Pendant que les soldats russes sont décimés sur les champs de bataille en Ukraine à un rythme rarement vu depuis le début du conflit, le chef du groupe Wagner a vanté dimanche la prise, par ses mercenaires, d’une municipalité à quelques kilomètres au nord de Bakhmout, ville clé que Moscou cherche à conquérir depuis plusieurs mois.

Des pertes humaines importantes côté russe

Les pertes humaines enregistrées par l’armée russe ces derniers jours n’auraient jamais été aussi élevées, à l’exception du premier mois du conflit.

C’est ce qui ressort de données publiées par l’état-major général des forces armées ukrainiennes et reprises par le ministère de la Défense du Royaume-Uni.

Selon ces données, pas moins de 824 soldats russes auraient perdu la vie sur les champs de bataille en Ukraine chaque jour durant les deux premières semaines de février, soit une cadence près de cinq fois supérieure à celle des mois de juin et juillet 2022.

Des chiffres « justes », selon les Britanniques

Les pertes du côté ukrainien seraient aussi importantes, précise le ministère de la Défense du Royaume-Uni, sans avancer de chiffres.

Si les autorités britanniques précisent ne pas être en mesure de vérifier ces chiffres et la méthodologie utilisée par l’armée ukrainienne, elles ajoutent que « la tendance illustrée par ces chiffres est probablement juste ».

PHOTO LIBKOS, ASSOCIATED PRESS

Char ukrainien près de la ligne de front à Bakhmout

« L’augmentation des pertes russes est probablement due à une série de facteurs, notamment le manque de personnel formé, de coordination et de ressources sur le front », explique le ministère de la Défense du Royaume-Uni dans une série de tweets publiés dimanche.

Le chef du groupe Wagner bombe le torse

Dimanche, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a déclaré que le groupe s’était emparé d’une colonie près de la ville dévastée de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine.

« Aujourd’hui, la colonie de Krasna Hora a été prise par des détachements d’assaut du PMC Wagner », a déclaré sur Telegram Evgueni Prigojine, selon ce qu’a rapporté la chaîne britannique BBC.

PHOTO FOURNIE PAR LE GROUPE WAGNER

Des membres du groupe Wagner qui se seraient pris en photo à l’entrée de la colonie de Krasna Hora

Ce dernier a également attribué à son groupe le mérite de l’offensive sur Bakhmout, tout en minimisant le rôle de l’armée russe. « Dans un rayon de 50 kilomètres, plus ou moins, il n’y a que des combattants de Wagner », a-t-il écrit.

Cette déclaration fait allusion à des tensions récentes entre l’armée russe et le groupe Wagner. Lors de la prise de la ville de Soledar en janvier, Evgueni Prigojine avait affirmé que ses combattants avaient le contrôle total de la situation et que seules ses troupes avaient pris part à l’opération, ce que le ministère russe de la Défense a contesté.

Le Donbass sous contrôle russe dans deux ans ?

Le président russe, Vladimir Poutine, aurait ordonné plus tôt ce mois-ci à ses troupes de prendre le contrôle de l’entièreté du Donbass d’ici mars, un objectif qui pourrait être atteint, mais dans un délai beaucoup plus long, toujours selon Evgueni Prigojine.

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Ukrainienne circulant à vélo dans la ville de Tchassiv Yar

Ce dernier estime que le contrôle du Donbass par les Russes pourrait être atteint d’ici deux ans. « Au final, j’en déduis que nous devons protéger les régions que nous contrôlons en ce moment », a-t-il souligné en entrevue avec un blogueur russe dont le contenu a été rapporté par l’agence Reuters.

Vladimir Poutine et Evgueni Prigojine ont également discuté de l’avenir des régions ukrainiennes annexées par Moscou, comme celles de Kherson ou Zaporijjia. « Si on souhaite se rendre au Dniepr [un fleuve qui traverse l’Ukraine], ça pourrait prendre plus de trois ans », aurait-il également expliqué.

L’offensive russe se poursuit dans l’est

Pendant ce temps, les forces russes ont continué à bombarder des villes ukrainiennes au cours du week-end, dans le cadre d’une poussée de plus en plus forte pour s’emparer de plus de terres dans l’est du pays.

Selon des responsables ukrainiens, Moscou éprouve toutefois des difficultés à lancer l’offensive à grande échelle tant attendue dans cette région.

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Des résidants de Komyshuvakha nettoient les lieux d’un bombardement russe, vendredi

Une personne a été tuée et une autre blessée dimanche matin lors du bombardement de Nikopol, ville du sud-est de la région de Dnipropetrovsk, selon des informations rapportées par l’Associated Press. Les bombardements ont endommagé quatre bâtiments résidentiels, une école professionnelle et une installation de traitement des eaux.

Au total, les forces russes ont mené 12 frappes de missiles et 32 frappes aériennes en Ukraine en 24 heures, ainsi que plus de 90 tirs d’obus à partir de lance-roquettes multiples, a indiqué l’état-major ukrainien dans sa mise à jour quotidienne.

Avec la BBC, Reuters et l’Associated Press