(Washington) La Chine espère voir ses relations avec les États-Unis se remettre sur un « droit chemin » grâce à la rencontre entre les chefs de la diplomatie américain Antony Blinken et chinois Wang Yi en fin de semaine à Washington, qui pourrait préfigurer une visite du président Xi Jinping aux États-Unis d’ici la fin de l’année.

La visite de Wang Yi à Washington, prévue de jeudi à samedi, intervient dans le sillage des multiples contacts ces derniers mois entre Américains et Chinois qui s’évertuent à « gérer de façon responsable » les tensions entre les deux grandes puissances rivales.

Le rapprochement sino-russe, la guerre en Ukraine et, surtout, celle entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas devraient s’imposer dans les discussions, au moment où la communauté internationale s’inquiète d’un embrasement du conflit.

La Chine a vivement déploré à cet égard la décision des États-Unis de bloquer la semaine dernière une résolution de l’ONU qui appelait à une « pause humanitaire » entre le Hamas et Israël.  

Pour Washington, la rencontre avec Wang Yi sera l’occasion d’inciter Pékin à avoir « une approche plus constructive » dans ces deux conflits et au-delà, a indiqué un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat.

De son côté, Pékin a confirmé mardi les dates de la visite et exprimé le souhait que celle-ci permette aux relations entre les deux pays de reprendre « le droit chemin ».

M. Wang procédera à des « échanges de vues approfondis avec les dirigeants américains sur les relations entre la Chine et les États-Unis et sur les questions internationales et régionales d’intérêt commun », a ajouté Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse.

Le diplomate de haut rang « exprimera les principes et les positions de la Chine et ses préoccupations légitimes concernant les relations entre la Chine et les États-Unis, » a-t-il encore affirmé.

Pékin espère que Washington travaillera avec la Chine pour « renforcer la communication et le dialogue, accroître la coopération et gérer les différences, et remettre par des efforts conjoints, les relations entre la Chine et les États-Unis sur le droit chemin d’un développement sain et stable », a ajouté la porte-parole.

Influence

Les sujets de friction sont nombreux. De Taïwan, que Pékin revendique comme faisant partie de son territoire, aux activités de la Chine en mer de Chine méridionale, comme en témoigne le dernier incident en date d’une collision entre navires chinois et philippins que Washington a vivement déplorée.

La Chine s’est aussi rapprochée de la Russie de Vladimir Poutine et elle s’efforce d’étendre son influence dans le monde y compris au Moyen-Orient.

Il s’agit de « poursuivre nos efforts visant à maintenir des canaux de communication ouverts » avec Pékin et à « gérer notre compétition de façon responsable », a déclaré à des journalistes un autre haut responsable américain en annonçant la visite.

Aucun détail n’a été livré sur son programme précis ni quant à savoir si Wang Yi serait reçu par le président américain Joe Biden.

Lors de sa visite à Pékin en juin dernier, Antony Blinken avait lui été reçu par le président chinois.

La visite pourrait en tout cas servir à préparer celle de Xi Jinping aux États-Unis, possiblement en marge du prochain sommet des pays de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique) à San Francisco à la mi-novembre.

Joe Biden a exprimé à plusieurs reprises son « espoir » d’une prochaine rencontre avant la fin de l’année, alors que leur dernier entretien en tête-à-tête remonte au sommet du G20 à Bali, en novembre 2022.

« Endiguement »

Les relations entre Pékin et Washington sont émaillées de tensions comme lors du survol par un ballon chinois du territoire américain en début d’année.

En juin, Joe Biden avait froissé Pékin en affirmant que Xi Jinping appartenait à la catégorie des « dictateurs ».

Les États-Unis mettent en avant le renforcement de leurs alliances en Asie, que Pékin considère n’être autre qu’une volonté « d’endiguement » et d’« encerclement » de la Chine.

Ces derniers mois, les États-Unis ont reçu à Washington pour une visite d’État le premier ministre indien Narendra Modi, tenu un sommet trilatéral à Camp David avec les dirigeants japonais et sud-coréens, et renforcé des alliances de défense avec les Philippines et des îles du Pacifique.

Le président Biden a également effectué une visite historique au Vietnam et recevra en grande pompe ce mercredi à la Maison-Blanche le premier ministre australien Anthony Albanese.

Le président américain, affirmant que l’Amérique est un « phare » des aspirations démocratiques dans le monde, réclame en outre au Congrès 7,4 milliards supplémentaires pour tenir tête à la Chine, sur le plan militaire et économique.