(Varsovie) La Chine a présenté mercredi à Moscou sa vision pour le « règlement politique » du conflit en Ukraine, au moment où le secrétaire général de l’ONU dénonçait l’« affront à notre conscience collective » causé il y a un an par l’invasion russe de l’Ukraine, à l’ouverture de l’Assemblée générale.

Kyiv et ses alliés espèrent pour leur part recueillir le soutien le plus large possible à une résolution qui doit être examinée le même jour par l’Assemblée générale de l’ONU appelant à une paix « juste et durable », un an après le début de l’invasion russe.  

« Le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie représente un sombre jalon, pour le peuple ukrainien et pour la communauté internationale. Cette invasion est un affront à notre conscience collective », a déclaré António Guterres, répétant ses craintes d’une aggravation du conflit.

La réponse de la Russie aux Occidentaux, par la voix de l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia à la tribune de l’Assemblée générale, ne s’est pas faite attendre : « Dans leur désir d’infliger une défaite à la Russie de toutes les manières possibles, ce n’est pas seulement l’Ukraine qu’ils peuvent sacrifier, ils sont prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre », a-t-il lancé.

Le chef de l’État russe avait, lui, marqué les esprits en annonçant la veille la suspension du traité de désarmement nucléaire New Start signé en 2010, dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains.

Interrogé à Varsovie sur l’annonce de Vladimir Poutine la veille de retrait du traité de désarmement nucléaire New Start, le président américain a brièvement répondu : « Grave erreur. »  

Joe Biden s’exprimait avant de rencontrer les dirigeants de pays de l’OTAN d’Europe centrale et de l’Est (B9, la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie), en présence du secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg.

Ce dernier a estimé à cette occasion qu’il fallait « maintenir et intensifier » le soutien à l’Ukraine et lui fournir « ce dont elle a besoin pour l’emporter ».

Dans une déclaration commune, les neuf pays ont souligné qu’ils continueraient à renforcer leur « posture de dissuasion et de défense sur tout le flanc oriental, de la Baltique à la mer Noire ».

M. Biden a quitté la Pologne après cette réunion.  

« Nos terres historiques »

Le même jour, Vladimir Poutine a fait une apparition de quelques minutes au stade Loujniki à Moscou où se déroulait un grand concert patriotique.

« Aujourd’hui, la hiérarchie [militaire] m’a dit que des combats étaient en cours au sein de nos terres historiques pour notre peuple », a-t-il lancé, sur scène, devant des dizaines de milliers de ses compatriotes.

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Vladimir Poutine a fait une apparition de quelques minutes au stade Loujniki à Moscou où se déroulait un grand concert patriotique.

Il a rendu hommage aux militaires russes déployés en Ukraine qui « se battent avec héroïsme, courage et valeur : nous sommes fiers d’eux ».  

« Le président a vraiment besoin de notre soutien en ce moment. […] Il va dans la bonne direction », a déclaré à l’AFP Vladimir Ziablitski, 59 ans, qui a spécialement fait le déplacement de sa région de Kémérovo, à 3000 kilomètres de la capitale, pour assister à l’évènement.

Mardi, Vladimir Poutine avait prononcé un virulent discours, jurant de poursuivre « méthodiquement » l’assaut déclenché en Ukraine et accusant les Occidentaux de vouloir « en finir avec nous une bonne fois pour toutes ».  

Joe Biden lui avait répondu peu après que l’Occident ne « complotait pas pour attaquer la Russie ».  

Wang Yi à Moscou

À Moscou, le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a été reçu mercredi au Kremlin, après s’être entretenu avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

PHOTO FOURNIE PAR SPUTNIK, VIA REUTERS

Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, et le président russe, Vladimir Poutine

Et ce après que les États-Unis et l’OTAN ont exprimé leur inquiétude quant au fait que les Chinois se préparaient, ce qu’ils ont démenti, à fournir à la Russie des armes pour poursuivre ses opérations militaires en Ukraine.

« Les partenaires chinois nous ont fait part de leurs réflexions sur les causes profondes de la crise ukrainienne, ainsi que sur leurs approches pour son règlement politique », a commenté le ministère russe des Affaires étrangères, à l’issue des entretiens.  

« Il n’a pas été question d’un “plan” [de paix] séparé », a-t-il toutefois relevé.

Pékin a promis de rendre publique cette semaine sa proposition pour mettre fin au conflit en Ukraine, à temps pour le premier anniversaire du déclenchement de l’offensive russe en Ukraine le 24 février 2022.  

« La Chine ne nous a pas consultés », a à cet égard réagi un haut responsable ukrainien qui a requis l’anonymat devant plusieurs médias, dont l’AFP.

Il a prévenu qu’aucun plan de paix ne devrait franchir « les lignes rouges » fixées par Kyiv, qui refuse en particulier de faire d’éventuelles concessions territoriales à la Russie qui occupe des régions dans l’est et le sud de l’Ukraine, comme la péninsule de Crimée.

Wang Yi a quant à lui exprimé la volonté de Pékin de « renforcer le partenariat stratégique […] et la coopération tous azimuts » avec la Russie.