(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine a accusé dimanche l’OTAN d’être partie prenante au conflit en Ukraine en fournissant des armes aux forces de Kyiv, alors que l’offensive de Moscou est entrée dans sa deuxième année.

« Ils envoient des dizaines de milliards de dollars d’armes à l’Ukraine. Ceci est vraiment une participation », a dit M. Poutine dans un entretien avec la chaîne Rossiya-1 diffusé dimanche.

« Cela signifie qu’ils prennent part, quoiqu’indirectement, aux crimes du régime de Kyiv », a estimé le président russe.

Les pays occidentaux, a-t-il encore affirmé, n’ont « qu’un seul but : détruire l’ancienne Union soviétique et sa partie principale, la Fédération de Russie ».

« Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il nous accepteront peut-être dans la soi-disant famille des peuples civilisés, mais seulement séparément, chaque partie séparément », a-t-il ajouté lors de ces déclarations faites en marge d’un concert patriotique jeudi, à la veille du premier anniversaire de l’offensive russe en Ukraine.

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Vladimir Poutine parlant en marge d’un concert patriotique jeudi dernier

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui une nouvelle fois promis dimanche que son pays récupérera la Crimée, péninsule annexée en mars 2014 par Moscou. Une volonté affichée qui a suscité des craintes d’une escalade du conflit.

« Il y a neuf ans, l’agression russe a commencé en Crimée. En récupérant la Crimée, nous allons restaurer la paix. C’est notre terre et notre peuple, notre histoire », a lancé M. Zelensky sur Telegram.

Le département d’État américain a de son côté salué dans un communiqué les « efforts de l’Ukraine […] pour attirer l’attention mondiale sur l’occupation russe qui se poursuit ».

« Les États-Unis ne reconnaissent pas et ne reconnaîtront jamais la soi-disant annexion russe de la péninsule », a-t-il ajouté.

Dans un entretien paru dimanche dans les journaux du groupe de presse régionale allemande Funke, le numéro deux du renseignement militaire ukrainien Vadym Skibitsky a affirmé que Kyiv préparait une nouvelle contre-offensive pour le printemps.

« L’un de nos objectifs stratégiques militaires est de tenter d’enfoncer un coin dans le front russe dans le sud » du pays, vers la Crimée, a-t-il précisé.

« Nous n’arrêterons que lorsque nous aurons récupéré notre pays dans ses frontières de 1991. C’est notre message à la Russie et à la communauté internationale », a ajouté M. Skibitsky.

Il a aussi jugé possibles des bombardements ukrainiens contre des sites militaires en Russie, notamment dans la région frontalière de Belgorod, déjà visée à plusieurs reprises.  

L’Ukraine insiste depuis des mois pour que les Occidentaux lui fournissent des missiles à longue portée et des avions de combat.

Un avion russe détruit en Biélorussie

L’opposition biélorusse en exil a affirmé dimanche qu’un avion russe avait été détruit sur un aérodrome près de Minsk dans ce qu’elle a qualifié « d’opération de sabotage la plus réussie » depuis le début du conflit en Ukraine.

« Les partisans […] ont confirmé le succès d’une opération spéciale visant à faire exploser un avion russe rare sur l’aérodrome de Matchoulichtchy, près de Minsk », a indiqué sur Twitter Franak Viacorka, l’un des principaux conseillers de la figure de proue de l’opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovkaïa.

Selon M. Viacorka, « deux Bélarusses ont mené l’opération » en utilisant des drones. « Ils ont déjà quitté le pays et sont en sécurité », a-t-il ajouté.

Il n’a pas précisé quel avion russe avait été visé, mais a affirmé que le coût de l’appareil s’élevait à 330 millions d’euros. Selon des médias proches de l’opposition, il s’agit d’un avion de surveillance et de commandement A-50.

« Je suis fière de tous les Bélarusses qui continuent à résister à l’occupation hybride russe de la Biélorussie et à lutter pour la liberté de l’Ukraine », a indiqué pour sa part sur Twitter Mme Tikhanovskaïa.

Ces affirmations étaient invérifiables de source indépendante et l’armée russe n’a pas réagi dans l’immédiat.

La Biélorussie, seul allié européen de Moscou face à Kyiv, ne prend pas part directement dans l’offensive russe en Ukraine, mais a prêté son territoire pour l’assaut initial il y a un an.

Moscou utilise aussi les aérodromes biélorusses pour frapper l’Ukraine, selon Kyiv.

La Russie et la Biélorussie ont multiplié les exercices militaires ces derniers mois, l’Ukraine disant craindre une entrée de Minsk dans le conflit.

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