(Washington) Joe Biden a créé mardi un mémorial en l’honneur d’Emmett Till, un adolescent noir victime d’un assassinat raciste en 1955, devenu figure posthume du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

« Nous devrions tout savoir de notre pays […] le bon, le mauvais et la vérité – qui nous sommes en tant que nation », a déclaré le président américain lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche organisée en présence de membres de la famille d’Emmett Till et du dernier témoin encore en vie de son enlèvement.

Le mémorial, créé par proclamation et doté d’un statut de parc national, rendra hommage à cet adolescent noir enlevé en 1955 alors qu’il avait 14 ans, torturé et tué dans l’État ségrégationniste du Mississippi, ainsi qu’à sa mère, Mamie Till-Mobley, qui était devenue une militante au sein du mouvement des droits civiques.

Wheeler Parker, un pasteur désormais octogénaire, qui était le cousin et le meilleur ami de l’adolescent et l’a vu être emporté avant d’être assassiné, était présent lors de la cérémonie.

Au côté de Joe Biden, M. Parker a souligné combien les États-Unis avaient changé, depuis cette « nuit de terreur », pour qu’il en vienne à prendre la parole devant le président américain.

Vandalisme

Cet acte symbolique de Joe Biden intervient dans le cadre de la lutte contre un racisme résurgent, avait précisé lundi l’exécutif américain. Ignorer l’extrémisme, qui « se cache », ne le fera pas disparaître, a souligné le président.

Originaire de Chicago, Emmett Till rendait visite à des membres de sa famille dans cet État du Sud américain lorsqu’il avait été accusé d’avoir sifflé une femme blanche. Il avait ensuite été enlevé et son cadavre mutilé avait été retrouvé 72 heures plus tard dans une rivière.

Trois lieux historiques dans l’Illinois – où se trouve Chicago, dans le nord des États-Unis – et le Mississippi forment désormais le mémorial. Parmi eux, l’église de Chicago où Mamie Till-Mobley avait insisté pour que le cercueil de son fils reste ouvert, afin que la foule immense puisse contempler le visage défiguré d’Emmett Till.

Des panneaux commémorant le meurtre brutal et installés sur les lieux ont été vandalisés à plusieurs reprises au cours des années.

Histoire

La proclamation de Joe Biden intervient alors que le gouverneur de Floride Ron DeSantis, candidat à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2024, est accusé de vouloir minimiser certains aspects racistes de l’histoire des États-Unis dans les manuels scolaires de son État, au nom d’un combat contre les valeurs « woke » de la gauche.

La semaine dernière, il a notamment déclaré que l’esclavage avait bénéficié, sur certains aspects, aux esclaves eux-même.

« C’est blessant et cela ne permet pas d’avoir un récit honnête de l’histoire de notre pays », a répondu la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, qualifiant ces propos d’« erronés ».

Elle a affirmé que le mémorial à la mémoire d’Emmett Till fait partie de « l’histoire plus large de l’oppression des Américains noirs, de leur survie ».

« Face aux efforts réalisés pour effacer ou réécrire l’histoire afro-américaine, notamment en Floride, il est essentiel de s’assurer que les histoires comme celles d’Emmett Till soient racontées et non oubliées. L’histoire des Américains noirs est l’histoire de l’Amérique », a réagi mardi l’élu démocrate Hakeem Jeffries.