(Washington) Les États-Unis ont annoncé vendredi avoir parachevé la destruction de leurs dernières armes chimiques, un tournant majeur à l’échelle mondiale impliquant que plus aucune de ces armes létales déclarées ne subsiste officiellement dans les arsenaux étatiques.

Tous les stocks déclarés ont été « irréversiblement détruits », a indiqué l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans la foulée de l’annonce de la Maison-Blanche. Plusieurs pays, dont la Corée du Nord ou l’Égypte, demeurent cependant en dehors de la Convention de 1997 régissant la question.

« Depuis plus de 30 ans, les États-Unis s’efforcent sans relâche d’éliminer leurs stocks d’armes chimiques. Aujourd’hui je suis fier d’annoncer que les États-Unis ont détruit de manière sécurisée la dernière munition de cette réserve – nous rapprochant un peu plus d’un monde débarrassé des horreurs des armes chimiques », a déclaré Joe Biden dans un communiqué.

« La fin de la destruction de tous les stocks d’armes chimiques déclarés est une étape importante », a souligné Fernando Arias, directeur-général de l’OIAC, dans un communiqué.

Les autres signataires de la Convention de 1997 sur l’interdiction des armes chimiques avaient déjà éliminé leurs réserves, avait annoncé en mai Fernando Arias.

Seuls les États-Unis devaient terminer de détruire leurs stocks, avait-il indiqué, précisant que plus de « 70 000 tonnes des poisons les plus dangereux du monde » ont été détruits sous la supervision de son organisation.

Gaz moutarde, sarin, VX

La dernière roquette M55 dotée de sarin, un agent innervant, a été détruite vendredi au dépôt « Blue Grass » de l’armée américaine, dans le Kentucky (centre-est des États-Unis), a annoncé le Pentagone dans un communiqué séparé.

Pendant des décennies, les États-Unis ont maintenu des réserves de munitions d’artillerie et de roquettes contenant du gaz moutarde, ou des agents neurotoxiques ou innervants comme le sarin et le VX.

L’usage de telles armes a été largement décrié après que leurs effets horribles furent exposés à la face du monde dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.

Mais nombre de pays ont conservé et développé encore davantage leurs programmes d’armes chimiques dans les années qui ont suivi.

Selon les termes de la Convention de 1997, les États-Unis avaient jusqu’au 30 septembre pour détruire toutes leurs munitions et agents chimiques.

« Davantage de défis »

Devançant l’annonce de Joe Biden, le ténor républicain au Sénat Mitch McConnell avait indiqué vendredi que le dépôt « Blue Grass » avait récemment terminé d’éliminer quelque 500 tonnes d’agents chimiques létaux après une mission de quatre ans.

« Bien que l’utilisation de ces armes létales représentera à jamais une tache indélébile dans l’Histoire, notre nation a finalement tenu sa promesse de se débarrasser de ce fléau », a déclaré dans un communiqué le sénateur, ajoutant que « les armes chimiques sont responsables de certains des épisodes les plus horribles en matière de pertes humaines ».

Dans son communiqué, le président Joe Biden a également encouragé la poignée de pays encore en dehors de la Convention de 1997 à la signer, afin que « l’interdiction mondiale des armes chimiques atteigne son plein potentiel ».

« La Russie et la Syrie doivent de nouveau se conformer à la Convention et reconnaître leurs programmes non déclarés, qui ont été utilisés pour commettre des atrocités et des attaques éhontées », a également lancé le président américain.

Et pour le directeur-général de l’OIAC, « davantage de défis nous attendent ».

Avec l’Angola, la Corée du Nord, l’Égypte, et le Soudan du Sud, « quatre pays doivent encore joindre la Convention », a souligné Fernando Arias dans un communiqué de l’OIAC vendredi.

En outre, « les armes chimiques usagées et abandonnées doivent encore être récupérées et détruites », a-t-il ajouté.