(Saint-Louis) Les pluies abondantes de l’hiver ont atténué la sécheresse dans l’Ouest des États-Unis, mais le centre du pays est aujourd’hui extraordinairement sec. Les cultures sont menacées, les cours d’eau sont à sec et les villes et villages espèrent anxieusement une accalmie.

Selon les experts, la sécheresse dans le centre des États-Unis est la pire depuis au moins 2012 et, dans certaines régions, on la compare à la sécheresse de 1988 qui avait dévasté les cultures de maïs, de blé et de soja. Cette année, bien que les températures aient été généralement douces au printemps et au début de l’été, les précipitations ont cruellement manqué.

Le U. S. Drought Monitor, géré par le gouvernement fédéral et le National Drought Mitigation Center de l’Université du Nebraska à Lincoln, indique que près de la moitié du Kansas se trouve dans une situation de sécheresse extrême ou exceptionnelle, soit la plus haute catégorie de sécheresse. Plus d’un quart du Nebraska est en situation de sécheresse extrême et 13 % en situation de sécheresse exceptionnelle. Le Minnesota, l’Iowa, le Wisconsin, le Michigan, l’Indiana, le Missouri et le Kentucky sont touchés par des conditions arides.

La fréquence et l’intensité des sécheresses augmentent en raison de l’utilisation de combustibles fossiles et d’autres activités humaines qui libèrent des gaz à effet de serre, selon les données d’une paire de satellites utilisés pour mesurer les changements dans le stockage de l’eau sur Terre. L’étude a été publiée en mars dans la revue Nature Water.

Adam Hartman, un météorologue au Centre de prévision du climat de l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère, a déclaré que certaines régions du centre des États-Unis connaissaient une sécheresse extrême depuis l’hiver. Dans d’autres États, des « sécheresses soudaines » sont apparues au cours des deux ou trois derniers mois.

« En conséquence, on observe des pertes drastiques d’humidité de la couche arable et du sous-sol, a dit M. Hartman. Le niveau des nappes phréatiques commence également à baisser. Le débit des cours d’eau a commencé à diminuer. »

Les cultures en subissent les conséquences. Le département américain de l’Agriculture estime que la moitié seulement de la récolte de maïs est bonne ou excellente, ce qui représente le pourcentage le plus bas depuis 1988. Près des deux tiers des régions productrices de maïs sont en proie à la sécheresse.

« Cela nous indique que ces cultures sont soumises à un stress généralisé dans toute la région de la Corn Belt », a expliqué Krista Swanson, une économiste de l’Association nationale des producteurs de maïs.

Si les pluies n’arrivent pas rapidement, Mme Swanson pense que le rendement total pourrait être inférieur d’environ 1 milliard de boisseaux à la projection initiale de 16,7 milliards de boisseaux.

Cela ne se traduira pas nécessairement par une augmentation des coûts pour les consommateurs, car une grande partie du maïs est utilisée pour l’alimentation animale, l’éthanol ou est exportée, a déclaré Mme Swanson. Le véritable impact se fait sentir sur les agriculteurs.

« Leur coût à l’hectare est le même, quelle que soit leur production, a rappelé Mme Swanson. En ces années de baisse de la production, c’est un défi pour les agriculteurs. »

Les niveaux d’eau des rivières baissent. Le niveau du Mississippi ― en particulier du sud de l’Illinois vers le sud-est extrêmement bas en de nombreux endroits. Ce n’est qu’à l’automne dernier que le fleuve a atteint ou frôlé le niveau record d’étiage en plusieurs endroits, avant de rebondir au printemps à des niveaux de crue, avant la dernière baisse alimentée par la sécheresse.

Les agriculteurs ne perdent pas espoir. Selon Mme Swanson, le phénomène météorologique El Niño qui s’est installé signifie généralement plus de pluie et de meilleures conditions de croissance dans le centre des États-Unis.

« Nous pourrions bénéficier de conditions météorologiques plus favorables au cours des deux prochains mois, ce qui pourrait avoir un impact positif », a-t-elle déclaré.

Mais même avec El Niño, Mme Hartman a noté que les perspectives saisonnières pour les mois d’été prévoient des précipitations inférieures à la normale.

« Cette sécheresse pourrait perdurer un peu », a-t-elle prévenu.