(Chicago) La vague de chaleur qui a frappé une grande partie du sud et du sud-ouest des États-Unis s’étend maintenant au Midwest, entraînant des températures dépassant les 37 °C, des conditions dangereuses pour des millions de personnes et des appels des autorités locales et des États à éviter les activités en plein air.

La chaleur et l’humidité extrêmes pourraient répandre la misère dans toute la région pendant plusieurs jours, ont prévenu les météorologues, tout en avertissant qu’il y avait des risques de tornade en Indiana et au Michigan. Dans des villes comme St. Louis, Kansas City et Wichita (Kansas), les températures pourraient être supérieures de 6 à 12 °C à la normale, et l’indice de chaleur, qui tient compte à la fois de la température et de l’humidité, atteindra 37.

PHOTO CHASE CASTOR, THE NEW YORK TIMES

Un travailleur sur une nacelle tente de se protéger de la chaleur à l’aide d’un pare-soleil improvisé, à Kansas City, mardi.

Ces températures caniculaires sont arrivées juste au moment où une autre menace pour la santé a fait son apparition : la fumée des incendies de forêt au Canada, qui a à nouveau vicié l’air de certaines régions du Midwest.

Double choc

À Detroit, les autorités sanitaires ont encouragé les habitants à se rendre dans les bibliothèques et les centres de loisirs pour éviter le double choc de la chaleur et de la mauvaise qualité de l’air.

Selon Christina Floyd, responsable par intérim de la santé publique à Detroit, les habitants du centre des États-Unis n’ont pas l’habitude de devoir composer à la fois avec une chaleur et une humidité galopantes et avec l’air enfumé des incendies de forêt.

« Ce n’est pas normal dans cette région », a déclaré Mme Floyd.

La norme en été, c’est la chaleur et l’humidité. Mais si l’on ajoute les particules dans l’air, on obtient une situation unique. La plupart des gens ne sont tout simplement pas équipés pour vivre dans ce type d’environnement.

Christina Floyd, responsable par intérim de la santé publique à Detroit

Selon les scientifiques, la planète s’est réchauffée d’environ 2 degrés Fahrenheit (plus de 1 °C) depuis le XIXe siècle et continuera à se réchauffer tant que les humains ne cesseront pas de brûler du pétrole, du gaz et du charbon. Les températures plus élevées contribuent aux phénomènes météorologiques extrêmes et rendent les périodes de chaleur extrême plus fréquentes, plus longues et plus intenses.

À Detroit, Mme Floyd s’est dite particulièrement préoccupée par les personnes âgées et les enfants souffrant d’asthme, d’hypertension artérielle ou de toute autre affection respiratoire.

La vague de chaleur a frappé de plein fouet certaines régions du Kansas et du Missouri, où l’on s’attendait à ce que les températures atteignent 37 °C mercredi.

Le capitaine Ray Mattas, porte-parole de la police d’Emporia, dans l’est du Kansas, a déclaré que le hall d’entrée de la police était ouvert à toute personne souhaitant se rafraîchir pendant une heure ou deux. Les animaux domestiques sont également les bienvenus.

À Emporia, mardi, l’indice de chaleur donnait l’impression que l’air atteignait 40. Une situation pratiquement identique s’est répétée mercredi.

Peu de répit était attendu dans certaines parties du Kansas, même au milieu de la nuit cette semaine, selon les autorités, les températures basses restant dans les 26 °C.

« Cela peut être très grave », a déclaré Brandon Drake, météorologue au Service météorologique national de Topeka (Kansas). « Le stress sur votre corps augmente si vous ne vous éloignez jamais de la chaleur, si vous n’avez pas d’air conditionné. On a toujours chaud, même pendant la nuit. »

Le bétail menacé

Selon les prévisionnistes, les fortes chaleurs et l’humidité se maintiendront tout au long de la semaine, mais se déplaceront très probablement vers le nord-est et le centre du littoral atlantique d’ici le week-end. Les températures pourraient atteindre les 32 °C sur la côte Est vendredi.

Dans certains États du Midwest, même la hauteur de la culture du maïs peut exacerber l’inconfort des habitants, car les plantes hautes et matures de la fin juillet libèrent un excès d’humidité dans l’air par un processus appelé évapotranspiration ou, plus familièrement, « sueur de maïs ».

Ces conditions constituent également une menace pour le bétail et les animaux domestiques.

Au cours de la vague de chaleur de l’été dernier, des milliers de bovins du Kansas sont morts à cause des températures élevées, ce qui a donné lieu à des scènes macabres de carcasses alignées au bord des champs.

A. J. Tarpoff, vétérinaire et professeur associé à l’Université d’État du Kansas, a déclaré que les agriculteurs étaient bien mieux préparés à faire face aux menaces liées à la chaleur cet été que l’année dernière. Ils disposent même d’un nouvel outil conçu par les chercheurs pour les aider à surveiller le confort des animaux, à l’aide des prévisions météorologiques et d’autres données.

Depuis des semaines, les fermiers sont prêts à mettre en place des stratégies pour aider les animaux à survivre à la chaleur, par exemple en utilisant des réservoirs d’eau plus grands dans les champs et en déplaçant les animaux dans un autre endroit si nécessaire. Selon M. Tarpoff, il est également opportun de nourrir les animaux pendant les soirées un peu plus fraîches, car ils produisent de la chaleur lorsqu’ils digèrent la nourriture.

« L’année dernière, il s’agissait d’un évènement très précis qui représentait le pire des scénarios », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas le cas cette année. »

Lisez l’article original du New York Times (en anglais, abonnement requis)