dans le groupe une Américaine et ses neuf enfants. Son mari turc aurait emmené la famille sur le territoire de l’EI avant d’être tué par la suite.

Selon le journal local Star Tribune, dans le Minnesota, un homme ayant rejoint l’EI mais devenu par la suite un informateur précieux demandait le rapatriement de ses deux fils, dont l’un n’a apparemment pas la nationalité américaine, afin qu’ils soient élevés par leurs grands-parents dans cet État du nord des États-Unis.

« Crimes de guerre »

Le département d’État n’a livré aucune indication sur le déroulement de l’opération de rapatriement.

Fin avril, au moins 160 familles irakiennes, totalisant environ 700 personnes, avaient été rapatriées en Irak du camp d’al-Hol.

L’Irak est un des rares pays à rapatrier avec régularité ses ressortissants, un engagement salué tant par l’ONU que par les États-Unis.

En avril, Amnistie internationale a accusé les autorités autonomes kurdes de se livrer à des « crimes de guerre » dans les centres et camps, ce que les autorités locales ont rejeté.

Les forces dirigées par les Kurdes ont été le fer de lance de la lutte contre l’EI, qui s’est emparé à partir de 2014 de régions en Syrie à la faveur de la guerre dans ce pays, déclenchée en 2011.

Des milliers de personnes du monde entier avaient afflué en Syrie, proclamée nouvelle terre du djihad armé, pour combattre dans les rangs de l’EI.