(Genève) La Russie doit « immédiatement cesser » ses attaques contre les journalistes indépendants, a exigé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme mardi, le jour où Vladimir Poutine doit être investi président pour un cinquième mandat.

« L’intensification de la répression contre le travail des journalistes indépendants doit cesser immédiatement et le droit d’informer – un élément clé du droit à la liberté d’expression – doit être respecté », écrit M. Türk dans un communiqué.

« Les attaques continues contre la liberté d’expression et la criminalisation du journalisme indépendant en Russie sont très troublantes », a-t-il souligné.

Il demande aux autorités d’« abandonner immédiatement les charges retenues contre les journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leur travail et à les libérer ».

Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, « au moins 30 journalistes sont actuellement détenus en Russie pour diverses accusations criminelles ».  

« Sur les 30 journalistes privés de liberté, 12 purgent des peines de prison allant de cinq ans et demi à 22 ans de prison », souligne-t-il.

Depuis mars, au moins sept journalistes ont fait l’objet d’accusations administratives ou pénales, notamment pour avoir critiqué les actions de la Russie en Ukraine ou pour leurs liens présumés avec le défunt opposant Alexeï Navalny et sa Fondation anticorruption (FBK), qualifiée d’« extrémiste » en 2021, ajoutent les services de M. Türk.

Ce texte est publié le jour même où Vladimir Poutine doit être investi président pour un cinquième mandat à la tête de la Russie, où il jouit d’un pouvoir incontesté face à une opposition laminée, en pleine poussée des troupes russes sur le front ukrainien.

Près de deux mois après une réélection présentée comme triomphale par le Kremlin, en l’absence de candidature dissidente, le chef de l’État russe, âgé de 71 ans et au pouvoir depuis près d’un quart de siècle, rempile au moins jusqu’en 2030.

Les autorités russes semblent « tenter de renforcer davantage leur contrôle » sur la manière dont sont rapportées les informations que ce soit sur les questions intérieures ou sur la guerre en Ukraine.

 « En conséquence, les citoyens russes ont un accès de plus en plus restreint aux informations et aux points de vue non étatiques, ce qui entrave leur capacité à bénéficier de diverses sources et à prendre des décisions pleinement éclairées sur des questions d’intérêt public vitales », a souligné M. Türk.

Il se dit « également préoccupé » par le recours fréquent à un vaste ensemble de textes législatifs destinés à lutter « contre le terrorisme et l’extrémisme » et demande aux autorités de le remettre en conformité avec les droits de l’homme.  

 « Les journalistes devraient pouvoir travailler dans un environnement sûr, sans craindre de représailles – conformément aux obligations internationales de la Russie en matière de droits humains », a rappelé M. Türk.