D’abord le mégaphone sur un piquet de grève, et maintenant un t-shirt du syndicat de l’automobile : Joe Biden s’est de nouveau efforcé jeudi de gagner les faveurs de l’électorat ouvrier, dont une large part est séduite par son rival Donald Trump.

Le président américain, candidat à un second mandat, s’est rendu dans l’Illinois pour célébrer des accords salariaux historiques conclus dans l’industrie automobile, et la réouverture d’une usine que le géant Stellantis avait fermée en mars 2023.

Avant son discours, il a tombé la veste et enfilé par-dessus sa chemise le t-shirt rouge vif que lui tendait un membre de l’UAW, le puissant syndicat américain de l’automobile.

« Ça vous va bien ! », a lancé un homme dans l’assistance, composée en très grande partie d’adhérents de l’organisation.

« J’ai déjà beaucoup porté ce t-shirt. Je suis engagé aux côtés de l’UAW depuis bien avant votre naissance ! », a rétorqué le démocrate de 80 ans, très applaudi.

Joe Biden, dans un discours combatif, a commencé par saluer la victoire « emblématique » remportée par l’UAW.

« Bonne mémoire »

Après six semaines d’une grève historique contre les trois géants de l’automobile américains (Ford, General Motors, Stellantis), le syndicat a arraché de nettes revalorisations salariales.

Le démocrate avait manifesté son soutien en allant sur un piquet de grève, du jamais vu pour un président américain, tandis que, le même jour, son prédécesseur républicain Donald Trump, qui lui aussi se présente comme le premier allié des ouvriers, faisait un discours dans une usine automobile non syndiquée.

Ce que Joe Biden ne s’est pas privé de rappeler jeudi, en lançant : « J’espère que vous avez une bonne mémoire ! » L’UAW n’a pas jusqu’ici appelé à voter pour lui, ce que le syndicat avait fait en 2020.

« Quand mon prédécesseur était en fonction, dix usines ont fermé dans le pays, des dizaines de milliers d’emplois ont été perdus, et en plus de ça, il était prêt à voir l’avenir des véhicules électriques en Chine. Il disait que si l’Amérique investissait dans les véhicules électriques, cela ferait baisser les salaires et cela détruirait des emplois », a encore dit le président américain.

« Vous lui avez donné tort », a affirmé Joe Biden, qui a engagé un gigantesque plan de transition énergétique, avec de généreuses subventions pour la production de voitures électriques aux États-Unis.

Wall Street

« Je ne regarde pas l’économie avec les yeux de Wall Street ou de Park Avenue [prestigieuse avenue de New York]. Je la regarde avec les yeux des gens avec qui j’ai grandi à Scranton, Pennsylvanie, et Claymont, Delaware », des villes ouvrières de la côte Est, a encore lancé le démocrate, qui se présente comme le champion des classes moyennes et populaires.

« Les ouvriers américains sont prêts à travailler plus dur que n’importe qui s’ils sont traités et payés correctement », a-t-il dit.

Le vote ouvrier, et en particulier le vote des électeurs blancs des classes populaires, pourrait être crucial lors de la présidentielle de novembre 2024 qui, sauf surprise majeure, devrait opposer Joe Biden à Donald Trump, grand favori pour l’investiture républicaine.

Depuis le milieu des années 1960, l’électorat populaire blanc vote majoritairement pour les républicains. Il avait joué un rôle déterminant pour porter Donald Trump au pouvoir en 2016.

En 2020, Joe Biden avait toutefois fait mieux auprès de ces électeurs qu’Hillary Clinton en 2016, en captant 33 % de leurs voix, toutefois loin derrière les 65 % de son rival, selon le Pew Research Center.

Tout l’enjeu pour lui sera de maintenir cet écart, voire de le réduire un peu, en particulier dans des États clés tels que le Michigan, berceau de l’industrie automobile américaine.