(Washington) Chef incontesté des républicains au Sénat, vétéran de la politique américaine et défenseur ardent de l’aide à l’Ukraine, Mitch McConnell a créé la surprise mercredi en annonçant qu’il quitterait ses fonctions en novembre.

« Je me tiens devant vous aujourd’hui […] pour vous dire que ce mandat sera mon dernier en tant que chef de file des républicains », a déclaré l’élu de 82 ans lors d’un discours au Congrès.

Cette allocution surprise a été accueillie par des ovations debout d’élus des deux bords dans l’hémicycle de la chambre haute.

Mitch McConnell n’a toutefois pas dit s’il quitterait son poste de sénateur du Kentucky, qu’il occupe depuis 1985.

Chef des républicains au Sénat depuis 2015, ce fin connaisseur des arcanes du pouvoir s’est trouvé à ce titre en première ligne du combat contre les politiques de l’administration du président démocrate Barack Obama (2009-2017), mais aussi pour soutenir Donald Trump, arrivé au pouvoir en janvier 2017.

Avec ses costumes passés de mode, cet homme à la fine monture métallique a toujours cultivé une image austère, voire rustique qui n’a d’égale que sa réputation de stratège politique.

Il a durant des années revendiqué avec gourmandise le surnom de « Fossoyeur », habitué à enterrer les espoirs de ses adversaires démocrates. Au sein de la chambre haute du Congrès, il a ainsi œuvré d’arrache-pied à la nomination de juges de la Cour suprême, qui ont annulé en 2022 la garantie constitutionnelle du droit à l’avortement, au grand désespoir des progressistes américains.

Aide à l’Ukraine

« Durant mes années au Sénat, Mitch McConnell et moi-même avons rarement été d’accord sur nos politiques », a déclaré mercredi le chef démocrate Chuck Schumer. « Mais je suis fier que nous nous soyons retrouvés ces dernières années pour faire progresser le Sénat à des moments critiques », a-t-il salué, évoquant entre autres l’assaut du Capitole, la lutte contre la COVID-19, et la guerre en Ukraine.

Au cours des dernières années, Mitch McConnell, patient négociateur de l’ombre, s’est en effet illustré comme étant l’un des plus grands défenseurs de l’aide américaine à Kyiv, plaidant sans relâche pour l’envoi de nouveaux fonds à ce pays envahi par la Russie.  

Dans ce combat, Mitch McConnell, qui incarne une aile traditionnelle, plutôt va-t-en-guerre du Parti républicain, a dû composer avec l’arrivée au Congrès de lieutenants de Donald Trump, épousant des positions de plus en plus isolationnistes.

Cette mue radicale a été flagrante au cours des dernières semaines, avec le blocage d’une enveloppe de 60 milliards de dollars à l’Ukraine, en guerre avec la Russie depuis février 2022, et les menaces de l’ancien président proférées vis-à-vis d’alliés de l’OTAN – autant de rebondissements très critiqués par Mitch McConnell.

« Confiance »

Le sénateur, qui a loué l’héritage de Ronald Reagan lors de son discours mercredi, a entretenu des relations très ambivalentes avec Donald Trump, qui couvre régulièrement Mitch McConnell de messages rageurs.

Sous la présidence démocrate de Joe Biden, un homme qu’il a côtoyé durant des années au Sénat, Mitch McConnell a aussi travaillé au passage de plusieurs grands projets soutenus par les deux partis, notamment sur les infrastructures.

Joe Biden a assuré mardi que les deux dirigeants avaient « confiance l’un en l’autre » et s’est dit « navré » d’apprendre son départ.

Depuis quelques mois, des inquiétudes avaient été soulevées sur l’état de santé du leader républicain, victime à l’été de deux longs moments d’absence en un mois.

En mars, le sénateur octogénaire avait été hospitalisé après une chute lors d’un dîner privé, qui lui avait valu une commotion cérébrale, une côte cassée et près de six semaines d’arrêt.

L’épisode avait immédiatement ravivé les critiques contre le vieillissement de la classe politique américaine, parfois qualifiée de gérontocratie.

Malgré cela, Mitch McConnell avait catégoriquement refusé de démissionner.

La présidentielle de novembre verra s’affronter, sauf surprise, Joe Biden, 81 ans, et Donald Trump, 77 ans.