(Paris) Le président chinois Xi Jinping est attendu en France les 6 et 7 mai pour célébrer 60 ans de relations diplomatiques bilatérales, lors d’une visite d’État au cours de laquelle Emmanuel Macron lui demandera à nouveau de contribuer à une « résolution » du conflit en Ukraine.

Il s’agira du début de sa première tournée européenne depuis la pandémie de COVID-19, qui avait vu le géant asiatique couper longuement nombre d’interactions avec le reste du monde.

Xi Jinping doit atterrir à Paris dimanche 5 mai au soir, avant d’enchaîner des étapes en Serbie puis en Hongrie, où il est attendu du 8 au 10 mai, ont aussi confirmé lundi les autorités chinoises.

« Les échanges porteront sur les crises internationales, au premier rang desquelles la guerre en Ukraine et la situation au Moyen-Orient, les questions commerciales », « ainsi que sur nos actions communes face aux enjeux globaux, notamment l’urgence climatique, la protection de la biodiversité et la situation financière des pays les plus vulnérables », a déclaré lundi l’Élysée.

Paris évoque une visite très politique, même si de nouveaux investissements chinois en France sont en cours de négociation, notamment dans les batteries électriques. Et les responsables français entendent soulever aussi les questions commerciales, et défendre « les intérêts » du pays « pendant et à l’issue » de l’enquête antidumping sur les alcools type cognac lancée par les autorités chinoises.

« Leviers » sur Moscou

Lin Jian, un porte-parole de la diplomatie chinoise, a estimé pour sa part que les deux dirigeants tenteront de « faire de nouvelles contributions à la paix, à la stabilité, au développement et au progrès du monde ».

Comme il y a un an en Chine, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sera associée lors d’un échange trilatéral lundi à Paris.  

L’an dernier, Emmanuel Macron avait appelé Xi Jinping à « ramener la Russie à la raison » à l’égard de l’Ukraine. Peu après, le président chinois avait appelé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour la première fois depuis le début du conflit en février 2022.

Mais les avancées diplomatiques escomptées par Paris sur le front russo-ukrainien s’étaient arrêtées là.

Un an plus tard, l’analyse française n’a pas varié.

« La Chine étant l’un des principaux partenaires de la Russie », notamment en matière diplomatique et commerciale, le chef de l’État entend « l’encourager à utiliser les leviers dont elle dispose sur Moscou afin de changer les calculs de la Russie et de pouvoir contribuer à une résolution de ce conflit », a expliqué l’Élysée. Il « évoquera également les inquiétudes » sur « l’activité de certaines entreprises chinoises qui pourraient directement contribuer de manière significative à l’effort de guerre russe », a ajouté un conseiller.

Les autorités chinoises se disent officiellement neutres et appellent à une solution de paix, mais n’ont jamais condamné l’invasion russe. Signe de la solidité des relations Pékin-Moscou, le président russe Vladimir Poutine doit se rendre en Chine en mai.

« La France, par cette visite, démontre qu’elle fait partie des très rares pays au monde à être en mesure de maintenir des canaux de discussion à tous les niveaux avec la deuxième puissance économique mondiale, avec la Chine, dans un contexte où il y a une relation tendue avec les États-Unis et le Royaume-Uni », avance-t-on de source diplomatique française.

Dîner d’État

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le secrétaire d’État américain Antony Blinken se sont récemment succédé à Pékin pour demander eux aussi au président Xi de faire pression sur Moscou.

Le président chinois et son épouse Peng Liyuan seront reçus le 6 mai par Emmanuel et Brigitte Macron à Paris, où un dîner d’État est prévu à l’Élysée en présence de plusieurs artistes chinois.

Le 7 mai, les deux couples se rendront dans les Hautes-Pyrénées (sud-ouest de la France), au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où le chef de l’État français veut partager un moment plus intime avec son homologue.

Il s’y est en effet beaucoup rendu dans son enfance pour rendre visite à sa grand-mère maternelle, Germaine Noguès, décédée en 2013 et qui habitait à Bagnères-de-Bigorre.  

L’an dernier, Xi Jinping avait reçu son invité à Canton pour une cérémonie du thé dans la résidence du gouverneur de la province du Guangdong, où son père, Xi Zhongxun, a vécu quand il occupait ce poste de 1978 à 1981.