(Crystal River) Miriam Butler observe, résignée, une rue inondée de Crystal River, dans le nord-ouest de la Floride. À 82 ans, elle est fatiguée et n’a pas encore eu la force d’aller constater les dégâts causés par l’ouragan Idalia à son petit commerce de jardinage.

« Je sais que l’eau est passée à l’intérieur et a tout détruit », déplore cette Hondurienne, qui vit dans l’État depuis plus de trente ans. « Je suis une vieille dame, j’ai travaillé tellement dur et ces tempêtes sont vraiment frustrantes. »

En Floride, elles sont aussi fréquentes. L’État, frappé par le dévastateur ouragan Ian en septembre 2022, est régulièrement sur la route de ces tempêtes.

Au milieu de la rue, une voiture abandonnée a été engloutie par les flots. Dans certains quartiers de cette petite ville côtière, l’onde de tempête provoquée par Idalia a atteint 2,7 mètres de hauteur.  

PHOTO HILARY SWIFT, THE NEW YORK TIMES

Un divan baigne dans l’eau déversée par l’ouragan Idalia à Crystal River.

Ici, le vent n’a causé que peu de dégâts, contrairement à l’endroit où Idalia a touché terre, quelque 170 km plus au nord. Les toits sont intacts et les saules pleureurs, pins et palmiers qui bordent les rues sont encore debout.

Le risque est venu de l’eau, omniprésente dans cette localité au bord d’une rivière et non loin du golfe du Mexique.  

Jeudi matin, plusieurs rues sont encore inondées quand les habitants commencent à revenir chez eux.

Michael Curry, qui possède une entreprise de toiture, s’active déjà pour réparer les dégâts avec un seul objectif : rouvrir lundi.

PHOTO REBECCA BLACKWELL, ASSOCIATED PRESS

La ville floridienne de Perry a aussi été grandement affectée par le passage de l’ouragan.

Avant l’ouragan, il avait entassé des sacs de sable et posé du ruban adhésif sur les portes et les fenêtres. Mais la force de la tempête a eu raison de ces protections, et 60 cm d’eau sont entrés dans son commerce.

Ses employés et lui sont donc contraints de retirer la moquette et de se préparer à tout remplacer pour éviter les moisissures-jusqu’au prochain ouragan.

« On est sortis d’affaire pour cette fois, mais dans une semaine ou un mois, on se préparera peut-être à affronter la même chose, ça fait partie de la vie ici », explique cet homme de 43 ans.

« Paradis »

En Floride, les habitants ont l’impression d’avoir échappé au pire. Mais les dégâts sont indéniables : les réparations coûteront 12 à 20 milliards de dollars selon l’agence Moody’s. Cela reste bien moins que l’ouragan Ian, qui avait causé plus de 100 milliards de dollars de dommages en 2022.

PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Tout près de Crystal River, près d’un estuaire connu pour être un refuge de lamantins, Bob Bieniek parcourt sa maison de deux étages, pour estimer ce qui devra être réparé.

L’agent immobilier de 66 ans est, comme beaucoup de ses voisins, habitué aux inondations, mais il ne s’attendait pas à subir autant de dégâts cette fois-ci.

Chez lui, l’eau est montée à plus de deux mètres, cassant un meuble de cuisine. Les flots se sont retirés, laissant les murs plein d’humidité.

Bob Bieniek prend cela avec philosophie. Malgré la menace des ouragans, il n’imagine pas aller vivre ailleurs car séduit par Crystal River.

« Je vais prendre ma retraite ici. On achètera une maison plus haute, ou on construira sur pilotis », dit-il. « C’est comme ça, la vie au paradis. »