(Moscou) Un journaliste russe collaborant avec plusieurs médias dont l’agence Reuters a été placé en détention provisoire pour « extrémisme », accusé d’avoir participé à la création de vidéos pour la chaîne YouTube de l’équipe de l’opposant défunt Alexeï Navalny, ont annoncé samedi les tribunaux de Moscou.

Konstantin Gabov a été placé en détention au moins jusqu’au 27 juin dans l’attente de son procès, a indiqué le service de presse des tribunaux sur Telegram.

Ce journaliste a collaboré avec différentes entreprises de presse, dont les chaînes de télévisions russes Moskva 24 et MIR et l’agence biélorusse Belsat, selon des médias russes.

Konstantin Gabov est « un producteur indépendant qui a travaillé occasionnellement pour l’équipe de Reuters à Moscou », a également indiqué à l’AFP une source proche de l’agence de presse internationale.

La justice russe lui reproche d’avoir selon elle « participé à la préparation de photos et de vidéos destinées à être publiées sur la chaîne YouTube NavalnyLIVE », ont indiqué les tribunaux, en référence à l’une des plateformes utilisées par l’équipe de l’opposant Alexeï Navalny.

Alexeï Navalny, bête noire de Vladimir Poutine, est mort en février dans des circonstances troubles dans une prison de l’Arctique. Son mouvement a été classé comme « extrémiste » par la justice, ce qui fait courir le risque de poursuites à ses collaborateurs et partisans.

La plupart des associés de l’opposant défunt sont en exil à l’étranger, d’autres ont écopé de lourdes peines de prison.

Fin mars, une photojournaliste, Antonina Kravtsova, qui travaillait sous le nom d’Antonina Favorskaïa, avait été également placée en détention pour des accusations d’« extrémisme ».

Elle couvrait très régulièrement les procès d’Alexeï Navalny pour SOTAvision, l’un des derniers médias documentant depuis la Russie les répressions politiques, classé « agent de l’étranger » par les autorités russes.

Plusieurs autres journalistes se trouvent en détention en Russie, dont l’Américain Evan Gershkovich, visé par des accusation d’« espionnage » qu’il rejette tout comme son média, ses proches et les autorités américaines.

Une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), est aussi en détention depuis octobre 2023 pour ne pas s’être enregistrée en tant qu’« agent de l’étranger » comme l’exigent les autorités.