(Rafah) Des combats acharnés ont opposé vendredi l’armée israélienne au Hamas dans la bande de Gaza, où après des jours de blocage de l’aide humanitaire, les premiers déchargements ont démarré sur la jetée provisoire déployée par les États-Unis.  

Au huitième mois de guerre contre le mouvement islamiste palestinien, l’armée a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l’attaque sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter avaient été « pris en otage » et « brutalement assassinés » par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova dans le sud d’Israël, a déclaré son porte-parole Daniel Hagari.

ILLUSTRATION NALINI LEPETIT-CHELLA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Présentation du système de port temporaire JLOTS de l’armée américaine

En parallèle, l’armée a annoncé à l’AFP avoir mené à Jabalia les combats « peut-être les plus acharnés » dans cette zone septentrionale de la bande de Gaza depuis le début de son offensive terrestre sur le territoire palestinien fin octobre.

Six personnes ont été tuées dans leur habitation bombardée dans ce secteur, selon la Défense civile palestinienne.

L’armée israélienne a affirmé par ailleurs avoir terminé son opération dans le quartier de Zeitoun à Gaza-Ville (nord), après une semaine de « raids précis », tuant « plus de 90 terroristes ».

Plus de 35 300 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Après des jours de blocage des arrivées d’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine, l’armée américaine a annoncé qu’une première cargaison avait commencé à être déchargée vendredi via la jetée provisoire américaine arrimée sur la côte de la bande de Gaza.

Elle a également annoncé l’arrivée « d’environ 500 tonnes (d’aide) dans les prochains jours ».  

Londres a annoncé pour sa part qu’un chargement d’aide britannique avait été « acheminé avec succès sur le littoral de Gaza (…) en même temps que de l’aide des États-Unis et des Émirats arabes unis » via le couloir maritime chypriote, alors que la France a déclaré qu’un bâtiment de la Marine en provenance de Chypre, avec à son bord 60 tonnes d’aide, était en cours de déchargement sur le ponton américain.

La voie terrestre reste néanmoins « la plus viable et la plus efficace », a réaffirmé l’agence humanitaire de l’ONU (Ocha).

Appel de 13 pays

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Des Palestiniens déplacés font la queue pour obtenir de l’eau à un camion-citerne près de leur camp temporaire à Rafah, le 17 mai.

À l’extrême sud du territoire palestinien, à Rafah, la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé avoir ciblé avec des tirs d’obus des troupes israéliennes « stationnées au poste-frontière » avec l’Égypte.

La marine israélienne a elle mené des tirs sur la côte de Rafah où des milliers de déplacés continuent de fuir après des frappes nocturnes, selon l’hôpital koweïtien de la ville.

Israël a annoncé jeudi son intention d’« intensifier » son offensive au sol à Rafah où l’objectif affiché est d’anéantir les derniers bataillons du Hamas, malgré les craintes de la communauté internationale sur le sort des centaines de milliers de déplacés massés dans cette ville.

Treize pays – Japon, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Australie, Corée du Sud et sept États membres de l’UE dont la France – lui ont adressé un appel conjoint à ne pas lancer d’offensive de grande ampleur sur Rafah, qualifiée de « décisive » par le premier ministre Benyamin Nétanyahou.  

Dans leur appel commun, les 13 pays réclament aussi « des efforts supplémentaires » pour améliorer les flux d’entrée de l’aide international « par tous les points de passage concernés, y compris celui de Rafah ».

PHOTO YVES HERMAN, REUTERS

La délégation israélienne à la Cour internationale de justice de La Haye

Premier soutien d’Israël, les États-Unis, qui s’opposent également à une offensive d’ampleur à Rafah, ont annoncé la visite dimanche en Israël du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, après une escale samedi en Arabie saoudite.

Depuis le déploiement le 7 mai de l’armée israélienne du côté palestinien du point de passage de Rafah, Israéliens et Egyptiens se renvoient la responsabilité de la paralysie de ce passage crucial pour l’entrée de l’aide, dont les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d’Erez.

Dans ce contexte, Washington a annoncé vendredi avoir évacué 17 médecins américains qui étaient bloqués dans le territoire palestinien.

« Les gens sont terrifiés »

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Des réfugiés transportent de l’eau vers leurs tentes dans un camp de Rafah.

Depuis qu’Israël a ordonné aux civils de quitter les secteurs est de Rafah le 6 mai en prévision d’une offensive terrestre d’envergure, « 640 000 personnes » ont fui la ville, « dont 40 000 le 16 mai », selon l’Ocha.  

« Nous avons réussi à distribuer quelques fournitures, mais il en manque encore beaucoup, notamment le carburant nécessaire au fonctionnement des hôpitaux », a déclaré un porte-parole de l’OMS à Genève, Tarik Jasarevic.  

Sur les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, quelque 1,4 million de personnes, habitants et personnes déplacées par les combats, se trouvaient jusque-là à Rafah, adossée à la frontière fermée avec l’Égypte.  

« Les gens sont terrifiés et essaient de s’enfuir » vers le nord et la côte, « c’est très difficile, car il n’y a pas d’itinéraire sûr pour sortir de Rafah et il n’y a certainement pas de destination sûre à Gaza », a décrit Jens Laerke, porte-parole de l’Ocha.  

Le conflit a été déclenché le 7 octobre par une attaque des commandos du Hamas dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.  

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l’armée.  

Par ailleurs, 279 soldats israéliens ont péri depuis l’entrée des troupes israéliennes fin octobre à Gaza, où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, a pris le pouvoir en 2007.