(Paris) En écho aux mobilisations pro-palestiniennes des derniers jours sur les campus américains, des étudiants parisiens ont bloqué vendredi l’accès à la prestigieuse université française Sciences Po, poussant l’administration à déplacer tous les cours en ligne.

La manifestation en soutien à la Palestine a donné le coup d’envoi d’une journée mouvementée à l’Institut d’études politiques de Paris, connu sous le nom de Sciences Po, qui compte le président Emmanuel Macron et le premier ministre Gabriel Attal parmi ses nombreux anciens élèves célèbres.

Les manifestants ont d’abord occupé un bâtiment central du campus et ont bloqué son entrée avec des poubelles, des palettes de bois et un vélo. Ils se sont également rassemblés aux fenêtres du bâtiment pour scander des slogans et ont déployé des drapeaux palestiniens.

Plus tard vendredi, des manifestants pro-palestiniens et pro-israéliens se sont retrouvés face à face dans une confrontation tendue dans la rue devant l’école. La police anti-émeute est intervenue pour séparer les groupes opposés.

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Un homme brandit un drapeau palestinien.

À la tombée de la nuit, un groupe plus dispersé de manifestants pro-palestiniens a refusé de bouger, ignorant les ordres de la police d’évacuer la rue et les avertissements concernant d’éventuelles arrestations. Finalement, les manifestants sont sortis du bâtiment, brandissant un grand drapeau palestinien, sous les acclamations des manifestants qui les soutenaient à l’extérieur. Ils ont ensuite commencé à s’éloigner pacifiquement de la zone, sous la surveillance de la police.

Bras de fer avec l’administration

Parmi les revendications des manifestants figuraient la rupture des liens entre Sciences Po et les écoles israéliennes. Dans un courriel adressé aux étudiants, le directeur de Sciences Po, Jean Bassères, s’est engagé à tenir une assemblée publique dans la semaine à venir et à suspendre certaines procédures disciplinaires à l’encontre des étudiants. En échange, les étudiants « se sont engagent à ne plus perturber les cours, les examens ainsi que toutes les activités de l’institution », précise le courriel.

La guerre à Gaza divise profondément la France, qui compte la plus grande population de musulmans et de juifs en Europe occidentale. La France a initialement cherché à interdire les manifestations pro-palestiniennes après l’attaque-surprise du Hamas contre Israël le 7 octobre qui a déclenché la guerre. L’antisémitisme a augmenté en France à la suite de cet évènement.

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Des contre-manifestants pro-israéliens se retrouvent face aux manifestants pro-palestiniens

Mercredi soir, plus de 100 manifestants pro-palestiniens avaient également occupé un amphithéâtre de Sciences Po. La plupart avaient accepté de partir après avoir discuté avec la direction, mais un petit groupe d’étudiants étaient restés. Ils ont été expulsés par la police plus tard dans la nuit, selon les médias français.

L’administration a fermé tous les bâtiments universitaires et transféré les cours en ligne vendredi. Elle a indiqué dans un communiqué « condamner fermement ces actions étudiantes qui empêchent le bon fonctionnement de l’établissement et pénalisent les étudiants, les enseignants et les salariés de Sciences Po ».

Louise, une manifestante, a déclaré que les actions des étudiants étaient inspirées par des manifestations similaires à l’Université Columbia de New York et sur d’autres campus américains. Des centaines d’étudiants et même certains professeurs ont été arrêtés par la police aux États-Unis.

« Mais notre solidarité reste va avant tout au peuple palestinien », a-t-elle déclaré. Elle a parlé à condition que seul son prénom soit utilisé, par crainte de répercussions.

En collaboration avec Barbara Surk