(Beyrouth) Le puissant Hezbollah libanais a eu recours ces dernières semaines à de nouvelles armes dans son conflit avec Israël, dont un drone capable de lancer des missiles avant d’exploser en attaquant ses cibles.

Depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah armé et financé par l’Iran affirme attaquer des objectifs militaires principalement dans le nord d’Israël à partir du sud du Liban, où il est fortement implanté, pour soutenir le mouvement islamiste palestinien.

PHOTO ARIEL SCHALIT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Des membres des forces de sécurité israéliennes examinent le site touché par une roquette tirée depuis le Liban, le 27 mars à Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël.

Drones et missiles

Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l’aide d’un drone équipé de deux missiles « S5 », généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d’Israël.

Il a publié une vidéo montrant le drone volant vers un site où se trouvent des chars, avant de lancer deux missiles puis d’exploser contre sa cible.

C’est la première fois que le mouvement annonce l’utilisation d’une telle arme depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers.  

L’armée israélienne a déclaré que trois soldats avaient été blessés dans l’explosion d’un drone à Metoulla.

Selon le Hezbollah, la charge explosive du drone pèse entre 25 et 30 kilos.  

L’importance de cette arme, explique à l’AFP l’analyste militaire Khalil Helou, un général de brigade à la retraite, réside dans sa capacité à lancer l’attaque depuis l’intérieur du territoire israélien.

Le Hezbollah, selon lui, est capable d’envoyer « des drones qu’il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars ».

Missiles iraniens

Mercredi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé des « drones d’attaque » contre une base militaire proche de Tibériade dans le nord d’Israël, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Liban.

C’est la première fois selon des experts qu’il cible un objectif en profondeur du territoire israélien.  

Ces dernières semaines, le Hezbollah a aussi annoncé avoir utilisé simultanément dans une seule attaque contre des sites ou des convois militaires israéliens, des drones explosifs et des missiles guidés.

Il a aussi eu recours à des « missiles guidés » et à des missiles iraniens de type Burkan, Almas et Djihad Moughniyé, du nom d’un commandant du Hezbollah tué par Israël en 2015 en Syrie.

Mais, dit M. Helou, le Hezbollah continue d’utiliser en premier lieu dans ses attaques, des missiles antichars Kornet, qui ont une portée entre 5 et 8 kilomètres.

Le missile antichar russe Konkurs fait également partie de son arsenal et peut échapper au système de défense antimissiles israélien Dôme de fer.  

« Guerre d’usure »

Le Hezbollah, qui possède un énorme arsenal, a maintes fois annoncé disposer de plusieurs armes et missiles avancés capables d’atteindre Israël en profondeur.

Le 5 avril, son secrétaire général Hassan Nasrallah avait affirmé que le mouvement n’avait « pas encore employé ses principales armes » dans la bataille.

Depuis octobre 2023, le Hezbollah et Israël testent leurs méthodes d’attaque et leurs tactiques militaires, estiment des analystes.

Mais selon M. Helou, le mouvement libanais « ne veut pas élargir le cercle de la guerre. Il s’agit d’une guerre d’usure » dans laquelle il tente de pousser l’armée israélienne à mobiliser davantage de soldats à sa frontière nord et de la dissuader de « lancer une attaque d’envergure au Liban ».