Le président des États-Unis, Joe Biden, demandera formellement ce vendredi au Congrès américain une aide financière « sans précédent » pour Israël et pour l’Ukraine, afin de contrer les régimes voulant selon lui « anéantir » la démocratie, comme le Hamas et le régime russe de Vladimir Poutine.

« C’est un investissement intelligent qui rapportera des dividendes pour la sécurité des États-Unis pendant des générations, aidera les troupes américaines à se mettre hors de danger et nous aidera à construire un monde plus sûr et plus prospère pour nos enfants et nos petits-enfants », a fait valoir M. Biden, lors d’une adresse à la nation qui était diffusée à travers le monde, jeudi en milieu de soirée.

Le président n’a pas précisé à combien serait évaluée sa demande financière, mais selon une source proche des discussions dont les propos ont été rapportés par l’AFP, la Maison-Blanche voudrait réclamer au Congrès une énorme enveloppe de 100 milliards de dollars pour l’Ukraine, Israël, voire Taïwan ou encore la crise migratoire à la frontière avec le Mexique.

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Joe Biden, lors de son adresse à la nation jeudi soir

Selon le démocrate, l’engagement que prendrait ainsi le Congrès serait « sans précédent pour la sécurité d’Israël, à laquelle nous nous engageons ».

« Nous allons faire en sorte que tous les acteurs hostiles de la région sachent qu’Israël est plus fort que jamais et empêcher que ce conflit ne s’étende », a promis le président, en disant clairement craindre que si la guerre se poursuit, « ces conflits et ce chaos pourraient se propager dans d’autres parties du monde ».

« Boucliers humains »

Durant son discours d’une dizaine de minutes, M. Biden a fait un lien clair entre le régime de Vladimir Poutine et le Hamas, qui « représentent des menaces différentes », mais qui « veulent tous les deux anéantir une démocratie voisine », a martelé l’élu de 80 ans.

Son discours intervient au lendemain de son voyage en Israël, où il a fortement réitéré son appui à ce pays dans sa lutte contre le Hamas, en plaidant toutefois aussi pour davantage d’aide humanitaire aux quelque 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza.

« Le Hamas ne représente pas le peuple palestinien », a d’ailleurs persisté le président dans son allocution, accusant plutôt le mouvement islamiste de se servir des civils palestiniens comme « boucliers humains » en plein conflit.

Quand les dictateurs ne paient pas pour leurs actes, ils provoquent davantage de chaos, de morts et de destruction.

Joe Biden, président des États-Unis

S’attaquant une fois de plus à répétition à « l’appétit de Poutine pour le contrôle », Joe Biden a réitéré que le soutien militaire des États-Unis est nécessaire en Ukraine, sans quoi le président russe « ne se limitera pas seulement à l’Ukraine ».

Une stratégie de consensus

En liant la défense d’Israël à celle de l’Ukraine, le président Biden espère concrètement qu’il réussira à trouver le consensus qui lui fait jusqu’ici défaut au Congrès pour financer une assistance militaire supplémentaire à Kyiv. Il espère autrement dit que la combinaison de toutes ces questions en un seul texte législatif créera la coalition politique nécessaire pour qu’un consensus suffisant se dégage.

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Le Capitole des États-Unis, à Washington

C’est aussi l’occasion pour le démocrate de dresser un contraste avec un parti républicain mis sens dessus dessous par certains élus dévoués à Donald Trump que Joe Biden pourrait bien à nouveau affronter à la présidentielle de novembre 2024.

La Maison-Blanche a précisé jeudi soir que M. Biden s’était entretenu avant son discours avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour souligner que les États-Unis restaient déterminés à soutenir Kyiv tant qu’il le faudra.

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Volodymyr Zelensky et Joe Biden, le 21 septembre dernier

Si les adversaires républicains de Joe Biden sont pour certains hésitants sur l’aide militaire à l’Ukraine, ils sont toutefois les premiers à réclamer un appui massif à Israël, une posture musclée sur l’immigration et une attitude ferme face à la Chine. Le président américain sait aussi et surtout que le temps est compté : si le Congrès n’arrive pas à voter un budget annuel, les États-Unis vont droit à la paralysie budgétaire, le « shutdown », le 17 novembre prochain.

En lever de rideau, vers la fin de son discours, le démocrate a par ailleurs dénoncé les propos « antisémites » ou « islamophobes » qui se tiennent en ligne et dans les rues depuis le début du conflit dans la bande de Gaza. « Je vous vois, vous êtes chez vous. Vous êtes tous Américains », a-t-il lancé aux Américains issus des communautés tant juives que musulmanes et arabes.

« Nous ne pouvons pas laisser des politiques colériques nous empêcher d’assumer nos responsabilités en tant que nation. Je refuse que cela se produise. Nous devons nous rappeler qui nous sommes. Nous sommes les États-Unis d’Amérique, et rien ne dépasse nos capacités si nous le faisons ensemble », a dit le président, insistant sur la nécessité de « ne pas renoncer à la paix et à une solution à deux États » dans le Proche-Orient.

Avec l’Agence France-Presse