Les équipes des services publics ukrainiens s’efforcent de réparer les nouveaux dégâts importants subis par le réseau énergétique du pays, ont indiqué des responsables samedi, après que la Russie eut lancé un essaim de drones d’attaque de fabrication iranienne dans la nuit, succédant à un énorme barrage de missiles de croisière, de missiles antiaériens et de drones sur des villes ukrainiennes.

Ces attaques ont porté un nouveau coup au réseau électrique ukrainien, déjà mis à mal, que la Russie a pris pour cible à plusieurs reprises dans le cadre d’une stratégie visant à plonger le pays dans le froid et l’obscurité pour lui faire perdre le moral, selon les analystes militaires.

Ces frappes, qui constituent le premier assaut aérien d’envergure depuis des semaines, ont eu lieu alors que les combats au sol s’intensifiaient, les responsables ukrainiens affirmant que les forces russes sont en train de monter une nouvelle offensive majeure pour prendre le contrôle de toute la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

Les systèmes de défense aérienne ont détruit 20 drones Shahed-136 entre 18 h et minuit, a déclaré l’armée de l’air ukrainienne dans un communiqué tôt samedi. Mais trois installations énergétiques de la région de Dnipro, dans le sud-est de l’Ukraine, ont été touchées, dont une à Kryvyï Rih pour la deuxième fois en une journée.

« Ils ont visé nos infrastructures critiques », a déclaré Serhiï Lysak, le chef de l’administration militaire régionale, dans un communiqué sur l’application de messagerie Telegram, qualifiant les dégâts d’« importants ».

Les drones ont été abattus au-dessus des régions méridionales de Kherson, Mykolaïv et Odessa, a rapporté The Kyiv Independent, citant le commandement sud de l’armée ukrainienne.

  • Un soldat ukrainien manipule un obus à mortier entre deux frappes russes, près du village de Vouhledar, dans le Donetsk.

    PHOTO MARKO DJURICA, REUTERS

    Un soldat ukrainien manipule un obus à mortier entre deux frappes russes, près du village de Vouhledar, dans le Donetsk.

  • Tandis que les sirènes retentissent à la surface, Anna Hayko et son fils Vladislav trouvent refuge dans une station de métro de Kyiv.

    PHOTO EMILE DUCKE, THE NEW YORK TIMES

    Tandis que les sirènes retentissent à la surface, Anna Hayko et son fils Vladislav trouvent refuge dans une station de métro de Kyiv.

  • Près d’un an après les premières offensives russes, des civils ukrainiens s’abritent dans une station de métro de Kyiv sous l’œil de Tarass Chevtchenko, poète romantique ukrainien et fervent défenseur de l’identité et de la culture nationales.

    PHOTO EMILE DUCKE, THE NEW YORK TIMES

    Près d’un an après les premières offensives russes, des civils ukrainiens s’abritent dans une station de métro de Kyiv sous l’œil de Tarass Chevtchenko, poète romantique ukrainien et fervent défenseur de l’identité et de la culture nationales.

  • Un passant marche devant une affiche propagandiste russe, dans le village de Tchornomorské, sur la côte ouest de la Crimée. « Nous n’abandonnons pas notre peuple », peut-on lire sur le panneau orné du symbole « Z », placardé sur les véhicules militaires russes.

    PHOTO ALEXEY PAVLISHAK, REUTERS

    Un passant marche devant une affiche propagandiste russe, dans le village de Tchornomorské, sur la côte ouest de la Crimée. « Nous n’abandonnons pas notre peuple », peut-on lire sur le panneau orné du symbole « Z », placardé sur les véhicules militaires russes.

  • Un membre de la défense aérienne ukrainienne déployé dans la région de Kyiv garde son lance-roquette à portée de main.

    PHOTO EMILE DUCKE, NYT

    Un membre de la défense aérienne ukrainienne déployé dans la région de Kyiv garde son lance-roquette à portée de main.

  • Des pêcheurs profitent de leur après-midi pour taquiner le poisson sur la Lehlych, près de Rjychtchiv, au sud de Kyiv.

    PHOTO EMILE DUCKE, NYT

    Des pêcheurs profitent de leur après-midi pour taquiner le poisson sur la Lehlych, près de Rjychtchiv, au sud de Kyiv.

  • De nouvelles croix apparaissent quotidiennement dans ce cimetière de Bakhmout, dans le Donetsk, où les avancées stagnent, mais où les pertes croissent.

    PHOTO LIBKOS, ASSOCIATED PRESS

    De nouvelles croix apparaissent quotidiennement dans ce cimetière de Bakhmout, dans le Donetsk, où les avancées stagnent, mais où les pertes croissent.

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Électricité rationnée

L’attaque de drones s’est produite après que les forces russes eurent tiré plus de 100 missiles au cours d’une journée de frappes à travers l’Ukraine, dans ce que le ministère russe de la Défense et les forces aériennes ukrainiennes ont décrit comme un assaut « massif ».

Douze personnes ont été blessées dans le pays, selon le service d’urgence de l’État ukrainien, et la compagnie d’électricité publique a déclaré que plusieurs centrales thermiques et hydroélectriques avaient été gravement endommagées.

La compagnie, Ukrenergo, a qualifié samedi la situation de « difficile mais maîtrisée », précisant que le rationnement de l’électricité avait été mis en place dans certaines zones et que les travaux de réparation se poursuivaient.

Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, a été durement touché, selon des responsables. Le chef de l’administration militaire régionale, Oleh Syniehoubov, a fait état samedi de dommages « importants » aux infrastructures et a déclaré que des coupures de courant d’urgence seraient pratiquées pendant « plusieurs jours ».

Les attaques ont également perturbé le fonctionnement des centrales nucléaires ukrainiennes, selon l’organisme de surveillance nucléaire des Nations unies. Il a déclaré tard vendredi que « l’instabilité du réseau électrique » avait provoqué l’arrêt d’un réacteur de la centrale de Khmelnytskyï, dans l’ouest de l’Ukraine, et que la production d’électricité de deux autres centrales avait été réduite par mesure de précaution.

Offensive majeure imminente

Alors que la guerre approche de son anniversaire, la Russie a déversé des troupes et des équipements dans l’est de l’Ukraine, dans la phase initiale de ce qui, selon les responsables ukrainiens et occidentaux, devrait être une offensive majeure.

Les alliés occidentaux de l’Ukraine se sont empressés de fournir des armes plus puissantes afin que Kyiv puisse monter sa propre offensive. Le gouvernement du président Volodymyr Zelensky a réitéré ses demandes d’armes supplémentaires et de livraison plus rapide.

M. Zelensky a révélé avoir reçu de « bons signaux » de la part de ses alliés lorsqu’il a plaidé pour l’envoi d’armes plus lourdes lors d’un rare voyage international la semaine dernière à Londres, Paris et Bruxelles.

« Cela s’applique à la fois aux missiles à longue portée et aux chars, ainsi qu’au prochain niveau de notre coopération : les avions de combat », a-t-il déclaré vendredi dans son discours du soir. « Mais nous devons encore travailler sur ce point. »

John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche, a prédit vendredi que les semaines et les mois à venir seraient « difficiles et critiques » pour l’Ukraine. Il a déclaré que, même s’il n’avait pas encore vu une nouvelle offensive majeure prendre forme, « nous l’anticipons et, franchement, les Ukrainiens aussi ».

Les États-Unis pensent que le président russe Vladimir Poutine « profitera » des mois d’hiver pour « se réapprovisionner, se ravitailler, se réarmer » en prévision de ce qui pourrait être de nouvelles opérations offensives au printemps, a déclaré John Kirby lors d’un point de presse vendredi. « À mesure que le temps s’améliorera, les combats deviendront probablement plus féroces », a-t-il ajouté.

Points névralgiques

Ces dernières semaines, les combats les plus violents se sont concentrés sur la ville de Kreminna, occupée par les Russes, et sur la ville de Bakhmout, tenue par les Ukrainiens, séparées d’environ 50 km dans la région du Donbass.

L’armée ukrainienne a déclaré samedi que Bakhmout – où les troupes de Moscou se rapprochent lentement des lignes d’approvisionnement vitales – restait la principale cible des forces russes, avec 124 frappes et 54 « affrontements » dans la zone au cours de la dernière journée. Moscou considère la ville, qu’elle bombarde depuis l’été, comme une étape cruciale vers son objectif de prendre tout le Donbass.

Le général Valeri Zaloujny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes, a déclaré samedi qu’il avait discuté des combats acharnés dans l’Est et de la situation générale du champ de bataille lors d’un appel téléphonique avec le général Mark Milley, chef d’État-Major des armées des États-Unis.

« Malgré la pression constante de l’ennemi, nous continuons à garder Bakhmout sous notre contrôle et à prendre des mesures pour stabiliser la ligne de front autour de cette ville », a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant que la « clé du succès » serait « une quantité appropriée d’armes, d’équipements et de munitions ».

Selon les analystes militaires, la valeur stratégique de Bakhmout réside dans le fait qu’elle constitue un carrefour pour certaines des autoroutes de la région. La capture de la ville ne garantirait pas que la Russie puisse réaliser des avancées majeures dans l’Est, mais elle permettrait de mieux positionner ses forces pour y parvenir.

La bataille pour la ville a été l’une des plus sanglantes de la guerre, décrite comme un « hachoir à viande » en raison des lourdes pertes subies par les deux camps.

Pendant un certain temps, les efforts de la Russie ont été largement menés par les combattants du groupe Wagner, une organisation paramilitaire privée, qui a recruté des prisonniers dans ses rangs. Son fondateur, Evguéni Prigojine, proche collaborateur de Poutine, est considéré comme souhaitant une victoire à Bakhmout pour renforcer sa position politique en Russie.

« Il est probablement trop tôt pour dire que nous sommes proches », a déclaré Prigojine, notant que l’armée ukrainienne avait envoyé des unités supplémentaires. Mais, a-t-il ajouté, « nous nous débrouillons très bien ».

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

Lisez l’article original (en anglais)