(Vozdvyjenka) Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a reconnu dimanche que la situation sur le front s’était « détériorée », les troupes russes, supérieures en armes et en soldats, ayant remporté des « succès tactiques » dans plusieurs zones.

L’armée ukrainienne est à la défensive depuis l’échec de sa grande contre-offensive l’été dernier et fait face à une reprise d’initiative russe après la chute de la ville forteresse d’Avdiïvka, dans l’est, en février.

Peinant à mobiliser de nouveaux soldats et confrontée au tarissement de l’aide occidentale, l’Ukraine a dû reculer récemment dans plusieurs secteurs, comme l’illustre la revendication dimanche par Moscou de la prise d’un nouveau village.

La Russie « attaque activement tout le long de la ligne de front, elle remporte des succès tactiques dans certains secteurs », a déclaré le général Syrsky sur Facebook.

Selon lui, l’armée russe « a concentré ses efforts dans plusieurs secteurs, créant ainsi un avantage significatif en termes de forces et de moyens », afin de « tenter de prendre l’initiative stratégique et de percer la ligne de front ».

Il a rapporté de « violents combats » au cours de la semaine écoulée, évoquant une situation « dynamique » avec certaines positions capturées par l’un puis l’autre camp plusieurs fois au cours d’une seule journée.

Selon lui, les troupes ukrainiennes parviennent cependant à « améliorer leur position tactique » dans certaines zones.

« Combats acharnés »

Parmi les zones où les combats sont les plus intenses se trouve le secteur de Koupiansk, dans le nord-est du pays, où les Russes ont « connu des succès partiels, mais ont été stoppés », a affirmé le général Syrsky.

Dans le secteur de Kramatorsk (est), les troupes russes sont à l’offensive pour prendre la ville de Tchassiv Iar, mais la « situation la plus compliquée » se concentre dans la zone de Pokrovsk et de Kourakhové, où « des combats acharnés se poursuivent », a-t-il dit.

Il a admis que les troupes ukrainiennes s’étaient retirées des localités de Berdytchi, Semenivka, et Novomykhaïlivka, et a également évoqué une « situation tendue » dans le sud du pays.

La Russie a revendiqué dimanche la prise d’un nouveau village sur le front Est, celui de Novobakhmoutivka, situé au nord-ouest de la ville d’Avdiïvka.

Ce village est situé à proximité de celui d’Otcheretyné, rapidement investi cette semaine par les forces russes qui en contrôlent actuellement la majeure partie selon des observateurs, ce qui a suscité des critiques.

Des bombardements incessants visaient la zone d’Otcheretyné, une localité située sur les hauteurs, et des panaches de fumée grise s’élevaient dans le ciel, a constaté une équipe de l’AFP dans la matinée.

Dans le village de Vozdvyjenka, à 8 km au nord-ouest, trois civils terminaient de charger un petit camion de meubles et d’autres affaires.

« Nous allons loin d’ici. Nous avons pris un peu de nos affaires ici et d’un autre village », dit à l’AFP l’un des hommes, pressé de partir. « Je n’ai pas le temps de parler parce qu’il y a des bombardements », ajoute-t-il, avant de rapidement quitter le village en camion.

« Les Russes avancent »

Des militaires ukrainiens rencontrés au bord d’une route boisée dans la zone ont indiqué à l’AFP qu’ils étaient venus pour creuser des lignes de défense non loin d’Otcheretyné.  

« Mais la situation a changé. On nous a dit de ne pas prendre les pelles, de rester ici et d’attendre les ordres. Les Russes attaquent et avancent », a dit l’un d’eux, sous couvert d’anonymat.

Mi-avril, le commandant en chef ukrainien avait déjà évoqué une situation qui s’était « considérablement détériorée » avec une « intensification significative » de l’offensive russe depuis mars, aboutissant à de premiers « succès tactiques ».

Dans ce contexte, le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov a prédit lundi que la situation allait empirer autour de la mi-mai et de début juin, qui sera une « période difficile » pour l’Ukraine.

Les autorités ukrainiennes espèrent cependant combler le déficit d’armes et de munitions grâce à l’enveloppe de quelque 61 milliards de dollars d’aide approuvée par le Congrès américain après des mois de blocage en raison de querelles politiques à Washington.

Le président américain Joe Biden a promis cette semaine à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que cette aide arriverait « rapidement ». Le Kremlin a, lui, minimisé l’impact qu’elle aurait.

Pour regarnir les rangs de l’armée, Volodymyr Zelensky a aussi promulgué en avril une loi controversée sur la mobilisation militaire, destinée à faciliter l’enrôlement de nouvelles recrues.